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Edito : Covid-19 : une prévention active, efficace et peu coûteuse est possible !

La pandémie de Covid-19 qui déferle sur le monde depuis maintenant un an et demi (les premiers patients Covid ont été identifiés, grâce à leurs anticorps à Sienne, en Italie, en octobre 2019) a déjà contaminé 165 millions de personnes et en a tué 3,5 millions, dont plus d’un million en Europe et 110 000 en France. Notre pays fait malheureusement parti des huit états de plus d’un million d’habitants dans le monde qui comptent plus de 100 000 victimes. Il est toutefois important de préciser, pour que cette comparaison morbide ait un sens, que, ramenée au nombre d’habitants, la France se situe, en matière de mortalité, au 24ème rang de ces pays de plus d’un million d’habitants et, au niveau européen, elle se classe au 13ème rang (en termes de décès pour 100 000 habitants), devant l’Allemagne, mais derrière la Grande-Bretagne, l’Italie, l’Espagne et la Pologne.

En moins de six mois, 1,2 milliard de personnes ont déjà été vaccinées contre le Covid-19 dans le monde, soit environ 15 % de la population mondiale, mais les spécialistes estiment qu’il faudrait parvenir à vacciner au moins 70 % des habitants de la planète pour parvenir à l’immunité collective qui provoquerait l’extinction naturelle du coronavirus. Cela signifie qu’il faut encore, au bas mot vacciner 4,3 milliards de personnes pour atteindre ce seuil collectif d’immunité et il semble peu probable, en dépit des efforts sans précédent de production industrielle de tous les grands laboratoires mondiaux, et de la solidarité internationale en faveur des pays les plus pauvres, que l’on puisse parvenir à vacciner sept habitants de la planète sur dix avant la fin de l’année prochaine…

En France, plus de 20 millions de personnes ont déjà reçu au moins une dose de vaccin, soit un tiers de la population adulte, mais nous savons à présent qu’il faudra parvenir à vacciner au moins 40 millions de Français (75 % des adultes) pour parvenir à l’immunité collective. Un objectif qui semble être très difficile à atteindre mais pas irréaliste avant l’automne, si les inévitables contraintes de production, mais aussi, ne l’oublions pas, les réticences d’une partie (heureusement de moins en moins nombreuse) de la population, notamment parmi les plus jeunes, vis-à-vis de la vaccination, ne viennent contrarier la volonté d'une majorité de français.

Il est important de rappeler que les progrès majeurs intervenus dans la prise en charge des malades atteints des formes les plus graves de Covid-19 (diagnostic plus rapide, utilisation des corticoïdes, assistance respiratoire) ont permis, depuis le début de la pandémie, de faire passer la mortalité moyenne en réanimation de 60 % à 25 %, ce qui est absolument remarquable.

Sur le front des traitements, les avancées se succèdent, grâce à une mobilisation exceptionnelle de la communauté scientifique : deux traitements à base d’anticorps monoclonaux, la combinaison casirivimab/imdevimab du laboratoire Roche et bamlanivimab/etesevimab du laboratoire Lilly, viennent d’être autorisés en France. Ces anticorps monoclonaux sont conçus pour cibler spécifiquement la protéine S située à la surface du SARS-CoV-2, neutralisant ainsi la capacité du virus à se fixer et à pénétrer dans les cellules humaines. Ces nouveaux traitements, qui doivent être délivrés au début de la maladie, sont réservés à la prise en charge des personnes à haut risque d'évolution vers une forme grave de la COVID-19. Mais nous devrions également disposer, dans quelques mois, de premiers traitements à base d’anticorps polyclonaux (six sont en phase d’essais clinique dans le monde, dont celui de la société française Xenothera) qui devraient être plus efficaces que leurs homologues monoclonaux, notamment contre les nouveaux variants.

Parallèlement à ces traitements prometteurs par anticorps, plusieurs molécules anti-Covid pourraient arriver sur le marché dans les mois à venir, si les essais cliniques en cours s’avèrent concluants. C’est le cas du Baricitinib, une molécule qui inhibe des enzymes nommées Janus kinases (JAK 1 et JAK 2) qui contribuent au déclenchement de l’inflammation. Autre médicament prometteur, le molnupinavir, initialement indiqué contre la grippe, mais qui a fait ses preuves contre le Covid-19 lors d’essais de phase II. Il faut aussi évoquer le nitazoxanide, qui est en phase III d’essai et a réduit le taux d’hospitalisation de 79 % et le taux de progression vers une forme grave de 85 % chez les participants par rapport au groupe placebo.

