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Deux nouvelles techniques pour diagnostiquer plus efficacement le cancer de la prostate
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Deux articles sont parus récemment, mettant en avant les progrès réalisés indépendamment par deux équipes de chercheurs de l'Université de Californie, Los Angeles, dans le diagnostic du cancer de la prostate. Les chercheurs du Jonsson Comprehensive Cancer Center (centre d'étude sur le cancer de UCLA) ont en effet mis au point un test permettant de diagnostiquer avec plus de précision les patients à risque de développer un cancer de la prostate. En parallèle, quatre départements de UCLA ont joint leur expertise pour mettre au point une nouvelle méthode d'imagerie de la prostate, permettant de guider la prise d'échantillons dans le cadre de biopsies.
La détection rapide et la caractérisation du type de cancer de la prostate développé permettent d'ailleurs, dans certains cas, de mettre en place des programmes de traitement doux et d'éviter des opérations très lourdes et invasives, telles que l'ablation chirurgicale de la prostate. Certains types de cancer, à développement très lent, ne constituent en effet pas un risque pour la santé et ne nécessitent aucun traitement.
A l'heure actuelle, le diagnostic se déroule en deux temps : un test sanguin appelé "test PSA" (Prostate-Specific Antigen) permet de mesurer la concentration d'une protéine spécifique dans le sang. Cette protéine (PSA) est produite spécifiquement par les cellules de la prostate et permet donc de détecter un fonctionnement anormal de cette glande. Cependant, ce test est peu spécifique et ne permet généralement pas de faire la différence entre un cancer de la prostate et d'autres maladies ou développements liés à l'âge, tels que l'hypertrophie bénigne de la prostate ou la prostatite.
Chez les personnes présentant une concentration anormale de PSA, il est donc nécessaire d'opérer un deuxième diagnostic. La détection, par les techniques d'imagerie standard, de cancer au sein de la prostate est rendue difficile par sa structure particulière. Cette glande est en effet de taille réduite et constituée de tissus inhomogènes et assez denses, des caractéristiques qui rendent difficile la distinction entre les tissus sains et les tumeurs.
Par conséquent, la caractérisation de cette maladie se fait principalement par biopsie, c'est-à-dire par prise d'échantillon dans le tissu vivant. A l'heure actuelle, cette opération n'a peu ou pas évolué dans son déroulement depuis 1980, et passe par la prise systématique d'échantillon dans douze zones de la prostate. Cette approche systématique est rendue nécessaire par le peu d'information disponible avant l'opération et présente de nombreux désavantages : multiplication des opérations invasives (ponction), allongement de l'opération et multiplication des échantillons à tester. Le développement de nouvelles techniques d'imagerie permettrait cependant d'améliorer la précision de la biopsie et de restreindre son utilisation aux zones de la prostate jugées "à risque".
La première innovation concerne la "mise à jour" du test PSA, utilisé tel quel depuis environ 30 ans. Le développement des techniques d'analyse a permis aux chercheurs du Jonsson Comprehensive Cancer Center d'affiner le test PSA sans augmenter significativement sa durée, sa complexité et son coût. Le "test A+PSA" mesure non seulement la concentration de PSA dans le sang mais également celle de 6 anticorps dirigés spécifiquement contre 6 antigènes caractéristiques du cancer de la prostate : NY-ESO-1, SSX-2, SSX-4, XAGE-lb, AMACR p90 et LEDGF.
Contrairement à PSA, ces 6 antigènes sont présents chez les personnes atteintes d'un cancer de la prostate mais pas chez celles atteintes de maladies bénignes et permettent donc de différencier les deux populations de patients plus efficacement. Les chercheurs ont mis leur test à l'épreuve sur 131 patients américains, japonais et français ayant été diagnostiqués (par biopsie) d'un cancer de la prostate et 121 patients atteints d'une maladie bénigne de la prostate. Le test A+PSA a permis d'identifier correctement 79 % des patients atteints de cancer et 84 % des patients souffrant d'une maladie différente. Ces chiffres présentent une amélioration notable par rapport aux 52 % et 79 % (respectivement) identifiés correctement par le test PSA.
C'est dans le but d'améliorer les techniques d'imagerie de la prostate que les départements de radiologie, urologie, pathologie et ingénierie biomédicale de UCLA se sont associés à une compagnie de développement d'équipement médicale, Eigen Incorporated. La technique qu'ils ont développée et testée, entre 2009 et 2010, sur 218 hommes âgés de 18 à 87 ans, combine deux techniques d'imagerie : l'Imagerie à Résonance Magnétique (IRM) et l'imagerie par ultrasons en temps réel.
La procédure commence avec l'utilisation de l'IRM, qui fournit des images de la prostate permettant d'observer trois types de signaux d'alarme : présence de contrastes anormaux dans les tissus, densité cellulaire anormale et flux sanguins inhabituels. Ces trois paramètres permettent de définir les zones de la prostate jugées "à risque" et qui feront donc l'objet d'une biopsie. Les données issues de l'IRM sont ensuite compilées et intégrées à un logiciel informatique développé à UCLA, permettant de créer un modèle en trois dimensions de la prostate du patient, intégrant les zones jugées "à risque". Ce modèle est ensuite couplé à un système automatisé de biopsie, appelé "Artemis" et commercialisé depuis 2008 par Eigen Incorporated, qui utilise l'imagerie par ultrasons pour guider en temps réel l'insertion des aiguilles de ponction vers les zones d'intérêt.
Sur les 218 personnes testées au cours de l'expérience, 47 ont été identifiées comme des sujets à risque de développement de cancer de la prostate ou comme atteints d'un cancer de la prostate peu agressif et ne présentant pas de risque pour leur santé. Ces 47 personnes ont été examinées grâce à la nouvelle technique (MRI-ultrasons) et les 171 autres ont subi une biopsie utilisant uniquement le système Artemis. Les résultats obtenus montrent que la probabilité de détecter un cancer de la prostate en utilisant la technique MRI-ultrasons était cinq fois plus élevée que dans le cas où seule l'imagerie par ultrasons est utilisée. Ces résultats sont très prometteurs mais des tests complémentaires sont nécessaires pour confirmer le bénéfice apporté par l'utilisation de cette technique.
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