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Comment les antidépresseurs créent de nouveaux neurones
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La dépression touche près de 3 millions de personnes en France. Plusieurs facteurs psychologiques ou environnementaux contribuent à son apparition ou à sa chronicisation mais il existe également des facteurs biologiques. Les malades présentent notamment un taux de sérotonine plus faible que les autres. Il s’agit d’un neurotransmetteur essentiel à la communication entre les neurones, impliqué notamment dans les comportements alimentaires et sexuels, le cycle veille-sommeil, la douleur, l’anxiété ou encore les troubles de l’humeur.
La fluoxétine permet de restaurer en partie le taux de sérotonine et de réduire les symptômes de la maladie. Des travaux datant de 2003 ont montré que ce médicament agit via la synthèse de nouveaux neurones au niveau de l’hippocampe, une région impliquée dans la mémoire et le repérage spatial. Une équipe de l’Inserm vient d’aller plus loin en décrivant les étapes qui induisent ce phénomène.
La formation de nouveaux neurones dépend en fait du taux d’un microARN (miR-16) au niveau de l’hippocampe. Les microARN sont de petits fragments d’ARN qui ne produisent pas de protéine mais jouent un rôle essentiel dans le contrôle de l'expression des gènes. Chez l'homme, plus de 500 d’entre eux ont été mis en évidence et leur dysfonctionnement est associé à plusieurs maladies, comme le cancer. "Quand on fait baisser le taux de ce microARN, on mime l’effet de la fluoxétine et cela déverrouille la neurogenèse, c’est-à-dire la maturation de nouveaux neurones", précise Sophie Mouillet-Richard, médecin, coauteur des travaux.
Les chercheurs ont également montré que ce taux de microARN est sous le contrôle de trois protéines « signal » produites sous l’effet de la fluoxétine dans une autre région du cerveau appelée noyau du raphé. Ces molécules agissent en synergie pour faire chuter la quantité de microARN. Si une seule d’entre elles est absente, le mécanisme est bloqué. Le trio est nécessaire pour mimer l’action du médicament. Ces molécules sont d’ailleurs retrouvées en grande quantité dans le cerveau des patients traités par cet antidépresseur.
"La découverte de ces signaux et du rôle du microARN permet de rechercher de nouvelles cibles thérapeutiques mais également de disposer d’indicateurs pour évaluer l’efficacité d’un médicament ou suivre son effet dans le temps", conclut Sophie Mouillet-Richard. Autant de ressources pour améliorer le traitement des états dépressifs.
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