Edito : Le Consumer Electronics Show 2007 confirme la convergence numérique et la montée en puissance des robots
- Tweeter
-
-
0 avis :
2.700 exposants, une surface grande comme 35 terrains de foot, et 140.000 visiteurs, le Consumer Electronics Show, le plus grand salon américain consacré à l'électronique grand public, qui fêtait ses 40 ans, a eu lieu du 7 au 11 janvier et n'a pas failli à sa réputation de grand messe mondiale de la high tech. Convergence, mobilité, simplicité et...robots ont dominé cette quarantième édition avec, d'une part, des appareils nomades servant de téléphone, de baladeur et de GPS, de l'autre des téléviseurs capables d'effectuer des enregistrements numériques, de servir de support aux consoles de jeu et aux logiciels informatiques. (Pour de plus amples informations, vous pouvez vous reporter aux articles et vidéos suivantes : CES 2007, vidéos de la BBC, Washington Post, New York Times , CNET , Wired, Microsoft , Sony).
Les premières annonces majeures concernent les formats de lecture des DVD haute définition. Pour mettre un terme à la guerre entre les technologies Blu-Ray (Sony) et HD-DVD (Toshiba), LG a fabriqué le premier lecteur capable de lire les deux formats. Time Warner lance de son côté un nouveau DVD haute définition, baptisé Total HD, qui pourra être lu sur les deux formats.
Du côté des téléviseurs, la lutte est acharnée entre le LCD et le plasma. LG a présenté le plus grand écran du monde, un LCD de 108 pouces (270 cm) de diagonale, quand Panasonic propose un plasma de 103 pouces (261cm). Cette édition 2007 a aussi été marquée par l'explosion des platines de streaming de contenus multimédia. Dans son salon, grâce au " home networking » et à de petits boîtiers numériques signés Sony, Samsung ou Netgear, il devient très facile d'aller chercher n'importe quel contenu sur son ordinateur pour le regarder confortablement, et en famille sur la télévision.
Sony a ainsi annoncé la commercialisation, dans les prochains mois, d'une solution permettant d'afficher sur la plupart de ses futurs téléviseurs LCD Bravia des films et des vidéos disponibles sur Internet, et cela sans passer par un PC. Les premiers modèles à en bénéficier sont les Bravia S présentés à Las Vegas.
Baptisé « Internet Video Link », le dispositif comprend un boîtier externe équipé d'une prise HDMI (la Péritel nouvelle génération) pour le relier au téléviseur. Une seconde prise Ethernet permet de le brancher sur un modem haut débit ou un routeur relié à Internet. Mais le système a ses limites : pas question pour le moment de surfer sur le Net. Ici, on accède uniquement aux contenus mis à disposition par les partenaires de Sony : AOL et Yahoo! Video, Sony Pictures et Sony BMG Music. Au programme, des clips vidéo, des bandes annonces de films (éventuellement en haute-définition), tous en accès gratuit. Les utilisateurs pourront aussi s'abonner à des fils d'actualité RSS. Le pilotage se fera directement depuis l'écran à l'aide de la télécommande.
Les concurrents de Sony ont également dévoilé leurs projets. Sharp, Philips et Samsung ont présenté ou évoqué des systèmes de communication sans fil sur leurs modèles, en proposant parfois la possibilité d'afficher sur le téléviseur les contenus stockés sur un PC. Dans la plupart des cas, ces dispositifs font appel à la norme Wi-Fi 802.11n, la seule à disposer d'une bande passante suffisante pour transporter des images en haute définition.
Mais la véritable innovation d'usage a été montrée sur un disque Blu-ray. Imaginez : vous êtes en train de regarder «60 secondes Chrono». A l'écran, Nick Cage, avec un blouson en cuir super classe. Vous pressez pause, et là, un menu apparaît, vous proposant d'acheter le blouson. Il n'y a qu'à préciser sa taille et la couleur. Idem pour une des Ferrari, ou les bagues d'Angelina Jolie ! Le Blu-ray, qui intègre du java permet ce genre d'interactivité.
