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Une enzyme pour transformer le sang de tous les groupes sanguins en sang de donneur universel

On le sait, les stocks de sang sont régulièrement en tension, voire en pénurie, ce qui ne pas sans poser de graves problèmes pour les établissements de soin. Certains individus sont tout particulièrement demandés et en premier lieu ceux dont le groupe sanguin est O- : ils ont en effet le statut de "donneurs universels", c'est-à-dire que leur sang peut convenir à n'importe quel receveur. Le problème, c'est que cette catégorie ne représente qu'environ 6 % de la population et que les personnes AB+, seules «receveuses universelles», ne sont quant à elles que 3 %. Mais cela pourrait bientôt être la fin du casse-tête pour les établissements chargés de collecter et redistribuer le sang. Des chercheurs scandinaves sont en train de s'approcher très sérieusement d'une solution permettant de rendre n'importe quel sang universel. Fruit d'une collaboration entre l'université technique du Danemark (DTU) et l'université de Lund (sud de la Suède), leur travail a permis de mettre en lumière le rôle potentiellement salvateur d'enzymes présentes dans nos muqueuses.

Produites par des bactéries intestinales, celles-ci auraient un effet incroyable sur le sang, qu'elles débarrasseraient non seulement de ses antigènes A et B, mais aussi de variants plus méconnus, dont la présence peut poser problème dans le cadre de certaines transfusions. La catégorisation en huit groupes sanguins (AB, O, A et B, chacun étant accompagné d'un rhésus positif ou négatif), qui date d'il y a environ 120 ans, est en effet légèrement désuète, même si elle continue à être employée. À ce jour, on dénombre en réalité quarante-cinq groupes sanguins différents, faisant intervenir 362 antigènes des globules rouges, qui sont déterminés par cinquante gènes.

La bactérie sur laquelle les chercheurs se sont focalisés se nomme «Akkermansia muciniphila», un composant de la muqueuse intestinale humaine. Celle-ci est friande de mucines, des protéines entrant dans la composition de nombreux mucus, qu'elle décompose à l'aide d'enzymes afin de produire du carbone, de l'azote et de l'énergie. C'est en réalisant que des antigènes de groupe sanguin se trouvaient également dans cette même muqueuse intestinale, que les scientifiques ont eu l'idée de tenter de faire le lien.

« Nous nous approchons de la possibilité de produire un sang universel à partir de celui des donneurs du groupe B, mais il reste encore du travail pour convertir le sang du groupe A, qui est plus complexe », résume Maher Abou Hachem, coauteur de l'étude et professeur au sein du département de biotechnologie et de biomédecine de la DTU danoise. La prochaine étape ? « Déterminer en détail s'il y a des obstacles additionnels et comment nous pouvons améliorer nos enzymes de façon à atteindre l'objectif ultime : la production de sang universel », complète le spécialiste.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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