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Epilepsie : une piste thérapeutique
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L'épilepsie est une maladie neurologique très fréquente qui affecte 1 à 2% de la population mondiale. Il existe de nombreux types d'épilepsies qui peuvent impliquer des régions du cerveau très différentes. L'épilepsie du lobe temporal est la forme la plus fréquentechez l'adulte. Dans cette manifestation, les neurones atteints se trouvent dans le lobe temporal du cerveau,enparticulier dans une petite région qui joue un rôle clé dans la mémoire : l'hippocampe. Les médicaments sont souvent inefficaces contre cette forme d'épilepsie, qui ne peut alors être traitée que par chirurgie. Les causes de l'épilepsie ne sont actuellement pas connues. Il a été démontré dans le cas de l'épilepsie du lobe temporal que d'une part le phénomène d'excitation des neurones est augmenté, et d'autre part les signaux d'inhibition sont diminués. Christophe Bernard a testé une hypothèse complémentaire selon laquelle le mode de fonctionnement des neurones de l'hippocampe serait modifié dans le cas de l'épilepsie du lobe temporal, ce qui rendrait les neurones plus excitables. Pour étudier les éventuelles modifications de fonctionnement des neurones dans l'épilepsie, Christophe Bernard a passé deux années aux Etats-Unis dans l'un des deux seuls laboratoires au monde capable de réaliser des mesures de propagation du courant au niveau des dendrites. A partir d'un modèle de rats présentant des crises d'épilepsie de manière chronique, le chercheur de l'Inserm a étudié les canaux des dendrites. Dans le tissu épileptique, il montre une perte chronique du contrôle du potentiel d'action par les canaux potassium. Cela s'explique par une diminution du nombre de canaux potassium dans les dendrites. Il observe également que les neurones produisent une série de molécules qui vont se fixer sur les canaux restant, les rendant moins performants et entraînant une plus grande excitabilité du tissu épileptique. Le phénomène observé ici démontre pour la première fois que le dysfonctionnement des canaux dans les dendrites peut être acquis au cours de la maladie. Jusqu'à aujourd'hui, ces canalopathies (ou maladies des canaux) étaient connues comme des maladies génétiques rares liées à des mutations des canaux. Ces dysfonctionnements étaient uniquement considérés comme innés. Christophe Bernard apporte la preuve que les canalopathies peuvent être acquises. De plus, lorsque les neurones sont traités avec du U0126, une drogue à large spectre qui empêche ces molécules de se fixer sur les canaux potassium, leur fonctionnement se rétablit : la propagation du signal et l'excitabilité des neurones redeviennent presque normales. Ces résultats ouvrent donc une voie thérapeutique dans l'épilepsie du lobe temporal. En effet, il est envisageable de développer un médicament qui aurait la même cible finale que le U0126, mais qui pourrait agir de manière spécifique sur les canaux K+ des neurones. Ces travaux ouvriront probablement de nouvelles voies de recherche. En effet, les canalopathies acquises pourraient aussi participer aux dysfonctionnements observés dans d'autres maladies du système nerveux (maladie d'Alzheimer, maladie de Parkinson ...).
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- Publié dans : Neurosciences & Sciences cognitives
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