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Epilepsie et troubles cognitifs : une cause commune

Une équipe de l’Inserm vient de comprendre pourquoi certains patients atteints d’épilepsie du lobe temporal présentent des troubles cognitifs. La maladie entraîne la dégénérescence de quelques neurones dans cette région de l’hippocampe. Il s’ensuit une réorganisation des connexions entre les neurones, brouillant les messages transmis au cerveau. L’équipe a identifié une protéine impliquée dans ces perturbations qui se présente comme une cible thérapeutique intéressante pour traiter cette forme d’épilepsie et les troubles cognitifs associés.

  • L’épilepsie du lobe temporal, forme grave et fréquente

L'épilepsie affecte 1 à 2 % de la population. Elle se manifeste par des crises de natures variées (pertes de connaissance brusques, troubles du comportement, difficultés à s’exprimer troubles de la vision, mouvements anormaux, etc) liées à une hyperactivité anormale du cerveau. Les symptômes dépendent de la région du cerveau touchée par la maladie. Il n’y a donc pas une épilepsie mais des épilepsies. Parmi elles, l'épilepsie du lobe temporal est la forme la plus grave et la plus résistante aux traitements. Elle représente environ 30 % des cas chez l’adulte et peut se développer assez tardivement chez l’adolescent ou le jeune adulte suite à un choc traumatique ou encore une infection. En plus des crises, les patients souffrent parfois d’altérations cognitives qui peuvent être extrêmement invalidantes au quotidien. Afin de comprendre l’origine de ces troubles, l'équipe de Valérie Crépel (unité Inserm 901, INMED, Aix-Marseille Université) a étudié un modèle animal qui reproduit l’épilepsie humaine.

  • Remodelage aberrant des connexions inter neuronales

Le premier modèle animal de ce type d’épilepsie a été créé dans les années 80 par le même laboratoire. Il a déjà permis de montrer que les crises s’accompagnent de la dégénérescence de quelques neurones et que cela induit la réorganisation aberrante des réseaux neuronaux, notamment dans le gyrus denté. Située dans l'hippocampe, cette zone joue un rôle essentiel dans la mémoire spatiale et l’apprentissage. « La conséquence fonctionnelle de ces changements et une hyperexcitabilité neuronale et l’apparition de décharges qui favorisent les activités épileptiques », explique Valérie Crépel.

  • Des messages neuronaux brouillés

Les chercheurs ont donc essayé de comprendre les mécanismes conduisant aux troubles cognitifs observés chez certains patients atteints d’épilepsie temporale. En observant les activités électriques des cellules neuronales du gyrus denté des animaux modèles, ils ont constaté qu’elles émettaient des signaux aberrants pendant les crises mais également en dehors des crises. « Le patron de l'activité neuronale est très fortement perturbé. La réorganisation du réseau neuronal dans cette zone brouille le codage de l’information et la nature des messages par rapport à un cerveau sein », clarifie Valérie Crépel. En fait, un sous type de récepteur glutamatergique présent à la surface de ces cellules serait la cause de ces problèmes. « La réorganisation aberrante entraîne l’expression tout aussi aberrante de ce récepteur », précise Valérie Crépel. En inhibant ce récepteur chez l’animal, les chercheurs ont réussi à rétablir des fonctions nerveuses normales.

Coup double donc pour ces travaux ; ils ont permis de comprendre les mécanismes impliqués dans les troubles cognitifs et d’identifier une cible thérapeutique potentielle.

INSERM

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