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La dépression, facteur de risque à part entière d'infarctus, selon une étude

Chez une femme en apparente bonne santé, une dépression sévère peut être la cause d'un infarctus, selon les résultats d'une nouvelle étude américaine dont les résultats sont publiés dans le dernier numéro du "Journal of the American College of Cardiology". On savait depuis longtemps qu'une dépression est fréquente après un infarctus ou un accident vasculaire cérébral et qu'elle en aggrave les conséquences. Mais c'est la première étude à mettre en lumière la responsabilité à part entière de la dépression dans la survenue d'un infarctus.

Les scientifiques ont suivi 63.000 femmes appartenant à la vaste étude sur la santé des infirmières (Nurses' Health Study), entre 1992 et 2004. Aucune ne présentait de signe de maladie cardiaque lorsque l'étude a démarré, mais près de 8 % présentaient des signes de dépression sévère.

A la surprise des responsables, le nombre d'infarctus était plus important dans le groupe des femmes traitées par antidépresseurs que dans le groupe des femmes déprimées, mais non traitées. Un phénomène que le Dr William Whang, responsable de la recherche, explique par la plus grande sévérité des dépressions traitées par antidépresseurs. Il estime toutefois que ces découvertes méritent une recherche supplémentaire.

Toutefois, les études menées sur les derniers antidépresseurs, les plus utilisés aujourd'hui, n'ont pas révélé de risque supplémentaire de trouble du rythme cardiaque. Certains d'entre eux assuraient même une meilleure protection cardiaque, selon le Dr Redford Williams, de la Duke University, un spécialiste du retentissement sur la santé des facteurs psychosociaux.

Mise à part la question du traitement, le Dr Williams observe que la nouvelle étude ne fait que renforcer l'hypothèse selon laquelle la dépression représente un facteur de risque indépendant de maladie cardiovasculaire, en plus des risques classiques que sont l'hypertension artérielle, le diabète, trop de cholestérol ou encore le tabac. Pour Redford Williams, il est temps de passer à l'étape suivante : une étude qui évaluerait l'influence du traitement de la dépression sur la réduction du risque.

Pourquoi la dépression aurait-elle cet effet ? L'étude souligne que plus les symptômes décrits par les femmes sont sévères, plus le risque de facteurs de maladie cardiovasculaire traditionnels est important. De plus, la dépression a été liée à des manifestations physiques telles qu'une accélération du rythme cardiaque. Autre raison : la dépression peut amener les patients à se négliger. L'Association américaine du coeur (AHA) a ainsi recommandé l'an dernier que toute personne atteinte de maladie cardiaque soit régulièrement dépistée pour dépression, les patients déprimés pouvant abandonner leur traitement, ne plus faire d'exercice et se sous-alimenter.

AP

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