Autre espoir sérieux, l’interféron bêta qui permet de réduire les risques de formes graves de Covid en cas d’infection et est actuellement testé sur 700 malades en France dans le cadre de l’essai clinique Coverage. Enfin, l’Institut Pasteur a annoncé le 13 avril dernier qu’il travaillait sur le clofoctol (Octofene), un antibiotique initialement utilisé dans le traitement d’infections des voies respiratoires et de la bouche, et dont l’effet anti-Covid a été mis en lumière, après le criblage de plusieurs milliers de molécules anciennes.

Si la Covid-19 a un taux de mortalité moyen (par rapport aux personnes infectées) qui est de l’ordre de 1 %, rappelons que ce virus, contrairement à ce qu’on a pu entendre ou lire sur certains médias, a un taux de mortalité parmi les patients hospitalisés qui est trois fois plus élevé que celui de la grippe saisonnière (Voir The Lancet) et laisse des séquelles (neurologiques, cardiaques, digestives)  pendant de longs mois chez les deux-tiers des patients.

Quant à la mortalité réelle de la Covid-19, elle est à présent estimée à 1 %, en moyenne, mais les travaux de l'Imperial College de Londres ont bien montré que le risque de mourir du virus doublait en fait tous les huit ans : il est de 0,1 % chez les moins de 40 ans, 2 % chez les plus de 60 ans, 5 % chez les plus de 80 ans et 11 % chez les personnes les plus âgées.

Aujourd’hui, grâce à la somme des connaissances que nous avons pu accumuler sur la nature et le mode de fonctionnement de ce virus, la plupart des scientifiques et épidémiologistes s’accordent sur le fait que le coronavirus ne va probablement pas disparaître prochainement, et risque de continuer à évoluer, et de devenir saisonnier, avec, nous l’espérons tous, une virulence qui ira en diminuant, grâce au gigantesque effort mondial en cours de développement et d’adaptation rapide des vaccins aux nouveaux variants, une prouesse rendue possible par l’efficacité et la souplesse extraordinaires de la technologie de l’ARN messager.

Mais nous aurions cependant tort de crier victoire trop vite, et de croire que les seuls vaccins, complétés par la nouvelle panoplie de traitements que j’ai évoqués, vont suffire à éradiquer rapidement cette pandémie mondiale, car ce virus est loin d’avoir livré tous ses secrets, notamment en ce concerne sa capacité à pouvoir muter et à échapper aux mécanismes de reconnaissance et de défense immunitaires, même lorsque nous avons été vaccinés…

C’est pourquoi un nombre grandissant de voix s’élèvent, au sein de la communauté scientifique, pour mettre l’accent sur la nécessité de déployer rapidement de nouveaux moyens et outils de prévention, dont nous savons à présent qu’ils sont appelés à jouer un rôle décisif dans la maîtrise de cette pandémie et le retour à une vie sociale, économique et culturelle à peu près normale, même si nous devrons probablement conserver pendant encore de longs mois des précautions de distanciation sociale et de gestes-barrière, comme le port du masque dans les espaces à forte densité d’occupation.

Evoquons d’abord le rôle protecteur de la vitamine B6 (pyridoxine), qui pourrait contribuer à prévenir les formes graves de COVID-19, et notamment la fameuse « tempête de cytokines ». La vitamine B6 pourrait également dissoudre les caillots sanguins fréquemment associés au décès par COVID-19, selon une récente étude de l’Université d'Hiroshima (Voir Frontiers in Nutrition). Selon ces chercheurs japonais, la vitamine B6 contribuerait à la fois à lutter contre les orages de cytokines, liés à une inflammation des cellules endothéliales, et contre les caillots sanguins qui peuvent endommager les organes vitaux comme le cœur, les poumons, le foie et les reins. « Qui aurait pensé qu'un petit composé basique comme la vitamine B6, présente dans la banane ou le poisson, pouvait être une clé de la réponse immunitaire contre le COVID-19 ? », soulignent les chercheurs dans leur étude…