Microsoft et Ford ont annoncé un système d'activation vocale du téléphone. Il suffira de demander à la voiture d'appeler un numéro enregistré. Le conducteur pourra aussi lancer de la musique enregistrée sur son baladeur numérique. Ce système pourra aussi lire à haute voix les SMS. Le constructeur automobile a promis que ce système serait disponible dès cette année à bord de douze modèles de la gamme, y compris sur les véhicules les moins chers.
Microsoft a également, par la voix de Bill Gates, présenté deux nouveaux services. La première annonce concerne la console de jeu XBox qui va servir de décodeur capable de transmettre sur un téléviseur une offre de télévision sur internet, et d'enregistrer les programmes sur disque dur. Microsoft veut visiblement transformer son XBox en centre de loisirs numériques de la maison et va signer des accords avec une dizaine d'opérateurs américains et internationaux.
Microsoft a également annoncé le lancement d'un serveur informatique central pour la maison, Windows Home Server, dont l'objectif est de fédérer tous les appareils électroniques domestiques. Simulant une scène, M. Gates a montré un plan de cuisine servant d'écran tactile, relié à Internet, où l'on peut recevoir des recettes. Il s'agit pour Microsoft de s'imposer sur le marché de la "maison digitale", où tous les appareils et systèmes électroniques et domotiques du foyer sont interconnectés et peuvent communiquer entre eux.
Le japonais Sony et la société Sling Media ont eux aussi dévoilé des boîtiers qui permettent de regarder sur un téléviseur la vidéo disponible sur internet. Le groupe Pulse-Link allié à Samsung, montrait le "Whole Home Interactive HD", un réseau de loisirs qui permet, à partir d'un boîtier central à la fois récepteur de télévision et connecté à internet, d'alimenter sans fil plusieurs écrans plats haute définition. Nokia a lui aussi lancé des tablettes mobiles qui centralisent les loisirs numériques, qui peuvent être transmis aussi bien sur un home cinema qu'un ordinateur portable. Encore plus fort : la Slingbox. Ce petit boîtier, développé par Sling Media redirige les émissions de télévision depuis un décodeur ou un magnétoscope vers un appareil mobile, qu'il s'agisse d'un ordinateur, d'un smartphone ou d'un assistant personnel. Ce produit est vendu aux Etats-Unis à partir de 179,79 dollars. Son intérêt : regarder - quel que soit le lieu où l'on se trouve - ses émissions préférées ou le dernier DVD stocké sur son ordinateur.
"Nous sommes à un point où le mode de vie digital, englobant toutes les activités du consommateur, devient réalité", a commenté lors d'une conférence Kurt Scherf, analyste en chef du cabinet Parks Associates, spécialiste de ce secteur. "Ces technologies font partie de notre de vie, mais les consommateurs supportent de moins en moins les produits qui ne marchent pas ou trop difficiles à installer ou à utiliser", a-t-il noté. "Un retour de bâton se dessine : la frustration grandit chez le consommateur, agacé devant les 4 ou 5 télécommandes posées sur sa table de salon". "Il faut davantage de simplicité, donc des produits intégrés en un seul appareil. Mais qui mènera la danse : les fournisseurs accès, de décodeurs, d'ordinateurs, de réseaux ou d'appareils mobiles ?" s'interroge-t-il.
C'est pour répondre à cette demande forte de simplicité et de transparence que tous les grands de l'informatique et de l'électronique, qu'il s'agisse de Microsoft, Apple, Sony ou Nokia ont annoncé des solutions passerelles, notamment pour la convergence entre télévision et internet et pour le passage à l'internet sur les mobiles.
