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La cryptographie quantique pourrait être opérationnelle dés 2010

De récentes études suggèrent que la mécanique quantique, dont les lois défient l'intuition, aura des applications dans les prochaines années. Sur la foi de cette étrange physique, deux nouveaux types de cryptage des télécommunications devraient voir le jour d'ici cinq à dix ans. Ses stupéfiantes propriétés avaient conduit Albert Einstein à penser qu'elle ne décrivait pas la réalité physique. La mécanique de l'infiniment petit, dite quantique, est pourtant, aujourd'hui, en passe d'être domestiquée. Deux études, notamment, publiées récemment dans la revue Nature, ouvrent la voie à la mise en oeuvre de formes inédites de cryptage des télécommunications. A l'université de Genève, le groupe de physique appliquée, dirigé par Nicolas Gisin, a ainsi opéré la téléportation d'un photon sur une distance dont l'ordre de grandeur laisse entrevoir des applications industrielles à moyen terme. Il ne s'agit pas de la téléportation du photon lui-même, précise toutefois M. Gisin, "mais de la téléportation de son état quantique". Ce sont donc des informations inhérentes à une particule, comme sa polarisation par exemple, qui ont été téléportées. Pour ce faire, les chercheurs de l'université de Genève ont, en le focalisant sur un cristal non linéaire, scindé un faisceau laser en deux rayons distincts. Le premier rayon a été dirigé dans un laboratoire donné, l'autre a été acheminé, via une fibre optique de 2 kilomètres de longueur, vers un autre laboratoire, distant de 55 mètres du premier. Cette division d'un faisceau laser en deux parties est à l'origine d'une troublante propriété : l'"intrication" des photons. Chaque "grain de lumière" de l'un des deux rayons résultants possède, dans l'autre faisceau, une manière de jumeau avec lequel, précise M. Gisin, "il ne forme, fondamentalement, qu'un seul et même objet physique". Deux particules, une seule entité : c'est le fondement théorique de toute téléportation quantique. Un seul et même objet se trouve simultanément en deux endroits distincts. Il devient alors possible d'agir en un lieu sur l'un des photons intriqués pour voir cette action répercutée sur le photon jumeau, pourtant situé en un autre point de l'espace. Le phénomène, prévient M. Gisin, "est presque magique". "Nous avons fait interagir l'un des deux faisceaux avec un troisième, dont l'état quantique des photons nous était connu", poursuit-il. Cette interaction modifie l'état des photons du premier faisceau. Et ce changement est répercuté à 55 mètres de là. "C'est la première fois que l'influence d'un troisième faisceau, dont l'état est connu par avance, est impliquée dans le processus" , souligne M. Gisin. Il devient donc possible de téléporter une information connue - et non plus aléatoire - d'un point à un autre. Des applications de ce phénomène au cryptage des télécommunications deviennent dès lors envisageables "d'ici cinq à dix ans".

Le Monde :

http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3244--311640-,00.html

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