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Les courants de l'Atlantique changent, inquiétude pour le climat européen
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Le système de courants qui parcourt l'Atlantique et garantit au nord-ouest de l'Europe des températures douces, pourrait être en train de se gripper, comme l'avaient prédit certains climatologues préoccupés par le réchauffement de la planète provoqué par l'homme. Une étude publiée le 1-12-2005 dans la revue scientifique britannique Nature avance que le courant tiède baignant les côtes européennes aurait enregistré en un demi-siècle une baisse de 30 % de son débit.
Le système de courants de l'Atlantique est formé d'une partie "montante" chaude, le célèbre Gulf Stream, prolongé par la dérive nord-Atlantique, et de deux branches "descendantes" ramenant, par l'est et par l'ouest, ses eaux refroidies vers l'Equateur, où elles se réchauffent de nouveau. L'auteur de l'étude, le Pr Harry Bryden du Centre national d'océanographie de l'Université de Southampton, en parle comme d'un "tapis roulant", dont chaque composante est indispensable au bon fonctionnement de l'ensemble.
Ses conclusions - les premières à étayer la vieille hypothèse des climatologues d'un blocage des courants atlantiques - découlent des observations fournies par une série de capteurs positionnés au niveau du 25ème parallèle qui coupe le Gulf Stream et les deux courants "descendants". Si sa partie "montante" semble rester stable, les chercheurs ont noté une évolution préoccupante des deux branches "descendantes" du système.
- dans la zone subtropicale, sous l'effet des vents, le courant effectue une gyre dans les couches intermédiaires de l'océan (le thermocline). Les volumes y transitant ont augmenté de 50 % depuis 1957.
- aux confins de la calotte glaciaire, les eaux refroidies s'enfoncent dans les couches profondes de l'océan. Cette "eau profonde Nord Atlantique", qui forme le courant du Labrador descendant le long des côtes américaines, a vu son débit chuter de 50 % à grande profondeur (entre 3.000 et 5.000 mètres).
Les scientifiques en ont déduit que la dérive nord-Atlantique, qui arrive jusqu'en Europe, a enregistré un recul de son débit de 20 millions de tonnes d'eau/seconde en 1957 à 14 millions de tonnes d'eau/seconde en 2004. "La chaleur qu'elle transporte apporte une contribution substantielle au climat modéré de l'Europe maritime et continentale et tout ralentissement de la circulation océanique aurait des implications profondes pour les changements climatiques", relève l'étude. "Les études précédentes menées au cours des 50 dernières années montraient une circulation océanique et un transport de chaleur de part et d'autre du 25e parallèle relativement constant. C'est pour cela que nous avons été surpris que les chiffres de la circulation océanique en 2004 soient si différents des estimations précédentes", a relevé le Pr Bryden.
Le phénomène de circulation océanique est très dépendant du niveau de salinité, qui devrait baisser dans l'Atlantique nord avec l'intensification des précipitations, l'augmentation du débit des rivières et la fonte des calottes glaciaires entraînées par le réchauffement de la planète. L'interruption de la circulation océanique dans l'Atlantique pourrait faire baisser de 4°C les températures moyennes en Europe. "Ce ne sera pas une chose instantanée, comme dans le film +Le jour d'après+, mais de l'ordre d'une décennie", souligne Meric Srokosz, de l'institut britannique de recherche sur l'Environnement NERC. "Nous ne parlons pas d'un nouvel âge glaciaire, mais d'hivers plus extrêmes et plus froids". "Ce qui complique les choses, c'est que vous avez un réchauffement climatique en cours. Si vous ralentissez la circulation océanique, vous provoquerez un refroidissement localisé, pas sur l'ensemble de la planète".
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- Publié dans : Géologie & Géophysique
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