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Dépression : vers une nouvelle classe de médicaments plus efficaces ?

Des chercheurs du laboratoire Neuroscience Paris Seine, en coopération avec une équipe de chimie pharmaceutique à l’Université Paris Descartes, ont développé un candidat-médicament pour traiter de manière plus efficace la dépression. Fréquente et invalidante, la dépression concerne 300 millions de personnes dans le monde et son impact clinique, social et économique est très important.

Cette maladie reste encore mal soignée et les traitements actuels, notamment des inhibiteurs de recapture de la sérotonine (un des principaux transmetteurs du système nerveux central) ont des délais d’action longs et une efficacité variable. Environ 30 % des patients ne répondent pas de manière satisfaisante aux traitements et souffrent de dépression dite "résistante". Mettre au point de nouveaux médicaments plus performants et qui agissent avec des modes d’action différents, constitue donc aujourd’hui un enjeu médical majeur.

Des études récentes ont montré qu’une famille peu connue de protéines présentes dans le cerveau, les transporteurs de cations organiques (OCT), jouait un rôle dans la régulation de l’humeur. « Nous avons donc fait l’hypothèse que ces transporteurs pouvaient être des cibles thérapeutiques », explique Sophie Gautron,  « et en collaboration avec Nicolas Pietranscosta de l’Université Paris Descartes, nous avons utilisé une approche de modélisation 3D in silico, pour développer un nouveau ligand (une molécule qui se lie spécifiquement à une autre) ».

Le composé synthétisé, une prodrogue, a été testé avec succès sur un modèle animal de dépression chronique, dans lequel les souris présentent des anomalies similaires aux symptômes des patients dépressifs : anxiété, troubles cognitifs, aversion sociale ou encore anhédonie, c’est-à-dire la perte du plaisir dans les activités quotidiennes.

Après administration de la prodrogue, les souris ont montré une nette diminution de tous les symptômes, aussi efficacement qu’avec l’antidépresseur de référence, la fluoxétine (Prozac®), et même un effet accéléré à 11 jours sur l’anhédonie. « Nous avons observé que cette molécule agit sur l’activité des neurones dopaminergiques, importante pour les processus de récompense et donc pour l’anhédonie », décrit Sophie Gautron.

Ces premiers résultats apportent la preuve que les transporteurs de cations organiques constituent des cibles thérapeutiques pertinentes pour les troubles de l’humeur. Les équipes de Sophie Gautron et de Nicolas Pietranscosta vont donc poursuivre leurs investigations afin d’optimiser la prodrogue synthétisée dans des études précliniques puis envisager des études cliniques sur l’Homme.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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