En marge du CES, le patron d'Apple, Steve Jobs, qui veut devenir l'acteur incontournable du loisir dans la maison, a présenté une Apple TV, un boîtier qui permet de transférer vidéos, musique et photos depuis un ordinateur vers un téléviseur grâce à une technologie sans fil. Mais Apple a surtout réussi à voler la vedette à Microsoft et à Bill Gates en effectuant une entrée remarquée dans la téléphonie mobile le 9 janvier avec la présentation, lors du MacWorld, de l'"iPhone", également baladeur, appareil photo et navigateur internet, que le PDG de l'entreprise Steve Jobs a qualifié d'"appareil numérique ultime". L'"iPhone" rassemble les fonctions de "trois produits révolutionnaires", un iPod doté d'un grand écran avec contrôle tactile, un téléphone portable et une nouvelle manière de naviguer sur internet, le tout dans un seul appareil". Les iPhones se synchroniseront automatiquement avec le logiciel iTunes afin de télécharger de la musique, des vidéos ou des photos. Outre l'iPhone, Apple joue aussi la convergence entre l'ordinateur et le téléviseur avec l'Apple TV. Ce boîtier relie les deux appareils, grâce au Wi-Fi, ce qui permet de regarder sur la télévision du salon des vidéos téléchargées sur Internet, par exemple. L'Apple TV est disponible en France au prix de 299 euros.
Mais ce CES, version 2007, a également été marqué par le grand retour du livre électronique, un peu vite enterré mais qui pourrait enfin avoir trouvé son public grâce aux améliorations apportées, tant sur le plan technologique qu'en terme de service. Le livre électronique du japonais Sony, le Sony Reader PRS 500, a la taille d'un livre de poche, il est très fin, pèse moins de 300 g, mais peut contenir l'équivalent de 80 livres. La performance de Sony est d'assurer la stabilité de l'affichage sur l'écran. Ce nouveau produit (vendu 349 dollars) permet de lire dans n'importe quelle position.
Enfin, signe des temps, ce CES 2007 a fait une part remarquée à la robotique domestique, en plein essor. Le fabricant américain iRobot a présenté deux machines, le Roomba, un aspirateur autonome et Scooba un nettoyeur de parquets. Tous les deux ressemblent à des assiettes qui suivent un parcours en suivant des marques au sol. Une fois la batterie vidée, les robots retournent automatiquement à leurs chargeurs. iRobot indique en avoir vendu 2 millions d'unités. Notons que le groupe fournit des robots à l'armée américaine ce qui explique ce bon chiffre. Le prix de départ pour un robot est de 129 dollars.
Le Sud-coréen Microbot n'est pas en reste, et a également présenté ses innovations, preuve en est qu'il y a de la compétition dans le secteur de la robotique. Nommé UBOT, la solution du groupe est également un robot nettoyeur de sol, mais qui regroupe plusieurs fonctions. Cette machine est intéressante, car elle interagit avec le réseau de l'utilisateur. Plutôt que de se promener de façon aléatoire le robot suit avec précision des codes-barres positionnés au sol. Ces derniers sont uniquement visibles sous une lumière ultraviolette. L'UBOT n'est pas encore disponible, mais Microbot est actuellement à la recherche de distributeur. Le français Meccano a présenté Spyke, un robot à monter avec plusieurs configurations possibles. Spyke peut-être contrôlé par le web par l'intermédiaire d'un lien Wi-Fi, prendre des photos et interagir avec l'utilisateur grâce à un microphone.
On le voit, cette cuvée 2007 du CES confirme les tendances à la fusion entre informatique et électronique de loisirs et replace le consommateur au centre des nouveautés présentées en lui proposant des systèmes, interfaces et services simples, intuitifs et conviviaux, lui permettant d'accéder à tout moment, en tout lieu, et sur tous ses appareils numériques, à ses documents, films et musiques préférés. L'heure est également à l'interopérabilité totale entre appareils qui doivent pouvoir immédiatement "se reconnaître" et communiquer entre eux de manière automatique pour échanger de la musique, de la vidéo ou du texte. Paradoxalement, en se sophistiquant à l'extrême, la technologie s'efface derrière l'utilisateur et devient transparente et ludique... pour mieux le séduire !
L'enjeu économique de cette convergence numérique est évidemment considérable et la bataille fait rage pour savoir, qui, des géants de l'informatique et du logiciel (Microsoft, Apple, HP), du secteur des télécoms (Nokia) ou de celui de l'électronique grand public (Sony, Samsung), parviendra à devenir la plate-forme incontournable d'accès au monde numérique.
René Trégouët
Sénateur honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat
Noter cet article :
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 72
- Partager :