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Des éoliennes au large de Fos ?

Provence Grand Large, le premier parc éolien flottant de Méditerranée pourrait voir le jour d'ici à la fin 2016.

C'est une étrange machine bâtie comme un immense étendoir à linge le long d'un mât interminable. Posé sur quatre flotteurs en béton armé, l'engin occupe dans l'espace le même volume qu'un stade de foot suspendu à la verticale. Pour y sécher la pelouse après un violent orage ? Non, pour produire de l'électricité avec le vent qui souffle en mer. Car ce monstre d'acier, qui n'existe actuellement qu'à l'état de maquette, est une éolienne dernier cri imaginée par Nénuphar, une start-up du Nord créée par deux ingénieurs de chez Alstom.

Associée à Technip, qui a conçu les flotteurs, et à EDF Énergies Nouvelles, qui en serait l'opérateur, la petite entreprise ambitionne d'installer une douzaine de ces machines à une vingtaine de kilomètres au large de la zone portuaire de Fos-sur-Mer. Une fois en place, ce champ éolien serait en théorie capable de produire assez d'électricité pour couvrir les besoins d'une ville d'environ 20.000 habitants. Rien n'est encore fermement décidé, mais ce projet ultra-novateur pourrait voir le jour d'ici à la fin 2016, si aucun obstacle ne vient lui barrer la route.

Soutenu par le Pôle Mer Paca, Provence Grand Large -c'est son nom- devrait être présenté aux élus locaux et à la population du golfe de Fos dans les toutes prochaines semaines. Son principal atout, c'est de contourner l'obstacle qui a tué dans l'oeuf tous les projets éoliens offshore imaginés ces dernières années au large de nos côtes : la profondeur du plancher méditerranéen, qui dépasse aisément les 50 m à moins de 5 km des plages. Or, c'est à 50 m que les experts estiment la limite actuelle pour construire une éolienne offshore sur fondations dans des conditions économiquement viables.

Au-delà, la seule solution, c'est un support flottant fixé sur le fond par des lignes d'amarrage, comme un bateau à l'ancre. Une dizaine d'entreprises dans le monde travaillent actuellement sur des projets de même nature, afin d'étendre les possibilités d'implantation de fermes éoliennes en mer. Mais seul Provence Grand Large s'appuie sur une technologie à axe vertical, l'immense majorité des éoliennes installées ou en cours d'installation étant de technologie classique, avec pales et rotor à axe horizontal. L'intérêt, c'est un moindre encombrement - 50 m de diamètre pour l'engin de Nénuphar contre 130 m pour les grandes éoliennes offshore actuellement en service - pour une puissance nominale inférieure d'un tiers.

Pour l'heure, le trio Nénuphar-Technip-EDF Énergies Nouvelles n'en est pas encore là. Dans un premier temps, c'est un site d'essais, à la fois à terre et en mer, que les ingénieurs recherchent pour valider leur technologie et vérifier la faisabilité technique d'un champ d'éoliennes flottant à plus de 20 kilomètres des côtes, sur des fonds immergés à près de 100m sous la surface. Deux zones ont été identifiées, à Salin-de-Giraud (pour le prototype terrestre) et à 5 kilomètres des plages de Port-Saint-Louis- du-Rhône (pour le prototype flottant), mais les demandes d'autorisations déposées auprès des autorités civile et de la zone aérienne de défense sont encore à l'instruction et nul ne sait quand, ni dans quel sens, elles seront tranchées.

Si tout se passe comme prévu, les essais à terre pourraient débuter au 2e trimestre 2012, pour une validation avant la fin du printemps 2013. Dans la foulée, la mise en place du prototype flottant pourrait débuter, afin de d'entamer la phase d'essais en mer -qui s'étalerait sur deux années pleines- avant l'été 2014. La construction du projet pilote, Provence Grand Large, pourrait ainsi être lancée dans le courant de l'été 2015, pour une mise en service début 2017. Un calendrier qui devra être tenu si la France souhaite enfin tenir ses promesses en produisant un peu de son électricité avec le vent marin.

La Provence

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