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Découverte d'un lien entre la régulation des graisses dans les cellules et le développement des cancers
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Le comportement invasif des cellules cancéreuses est à l'origine de leur caractère pathogène : en se développant de manière anormale, elles forment des tumeurs nocives à l'organisme dans un ou plusieurs organes, provoquant leur destruction.
Lorsque ces tumeurs peuvent s'étendre à d'autres organes et croissent sans limite, elles sont qualifiées de "malignes". Certaines cellules cancéreuses provoquent des tumeurs malignes tandis que d'autres provoquent des tumeurs dites bénignes, qui ne s'étendent pas d'un organe à un autre. On peut parler d'"agressivité" des cellules cancéreuses. Les cancers sont donc plus ou moins dangereux pour la vie en fonction de l'organe qu'ils touchent mais également de l'agressivité des cellules cancéreuses qui en sont à l'origine.
Une étude menée entre 1982 et 1998 sur 900.000 personnes avait montré en 2003 un lien entre le surpoids et la mortalité causée par les cancers. Cette étude avait permis de confirmer le lien entre surpoids et cancers du sein, de l'utérus, du colon, du rectum, des reins, de l'oesophage et de la vésicule biliaire mais avait également établi un lien similaire pour les cancers du col de l'utérus et des ovaires, la maladie de Kahler, les lymphomes non-hodgkiniens, les cancers du pancréas, du foie et, chez les hommes, de l'estomac et de la prostate. Cette étude montrait qu'un excès de poids pouvait être à l'origine de 14 % des décès liés à des cancers chez l'homme et 20 % chez la femme. Le surpoids était alors considéré à la fois comme un facteur de risque pour le développement de cancers et comme une difficulté pour leur diagnostic et leur traitement.
Une équipe du Scripps Research Institute, situé à San Diego en Californie a publié une étude intitulée "Monoacylglycerol Lipase Regulates a Fatty Acide Network that Promotes Cancer Pathogenesis" dans la revue Cell du 7 Janvier 2010. Cette étude montre que les graisses jouent un rôle beaucoup plus direct sur le développement des cancers. L'équipe de Benjamin Cravatt, chairman du département de chimie physiologique au Scripps Research Institute, a mis en évidence le rôle d'une protéine appelée MAGL (pour "MonoAcylglycerol Lipase") dans le développement des tumeurs malignes.
En comparant des cellules saines et des cellules cancéreuses, l'équipe du Scripps a observé que le taux de MAGL était très supérieur à la normale dans ces dernières. En comparant les conséquences d'une inhibition ou d'une stimulation de l'activité de MAGL, les chercheurs ont montré que la suractivité de cette protéine était non seulement nécessaire mais suffisante pour augmenter l'agressivité des cellules cancéreuses.
Le rôle de MAGL est de libérer les graisses, stockées dans les cellules sous forme de lipides. Ces lipides sont des molécules volumineuses que MAGL découpe en molécules plus petites, appelées acides gras libres, qui sont à l'origine de molécules connues pour favoriser le développement des tumeurs. Les chercheurs ont ainsi montré que certaines cellules cancéreuses étaient capables, par le biais d'une suractivité de MAGL, de produire des quantités très importantes d'acides gras libres nécessaires à leur développement agressif.
Les différentes cellules cancéreuses sont plus ou moins capables de suractiver MAGL, d'où leurs différences d'agressivité. En introduisant des quantités importantes d'acides gras libres dans l'organisme, les régimes riches en graisses, qui sont généralement la cause de l'obésité, permettent aux cellules cancéreuses les moins agressives d'avoir un accès direct à des quantités importantes d'acides gras libres. Ainsi, même les tumeurs initialement bénignes peuvent acquérir un caractère malin beaucoup plus grave pour la santé.
Des expériences sont en cours pour déterminer si des traitements visant à inhiber l'activité de MAGL pourraient permettre d'enrayer la progression du cancer chez les patients.
Cette approche pourrait, si elle est possible, constituer une nouvelle voie de thérapie, présentant des effets secondaires réduits par rapport aux thérapies actuelles. En effet, ces dernières inhibent des processus nécessaires au développement de toutes les cellules et détruisent donc aussi bien des cellules cancéreuses que des cellules saines. En visant MAGL, les chercheurs espèrent pouvoir bloquer uniquement le développement agressif des cellules cancéreuses, sans toucher le développement normal des cellules saines.
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- Publié dans : Médecine
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