Il y a quelques jours, une autre étude d’envergure, réalisée sur 49 000 participants, par des chercheurs du réputé Institut Karolinska en Suède, de la Harvard Medical School aux États-Unis et de l'Université Queen Mary de Londres, a montré qu’une dose quotidienne de vitamine D pouvait également réduire les risques d’infections respiratoires pour les personnes à risque (Voir The Lancet). Selon ces chercheurs, une supplémentation quotidienne de vitamine D pourrait réduire de 42 % le risque d'infection. https://www.thelancet.com/journals/landia/article/PIIS2213-8587(21)00051-6/fulltext

Autre étude récente à souligner, celle réalisée par des chercheurs israéliens de l’Université Bar-Ilan. Ces scientifiques ont voulu vérifier l'hypothèse que le traitement pré-infectieux avec une faible dose d'aspirine (75 mg) pourrait avoir un effet bénéfique sur la sensibilité au COVID-19 et sur la durée de la maladie. Ils ont analysé les données de 10.477 personnes testées positives pour COVID-19 lors de la première vague (février à juin 2020). Les résultats de cette étude sont sans appel : l'utilisation d'aspirine en prévention du développement de maladies cardiovasculaires chez des participants en bonne santé s’avère associée à un risque réduit de 29 % d'infection au COVID-19- par rapport aux non-utilisateurs d'aspirine ; en outre, la proportion de patients traités avec de l'aspirine est significativement plus faible parmi les participants COVID-19-positifs vs COVID-19-négatifs.

Il faut aussi évoquer une étude réalisée par des chercheurs de différentes universités d’Argentine (Rosario et Buenos Aires) qui a montré le pouvoir protecteur étonnant de l’Iota-carraghénane (I-C), un polysaccharide sulfaté trouvé dans certaines espèces d’algue rouge (Rhodophyceae, Chondrus crispus), connue pour sa forte concentration en antioxydants, en vitamines et en sels minéraux. Les carraghénanes ont une structure moléculaire qui permet de les utiliser facilement en biofilm ; ces derniers peuvent alors constituer une barrière physique très efficace sur la surface de la muqueuse nasale, qui est en mesure de bloquer la pénétration des agents pathogènes.

Cette famille de carraghénanes, utilisée sous forme de pulvérisations nasales, a déjà montré une activité antivirale in vitro contre différents types d’infections respiratoires par coronavirus, mais également contre l’herpès, l’hépatite A, le papillomavirus, et la grippe. Ces recherches ont pu montrer que l’I-C possédait une activité neutralisante sur le Covid-19 comparable à celle d’un sérum de patient ayant contracté la maladie qui a été observé in vitro. Une étude en double aveugle portant sur 394 travailleurs hospitaliers de 10 hôpitaux en Argentine, observés entre juillet et décembre 2020, a montré une réduction significative de l’incidence du COVID-19 dans le groupe ayant reçu le traitement préventif, par rapport groupe placebo (Voir MedRxiv). Cette étude estime que ce traitement à base d’I-C pourrait réduire de 80 % le risque de contracter la maladie.

Un autre axe majeur de prévention du Covid-19, jusqu’à présent largement sous-estimé, concerne le contrôle fin et permanent de la qualité de l’air et son corollaire, l’aération suffisante des locaux et espaces clos, combinée à la purification de l’air. Plusieurs études récentes ont en effet bien établi le rôle-clé de la transmission par les aérosols dans la propagation du Covid-19 et la contamination. C’est notamment le cas d’une étude intitulée « Le rôle des aérosols doit être redéfini dans la transmission du Covid-19 » et publiée le 14 avril dernier. Cette étude rappelle que les personnes infectées par le SRAS-CoV-2 produisent de nombreuses petites particules respiratoires chargées de virus en expirant. L’étude souligne que ces particules ont le pouvoir, dans un espace confiné, d’infecter d’autres personnes à plus de trois mètres de distance, même si celles-ci portent le masque (Voir The bmj).

L’étude réfute la distinction, artificielle à ses yeux, faite entre les « gouttelettes », c’est-à-dire les plus grosses particules, à courte portée, et les « aérosols », c’est-à-dire les plus petites particules, à longue portée, et rappelle que ces deux vecteurs sont bien des aérosols, dans la mesure où ils peuvent être inhalés directement à partir de l'air. Selon ces recherches, il est crucial de mettre davantage l'accent sur la ventilation, car les plus petites particules peuvent rester en suspension dans l'air pendant des heures, ce qui constitue une voie de transmission importante de la Covid-19.Cette étude souligne que, si la contribution de ces aérosols est sans doute faible dans les interactions courantes de courte durée et à distance d’un mètre, il n’en est pas du tout de même lorsqu’ils s’accumulent dans un espace confiné et insuffisamment ventilé, comme un salon ou un bureau. C’est ce qui expliquerait pourquoi de nombreux professionnels de santé ont été infectés malgré le port du masque. « Si nous admettons l’idée que quelqu'un dans un environnement intérieur puisse inhaler suffisamment de virus pour provoquer une infection à plus de 2 m de la source d'origine - même après le départ de la source d'origine - alors les mécanismes judicieusement implantés et réglés de renouvellement et d’aération de l’air prennent tout leur sens », précise l’étude, qui poursuit, « Toutes les tentatives à venir de réduire la propagation du Covid-19 devraient en priorité s’attaquer à la transmission aérienne du virus, qui est considérée comme sa principale voie de circulation », affirme cette étude.

