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Détecter la maladie de Parkinson avant l'apparition des symptômes

Deuxième maladie neurodégénérative la plus répandue après la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson détruit principalement les neurones du système nerveux central, entraînant ralentissement des mouvements, rigidité musculaire et tremblements au repos. Toutefois, la maladie touche aussi les systèmes nerveux périphériques, conduisant parfois à d'autres types de symptômes : troubles du sommeil, perte de l'odorat, chutes fréquentes, tendance à l'instabilité, constipation chronique.

En analysant des biopsies du côlon de patients atteints de la maladie, Thibaud Lebouvier, Michel Neunlist, Pascal Derkinderen et leurs collaborateurs de l'Unité Inserm 913, de l'Université et du CHU de Nantes, ont montré que chez la majorité d'entre eux, les mêmes lésions observées dans le système nerveux central se retrouvent au niveau des neurones qui sous-tendent les muqueuses de l'intestin.

Dans les neurones atteints par la maladie s'accumule une protéine, l'alpha-synucléine, qui forme des dépôts nommés corps et neurites de Lewy. Dès les années 1980, de tels dépôts avaient été observés dans les neurones intestinaux de patients atteints de troubles digestifs chroniques, et l'hypothèse d'un lien avec la maladie de Parkinson avait été émise.

Mais elle n'avait pas convaincu, faute de preuve directe. Oubliée, elle est exhumée en 2006 par un neuroanatomiste allemand, Heiko Braak. Chez cinq patients atteints de la maladie de Parkinson, il a détecté, post mortem, des neurites de Lewy dans les neurones du côlon, pour certains à un stade précoce de la maladie, avant même que les symptômes moteurs ne soient apparus. Et si le facteur environnemental à l'origine de la maladie s'introduisait dans le corps par l'intermédiaire du système nerveux de l'intestin ?

Le résultat de H. Braak a été beaucoup discuté : ses détracteurs lui reprochent le faible nombre de cas étudiés ; ses partisans rappellent que selon une étude américaine sur 20 ans, les personnes présentant une constipation chronique ont plus de risque de contracter la maladie de Parkinson.

Pour trancher, les biologistes nantais ont mis au point un protocole de biopsie du côlon du vivant du patient, et d'analyse à l'aide d'un marqueur de l'alpha-synucléine. Ils ont ainsi confirmé le résultat de H. Braak : chez 21 des 29 patients parkinsoniens testés, des neurites de Lewy ont été détectées dans les neurones de la biopsie, alors qu'aucun des 10 patients sains utilisés comme contrôle ne présentent ces anomalies. En outre, la densité de neurites de Lewy reflète le degré d'avancement de la maladie.

Les chercheurs nantais doivent à présent reproduire cette étude à grande échelle. Si leurs résultats se confirment, ils proposeront leur protocole pour diagnostiquer la sévérité de la maladie du vivant du patient et adapter son traitement en conséquence, mais aussi pour différencier la maladie de Parkinson d'autres maladies ayant des symptômes similaires. Ils espèrent en outre diagnostiquer la maladie avant l'apparition des symptômes classiques et favoriser ainsi une prise en charge précoce du patient.

Un point reste cependant en suspens : dans l'étude nantaise, la plupart des patients parkinsoniens présentant des neurites de Lewy étaient constipés. Ces troubles digestifs sont-ils dus aux anomalies du système nerveux de l'intestin, responsable de la contraction qui accompagne le transit, ou à l'atteinte du système nerveux central ?

Bien qu'autonome, le système nerveux de l'intestin est en effet connecté au système nerveux central, qui pourrait très bien être la source de son dysfonctionnement. Dans ce cas, l'intestin ne serait que le siège d'un dommage collatéral et non, comme l'envisageait H. Braak, le point d'entrée de la maladie. Des expériences sont effectuées chez l'animal pour tester cette hypothèse.

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