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Drépanocytose : une thérapie génique efficace chez un premier patient

Un jeune garçon atteint d'une forme sévère d'anémie chronique héréditaire, la drépanocytose, a été traité avec succès par thérapie génique. C'est le premier patient au monde à avoir bénéficié de ce traitement novateur. Le patient a été traité par thérapie génique à l'âge de 13 ans en octobre 2014 à l'hôpital Necker-Enfants malades et à l'Institut Imagine à Paris par l'équipe dirigée par le Professeur Marina Cavazzana (AP-HP/Inserm/université Paris Descartes).

La thérapie, conduite en collaboration avec le Professeur Philippe Leboulch (CEA France et Université de Harvard), qui a mis au point le vecteur transporteur et le gène correcteur, a permis la rémission complète des signes de la maladie persistant près de deux ans et demi après. Les premiers résultats 15 mois après la greffe, publiés dans le New England Journal of Medicine, "confirment l'efficacité de cette thérapie d'avenir", selon les auteurs. "Il va bien, il n'a plus besoin de transfusion mensuelle, de médicaments anti-douleurs, ni d'hospitalisation", dit Mme Cavazzana.

Cette maladie du sang est liée à une anomalie de l'hémoglobine des globules rouges qui transporte l'oxygène. L'anomalie, une mutation dans le gène de la béta-globine entraîne une déformation des globules rouges en forme de faucille ou de croissant. Ils peuvent obstruer les petits vaisseaux sanguins.

La maladie chez ceux qui ont hérité des deux copies du gène muté (une du père, une de la mère) entraîne une anémie et des crises douloureuses ainsi que des lésions de nombreux organes, tels le coeur, les reins, les os et même le cerveau (AVC) ainsi qu'une grande sensibilité aux infections et une surcharge en fer. Pour sa part, le jeune patient à la suite d'une ostéonécrose, une destruction osseuse provoquée par des caillots des petits vaisseaux, a eu une pose de prothèse de hanche bilatérale.

La drépanocytose touche plus de cinq millions de personnes. Elle est particulièrement fréquente dans les populations d'origine africaine, antillaise mais touche aussi celles d'origine indienne. Il naît plus de 200 bébés atteints par la drépanocytose chaque année en France où l'on dénombre plus de 16.000 patients, en majorité en Ile-de-France.

La thérapie génique est une alternative pour les malades qui ne peuvent pas bénéficier d'une greffe de moelle osseuse faute de donneur compatible dans la fratrie. La première phase du traitement a consisté à prélever des cellules souches sanguines, à l'origine des cellules sanguines (globules rouges et blancs, plaquettes) dans la moelle osseuse du patient.

Ces cellules souches sont ensuite "corrigées" en laboratoire par insertion du gène-médicament à l'aide d'un vecteur viral, déjà mis au point pour traiter une autre forme d'anémie grave, la béta-thalassémie. Le vecteur viral dérivé du VIH rendu inoffensif et porteur du gène correcteur est désormais fourni à grande échelle par la société américaine bluebird bio sous le nom de LentiGlobin.

Avant de réinjecter les cellules corrigées, la moelle osseuse est traitée par le médicament busulfan pour éliminer les cellules souches anormales, non traitées. Les cellules corrigées ont été ensuite réinjectées au patient. Après la greffe, il est resté un mois à l'hôpital. Le patient a repris la fréquentation régulière de l'école et signale une pleine participation aux activités physiques normales.

Depuis le premier patient atteint de thalassémie traité par thérapie génique en France il y a dix ans, il y a eu des progrès techniques avec notamment un vecteur hautement purifié, indique le Professeur Leboulch. "La production de la protéine thérapeutique provenant du vecteur est remarquablement élevée, son niveau est deux fois supérieur à celui qui aurait suffit pour être thérapeutique", dit-il.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

NEJM

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