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Découverte d'un gène responsable de la goutte

La goutte est connue depuis plus de deux mille ans, mais son origine génétique restait mystérieuse. Pour la première fois, une mutation responsable de la maladie vient d'être identifiée par des chercheurs américains à Baltimore. Elle permet d'expliquer la cause de la goutte, connue depuis le XIXe siècle, à savoir une concentration excessive d'acide urique dans le sang. Ce composé est un déchet du métabolisme qui finit par s'accumuler sous forme de cristaux dans les articulations et les reins, provoquant alors de redoutables douleurs articulaires et des calculs rénaux.

Plusieurs indices indiquaient une origine en partie génétique, notamment le fait que dans près de 20 % des cas la goutte est déjà présente dans la famille, et que des formes précoces peuvent se déclarer au début de la vie adulte. Pour isoler la mutation responsable, les généticiens de la John Hopkins Medical Institution ont utilisé les moyens les plus modernes. Ils ont passé au crible le génome de milliers d'individus pour déceler un lien entre de très petites variations réparties sur leur ADN, appelées SNP (pour Small Nucleotide Polymorphism), et des taux élevés d'acide urique dans leur sang. Cette étude d'association génétique sur génome entier a payé : elle a permis à l'équipe de Baltimore de repérer un gène nommé ABCG2 sur le chromosome 4 portant une variation plus fréquente chez les personnes malades.

Les chercheurs ont ensuite injecté ce gène dans des cellules pour étudier la fonction de la protéine qu'il code. Cette méthode leur a permis de déterminer non seulement que cette protéine est un transporteur de l'acide urique dans le rein mais que la mutation repérée dans le gène fait chuter de moitié son efficacité. «Dans ce travail, souligne Frédéric Lioté, professeur à l'hôpital Lariboisière à Paris, l'élément impressionnant est que la fonction du gène et celle de son variant sont parfaitement démontrées.»

La mutation cause ainsi une diminution de l'excrétion d'acide urique par les reins, symptôme retrouvé dans 90 % des cas de la maladie et qui augmente fortement les risques de la développer. De plus, les auteurs ont découvert que comparé aux populations d'origine européenne, les personnes d'origine asiatique portaient trois fois plus souvent la mutation. Coïncidence troublante quand on sait qu'aux États-Unis elles sont également trois fois plus souvent sujettes à la maladie. D'après leurs calculs, les auteurs estiment que la mutation serait directement responsable d'au moins 10 % des cas de goutte chez les Américains d'origine européenne.

Cette découverte ne devrait pas modifier dans un proche avenir la prise en charge des patients, car il existe déjà des médicaments efficaces pour supprimer les symptômes de la goutte. «Le problème est plutôt dans l'observance des traitements qui doivent être maintenus à vieet qui ont parfois leurs limites quand ils sont peu compatibles avec les autres pathologies présentées par les malades», note le Pr Lioté.

Le traitement efficace consiste à suivre un régime alimentaire adapté. Les mets riches en acides nucléiques, éliminés sous forme d'acide urique, tels que les viandes ou la bière, doivent être évités. Les apports en fructose, un sucre souvent présent dans les sodas qui interfère avec l'excrétion de l'acide urique, doivent également être surveillés.

LF

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