Il est donc urgent de revoir nos stratégies de lutte contre l’épidémie en y intégrant un puissant volet concernant cette question du contrôle de la qualité de l’air et de l’aération des espaces fermés. Les conclusions de cette étude britannique rejoignent celle de chercheurs français du CNRS : Benoît Semin, physicien du laboratoire Physique et mécanique des milieux hétérogènes vient par exemple de montrer que l’utilisation d’un petit détecteur infrarouge, capable de mesurer le taux de dioxyde de carbone, ou CO2, dans l’air, permet d’obtenir un excellent indicateur de la ventilation d’une pièce. En effet, dans les espaces clos, la respiration des humains fait augmenter la concentration en CO2. Moins un espace est ventilé, plus cette concentration s’élève au-dessus des 400 parties par million (ppm) correspondant au taux de CO2 présent dans l’atmosphère.

Un autre chercheur, François Pétrélis, chercheur du Laboratoire de physique de l’École Normale Supérieure, a décidé de placer un détecteur de CO2 dans sa salle de cours. Ses étudiants ont constaté que cet outil indiquait souvent que la concentration en CO2 dépassait les 800 ppm, le seuil-limite défini par les autorités de santé. Ces observations ont débouché sur le « Projet CO2 », qui vise à promouvoir la généralisation du contrôle du niveau de CO2 dans les espaces fermés, ce qui permet de d’assurer une aération suffisante des locaux qui diminue sensiblement la propagation des aérosols potentiellement vecteurs de contamination au Covid-19 pendant plusieurs heures.

En juillet 2020, 239 scientifiques ont adressé une lettre ouverte à l’OMS lui demandant de prendre en compte ce risque et de reconnaître le rôle important de la ventilation, qui permet de disperser les aérosols et de réduire la charge virale. En mars 2021, l’OMS a publié ses nouvelles recommandations en matière de ventilation, reconnaissant officiellement que la transmission du SARS-CoV-2 se fait principalement par aérosols, ce qui renforce l’intérêt du port du masque.

Comme le souligne François Pétrélis, le taux de CO2 indique combien de fois l’air que l’on respire dans une pièce a été respiré auparavant. Le problème, c’est que la plupart des gens croient que leurs lieux de vie et de travail sont suffisamment aérés, même lorsque ce n’est pas le cas. » Or, pour réaliser un geste aussi simple que celui d’ouvrir les fenêtres, il faut pouvoir être informé en temps réel du niveau réel de ventilation.

Pour ces chercheurs du « Projet CO2 », il est indispensable que chaque établissement scolaire, et plus largement tous les lieux fermés accueillant du public, bureaux, services publics, salles de spectacle, soient en mesure de contrôler leur taux de CO2 à l’aide de détecteurs. Ces scientifiques font remarquer que le prix de ces dispositifs ne cesse de baisser et qu’on en trouve à présent à moins de 100 euros. Il s’agirait donc d’un investissement très rentable en matière sanitaire. En outre, à plus long terme, une meilleure ventilation permettrait de réduire les contaminations liées aux maladies respiratoires saisonnières, et de réduire les conséquences sanitaires d’une nouvelle pandémie transmise par aérosols.

Soulignons que, de manière complémentaire aux capteurs de CO2, il serait souhaitable d’équiper les bâtiments publics les plus fréquentés, à commencer par les établissements scolaires, de purificateurs d'air équipés de filtres hautes performances de type HEPA. Une récente étude réalisée par le laboratoire Virpath, codirigé par le Professeur Bruno Lina, a en effet montré que ce type d’appareil pouvait diminuer en 20 minutes la concentration de particules fines dans l’air, et supprimer finalement 99 % des particules virales en suspension dans l’air. L’efficacité de cette utilisation combinée des purificateurs d’air et des détecteurs de CO2 vient par ailleurs d’être confirmée par l'infectiologue à la Pitié Salpêtrière, Robert Sebbag, qui y voit un vrai moyen de lutte contre l'épidémie. Celui-ci préconise la généralisation de ces dispositifs dans les commerces, les bars et restaurants.

