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La diminution des cancers du sein aux États-Unis serait liée à la baisse des traitements de la ménopause
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Pour la première fois depuis des décennies, le nombre de nouveaux cas de cancer du sein est en baisse aux États-Unis. Lors du 29e congrès consacré au cancer du sein à San Antonio, au Texas, des chercheurs du centre de lutte contre le cancer Anderson de Dallas ont présenté des chiffres montrant une baisse de 7 % du nombre de nouveaux cas entre 2002 et 2003. Une étude menée en Californie et publiée le 20 novembre confirme cette tendance pour 2003 et montre qu'elle s'est poursuivie en 2004.
Pour la France, aucun chiffre permettant de connaître l'évolution récente n'est disponible. Les seules données nationales datent de 2000. Les auteurs des recherches aux États-Unis estiment que la chute depuis 2002 du nombre de femmes prenant un traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) pourrait expliquer cette décrue, même si d'autres hypothèses peuvent être envisagées.
Depuis une trentaine d'années, partout dans le monde occidental, le nombre de cancers du sein est en augmentation linéaire, pour aboutir désormais à un taux incroyablement élevé : une femme sur 8 au cours de sa vie en sera affectée en moyenne en France. L'annonce, pour la première fois, d'une baisse des cancers du sein aux États-Unis est donc un événement majeur, qui mérite d'être analysé, d'autant que les causes de l'augmentation observée jusqu'à présent ne sont pas univoques, même si l'on sait que l'âge trop tardif de la première grossesse, l'absence d'allaitement, la contraception orale, les traitements hormonaux de la ménopause, l'obésité... sont des facteurs de risque.
Les données présentées à San Antonio, mettent en évidence une chute globale pour les États-Unis du nombre de cancer du sein entre 2002 et 2003 de 7 % ; en valeur absolue, il y aurait eu 14 000 cancers du sein en moins en 2003 par rapport à l'année précédente. De surcroît, si l'on considère seulement les tumeurs ayant des récepteurs positifs aux oestrogènes - ceux qui sont particulièrement sensibles au THS -, la baisse est alors de 12 %.
Pour Peter Radvin, chercheur au département de Biostatistiques du centre Anderson, c'est la plus importante chute d'incidence du cancer du sein jamais observée. « Il s'est passé quelque chose d'important en 2003 et il semble qu'il s'agisse de la réduction de prescription des traitements hormonaux. Les données disponibles ne permettent pas de l'affirmer, mais seulement de le supposer », a-t-il expliqué lors de la présentation de ces résultats. En 2002, à la suite de la publication de l'étude américaine WHI qui confirmait que le traitement hormonal substitutif de la ménopause (oestrogènes et progestatifs) augmentait le risque de cancer du sein, plus de 50 % des femmes américaines sous hormones ont arrêté le traitement.
L'analyse publiée en novembre dernier dans le Journal of Clinical Oncology propose des résultats encore plus spectaculaires. Elle porte sur le nombre de tumeurs mammaires entre 1994 et 2003 chez les femmes de 50 à 74 ans du centre de soins et d'assurance (Kaiser Permanent) de la région nord de la Californie. Ce centre dispose aussi d'une base de données informatisées concernant les médicaments traitant les cancers du sein... Les chercheurs se sont également penchés sur une « population témoin » en examinant les données sur le registre global des cancers de Californie.
« Les résultats montrent que le taux de cancer du sein a diminué de 10 % entre 2001 et 2003, parmi les femmes assurées par la Kaiser et de 11 % si l'on se réfère aux données des registres des cancers de Californie. De surcroît, en 2004, le taux de cancers du sein est encore plus bas dans le registre de Californie qu'en 2003 », exposent les auteurs, de l'Université de Stanford (Californie), qui eux aussi associent cette baisse à celle du nombre de femmes prenant un traitement hormonal qui a chuté de 68 % en Californie après la publication de l'étude WHI.
Dans tous les pays occidentaux, le recours au THS a diminué après l'étude WHI, mais les États-Unis (où le taux de cancer du sein était le plus élevé au monde) sont les premiers à mettre en évidence une telle évolution.
En France, le pourcentage de femmes prenant un THS a aussi régressé. « Je ne vois pas ce qui aurait pu entraîner une telle décrue, à part la chute de l'usage du THS aux États-Unis, explique le professeur Dominique Costagliola (Inserm), coauteur d'un rapport en France sur ce sujet. Nous avons calculé pour la France que, chaque année, entre 3 et 6 % des cancers du sein étaient attribuables au THS. La baisse observée aux États-Unis (7 à 11 %) plus élevée pourrait s'expliquer par le fait que les hormones utilisées outre-Atlantique sont différentes de celles prescrites en France. »
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- Publié dans : Médecine
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