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Un espoir contre la pré-éclampsie
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Environ 50 000 femmes meurent chaque année des suites d’une pré-éclampsie. En France, selon l’Inserm, cette pathologie continue d’être la seconde cause de décès maternel. Hypertension artérielle, présence importante de protéines dans les urines, anomalie de la coagulation dans le placenta, anomalies cardiovasculaires, retard de croissance fœtale en sont les symptômes les plus courants. Environ 2 à 8 % des femmes enceintes dans le monde, 1,5 % en moyenne en France contre 8 à 9 % en Amérique du Nord et 10 % en Afrique subsaharienne, souffrent de ce dysfonctionnement du placenta pendant la grossesse.
Ce trouble provoque aussi des effets à long terme sur les mères, plusieurs années après la grossesse, au niveau cardiovasculaire, rénal, cérébral et hépatique. Laurent Chatre et ses collègues, de l’Institut Pasteur, du CNRS et de l’Inserm, viennent d’identifier une nouvelle thérapie qui pourrait changer la donne, alors que les seuls traitements actuellement disponibles sont la prise préventive d’aspirine chez les femmes à risque et des antihypertenseurs en cas de pré-éclampsie déclenchée. « Comprendre la pré-éclampsie est difficile, il ne s’agit pas d’une maladie mais de plusieurs qui présentent les mêmes signes cliniques avec des causes multiples », rappelle Daniel Vaiman, qui a coordonné ces recherches. « Les prédispositions génétiques jouent un rôle important mais ce risque se cumule avec des facteurs environnementaux ». De fait, un âge tardif lors de la grossesse, le diabète et l’obésité, tout comme un syndrome dépressif anténatal, augmentent le risque de souffrir d’une pré-éclampsie.
Pourquoi le placenta chez certaines femmes est-il dysfonctionnel ? Probablement pour des raisons immunologiques. « Tout pourrait partir d’une inadéquation immunitaire entre la mère et le placenta. Celui-ci est alors insuffisant pour assurer, à partir du deuxième trimestre de grossesse, un environnement vasculaire adéquat pour le fœtus, conditionnant l’apport en oxygène et en nutriments », explique Daniel Vaiman. Les cellules du placenta, les trophoblastes, ont dans ce cas un métabolisme altéré. Elles produisent en excès des dérivés réactifs de l’oxygène et de l’azote – des molécules instables qui de proche en proche oxydent leurs voisines, les rendant instables à leur tour.
Des formes génétiques de la maladie ont été décrites, dans lesquelles on observe la surexpression d’une protéine, STOX1, qui contrôle l’expression de nombreux gènes, dont ceux intervenant dans la production de monoxyde d’azote (NO). En temps normal, ce gaz présent dans le sang a un effet vasodilatateur nécessaire pour le bon fonctionnement du système vasculaire. Mais il peut aussi être détourné pour la synthèse de dérivés réactifs de l’azote.
C’est ce qui se produit dans la pré-éclampsie : le monoxyde d’azote n’assure plus son rôle physiologique dans le réseau vasculaire placentaire, mais participe au déclenchement d’un cercle vicieux de stress oxydant et nitrosant (lié à l’azote) incontrôlable, qui se propage aux cellules des vaisseaux sanguins maternels, entraînant la cascade de symptômes et la défaillance de nombreux organes. « Tout l’enjeu est donc de restaurer la production physiologique de monoxyde d’azote dans le placenta et d’empêcher l’implication néfaste de sa voie métabolique dans des processus oxydants », pointe Daniel Vaiman.
C’est ce que son équipe a réalisé à l’aide d’un composé nommé BH4, qui agit par couplage avec des enzymes de synthèse du monoxyde d’azote. Elle a pour cela utilisé un modèle cellulaire de trophoblastes surexprimant STOX1 et des modèles murins de la maladie, l’un qui reproduit une pré-éclampsie précoce par la surexpression transgénique de STOX1 dans le placenta, l’autre qui mime une pré-éclampsie tardive par une procédure chirurgicale. Le traitement par le BH4 rétablit la production de monoxyde d’azote dans les cellules en culture et une physiologie placentaire fonctionnelle dans les deux modèles animaux, ce qui permet d’y restaurer le poids fœtal.
Dans le modèle précoce, il corrige l’hypertension artérielle maternelle, l’excès de protéine dans les urines et les anomalies cardiovasculaires. « Nous avons de bonnes raisons de penser que ce traitement sera aussi efficace chez les animaux pour prévenir les effets à long terme de la pré-éclampsie, même si d’autres expériences vont devoir le confirmer », espère Daniel Vaiman. Point intéressant, ce traitement offre des perspectives dans d’autres pathologies, telles que la maladie d’Alzheimer ou les accidents vasculaires cérébraux, dans lesquelles le stress oxydant est aussi en cause.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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