Enfin, il faut évoquer une dernière étude récente particulièrement intéressante, qui montre que l’activité physique est sans doute un facteur de risque modifiable le plus important pour prévenir les effets les plus graves de la COVID-19. Ce travail a montré que le taux d’hospitalisation, d’admission en soins intensifs et de décès par COVID-19, est significativement réduit chez les sujets suivant les recommandations d’activité physique de plus de 150 minutes par semaine par rapport aux sujets les moins actifs. Autre enseignement de cette étude, une activité physique, même modérée, permet déjà de réduire sensiblement les risques de faire une forme grave de Covid, ou d’en décéder (Voir NIH).

Pour essayer de mesurer l’effet protecteur d’une activité physique régulière avant infection par le SARS-CoV-2 sur l’évolution de la COVID-19, ces scientifiques ont travaillé sur une large base de données californienne concernant 48 440 patients adultes ayant eu un test PCR positif au COVID-19 entre le 1er janvier et le 21 octobre 2020 et disposant d’au moins 3 visites médicales ayant mesuré leur activité physique au cours des 2 ans ayant précédé le premier confinement. Ces patients ont été répartis dans trois cohortes, en fonction de leur niveau d’activité physique : régulièrement inactifs (moins de 10 minutes d’activité physique par semaine), modérément actifs (entre 11 à 149 minutes/semaine) et régulièrement actifs (au moins 150 minutes/semaine). Le taux d’hospitalisation, d’admission en soins intensifs et de décès, a ensuite été mesuré au sein de ces trois groupes, et l’association de ces paramètres en fonction du niveau d’activité physique a ensuite été évaluée.

Le moins que l’on puisse dire est que les résultats de cette étude sont édifiants : le groupe de patients régulièrement inactifs a en effet un risque d’hospitalisation multiplié par 2,26 par rapport au groupe suivant les recommandations d’activité physique. En matière de mortalité, le risque est multiplié par 2,49 chez les patients régulièrement inactifs et par 1,88 chez les modérément actifs, par rapport aux patients régulièrement actifs, qui font au moins 150 minutes d’exercice physique par semaine.

Cette étude montre, de manière saisissante, que l’augmentation du risque liée à l’inactivité physique est supérieure à celle liée au tabagisme et autres comorbidités associées à la sévérité de la COVID-19 (obésité, diabète, hypertension, maladies cardiovasculaires et cancer). Ces recherches établissent donc de manière solide que l’activité physique est bien le principal facteur modifiable pour réduire à la fois les risques de formes graves et de mortalité, liés à l’infection par la Covid-19.

En combinant et en généralisant de manière intelligente et personnalisée l’ensemble de ces nouveaux outils de prévention, dont l’efficacité est à présent bien établie scientifiquement, notre pays pourrait, pour un coût collectif tout à fait modeste, réduire considérablement les risques, pour nos concitoyens les plus fragiles, de développer une forme grave de Covid-19 (avec toutes les séquelles lourdes qui peuvent en résulter) et de décéder de cette maladie. En synergie avec la stratégie de vaccination massive en cours et le maintien de règles adaptées de distanciation et de protection, cette prévention active pourrait nous permettre, non seulement de sortir plus rapidement de la pandémie actuelle, mais également de limiter sensiblement les conséquences dévastatrices d’un éventuel retour du coronavirus, ou d’un autre agent pathogène inconnu, sous des formes mutées plus agressives et plus réfractaires aux vaccins.

Il faut souhaiter que le Gouvernement et les autorités de santé, avec le concours actif des collectivités locales, mettent en œuvre sans tarder cette politique globale et volontariste de prévention au long cours qui peut contribuer de manière décisive à la maîtrise durable de cette pandémie, qui n’est pas une fatalité et que nous pouvons vaincre, si nous savons exploiter toutes les connaissances nouvelles que nous avons accumulées sur ce virus, et savons faire preuve de lucidité, de pragmatisme, et de courage politique.

René TRÉGOUËT

Sénateur honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

e-mail : tregouet@gmail.com

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