Vivant
- Santé, Médecine et Sciences du Vivant
- Neurosciences & Sciences cognitives
Comment une alimentation trop riche transforme notre cerveau
- Tweeter
-
-
0 avis :
Pour fonctionner, notre organisme a besoin de sucre. Le glucose alimente les cellules qui nous composent, y compris celles du cerveau (les neurones). Pour nos lointains ancêtres, les aliments sucrés constituaient une excellente source d’énergie, l’évolution a fait en sorte que nous les trouvons particulièrement bons. Les aliments au goût désagréable, amer ou aigre peuvent être toxiques, avariés ou pas assez mûrs, et donc entraîner des maladies.
C’est ainsi que pour maximiser nos chances de survie en tant qu’espèce, nous avons un système cérébral inné qui nous porte à aimer les aliments sucrés qui nous donnent de l’énergie. Lorsqu’on mange des aliments sucrés, le système de récompense du cerveau – appelé système dopaminergique mésolimbique – est activé. La dopamine est une substance chimique libérée par les neurones qui signale qu’un événement est positif. Quand le système de récompenses se déclenche, il renforce des comportements qu’on devient ensuite plus susceptibles de répéter.
Les poussées de dopamine provoquées par la consommation de sucre favorisent un apprentissage rapide, ce qui nous porte à préférer ces aliments. Aujourd’hui, notre environnement regorge d’aliments sucrés et riches en énergie. Il n’est plus nécessaire de partir à leur recherche, car on en trouve partout. Malheureusement, notre cerveau est toujours semblable à celui de nos ancêtres sur le plan fonctionnel, et il aime vraiment le sucre. Mais que se passe-t-il dans le cerveau lorsqu’on en mange trop ?
Le cerveau remodèle continuellement ses connexions par un processus appelé neuroplasticité. Cette reconfiguration peut se produire dans le système de récompense. L’activation répétée de la voie de la récompense par des drogues ou une grande quantité d’aliments sucrés amène le cerveau à s’adapter à une stimulation fréquente, ce qui conduit à une forme de tolérance.
Pour ce qui est des aliments sucrés, cela signifie qu’on doit en manger plus pour obtenir le même sentiment de satisfaction – une caractéristique typique de la dépendance. La dépendance alimentaire est un sujet controversé parmi les scientifiques et les cliniciens. S’il est vrai que l’on peut devenir physiquement dépendant de certaines drogues, on se demande si ça peut être le cas pour la nourriture alors qu’on en a besoin pour la survie élémentaire.
Indépendamment du besoin de se nourrir pour alimenter le corps, beaucoup de gens éprouvent des fringales, en particulier lorsqu’ils sont stressés, affamés ou simplement confrontés à un bel étalage de gâteaux dans un café. Pour résister à ces envies, on doit réfréner sa tendance naturelle à vouloir se faire plaisir avec des mets savoureux. Un réseau de neurones inhibiteurs permet de réguler nos comportements. Ces neurones sont concentrés dans le cortex préfrontal – une zone du cerveau impliquée dans la prise de décision, la maîtrise des impulsions et la capacité de retarder la récompense.
Les neurones inhibiteurs constituent le système de freinage du cerveau. Ils libèrent le GABA, un acide aminé. La recherche sur des rats a montré que la consommation d’aliments riches en sucre peut altérer les neurones inhibiteurs. Les rats nourris au sucre arrivent plus difficilement à contrôler leur comportement et à prendre des décisions.
Ainsi, notre alimentation peut influencer notre capacité à résister aux tentations, ce qui explique pourquoi il est si difficile de changer de régime. Dans le cadre d’une étude récente, on a demandé à des gens d’évaluer leur désir de manger des grignotines hypercaloriques lorsqu’ils ont faim par rapport au désir ressenti quand ils viennent de manger. Les personnes qui consomment régulièrement des aliments riches en matières grasses et en sucre ont répondu avoir davantage envie de grignotines, et ce, même lorsqu’elles n’avaient pas faim.
Cela porte à croire que la consommation régulière d’aliments à haute teneur en sucre pourrait amplifier les fringales – créant ainsi un cercle vicieux qui nous pousse à en manger toujours plus. L’hippocampe – une zone importante pour la mémoire – est une autre région du cerveau touchée par les régimes riches en sucre.
La recherche a démontré que les rats qui mangent des aliments riches en sucre sont moins susceptibles de se rappeler s’ils ont déjà vu des objets à des endroits précis. Les transformations induites dans l’hippocampe par le sucre sont une réduction de la formation de neurones, essentiels pour coder les souvenirs, ainsi qu’une augmentation des substances chimiques liées à l’inflammation.
L’Organisation mondiale de la santé recommande de limiter la consommation de sucres ajoutés à cinq pour cent de notre apport calorique quotidien, ce qui représente environ 25 grammes (six cuillères à café). Sachant qu'un adulte mange en moyenne 85 grammes (20 cuillères à café) de sucre par jour, on voit qu’il s’agit d’un gros changement pour beaucoup de gens.
Il est important de noter que les capacités de neuroplasticité du cerveau lui permettent de se réinitialiser dans une certaine mesure après avoir réduit sa consommation de sucre, et l’exercice physique peut améliorer ce processus. Les aliments riches en gras oméga-3 (présents dans l’huile de poisson, les noix et les graines) sont également neuroprotecteurs et peuvent stimuler les substances chimiques du cerveau nécessaires à la formation de nouveaux neurones.
Bien qu’il ne soit pas facile de briser des habitudes comme celle de s’offrir un dessert après chaque repas ou un café deux crèmes-deux sucres, votre cerveau vous remerciera d’avoir fait des gestes positifs.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :
Nos souvenirs se formeraient grâce à la création continue de nouvelles connexions entre des neurones...
Les souvenirs se stockent dans notre cerveau. Il s’agit d’informations qui dérivent d’expériences et qui s’incorporent dans notre cerveau. Cette incorporation se fait sous forme de modifications ...
Révolutionner la récupération cérébrale grâce à la protéine LK-2
Une étude chinoise révèle une molécule, LK-2, qui pourrait révolutionner le traitement de l'AVC en ciblant sélectivement les interactions nocives du glutamate dans le cerveau, conduisant ...
Détecter la maladie d’Alzheimer grâce à l'IA
Des chercheurs américains de l'Université de Boston ont développé un nouvel outil d'IA capable de prédire d’une manière assez fiable si une démence légère va évoluer vers la maladie d'Alzheimer. ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 0
- Publié dans : Neurosciences & Sciences cognitives
- Partager :
Matthieu1
25/04/2020Bonjour et merci pour ce super article sur le cerveau.
Je lis régulièrement depuis de nombreuses semaines et j’apprécie la qualité de vos articles.
Pour moi ce qui m'a permis de "contrôler" mon cerveau c'est grâce à cela : https://bit.ly/commentinfluencersoncerveauenmoinsde20min
Je me permets de poster ici car cela m’a aidé moi ainsi que des milliers de personnes alors si je peux en aider d’autres.
Merci et a bientôt sur d’autres articles.
Matthieu J.
Eteoklonor
8/07/2024Cet article met en lumière les mécanismes fascinants du cerveau liés à notre attirance pour les aliments sucrés. Il est indéniable que le sucre joue un rôle clé dans notre système de récompense cérébral, influençant nos comportements alimentaires de manière significative. Les recherches soulignent l'impact potentiellement addictif des régimes riches en sucre, affectant la neuroplasticité et même la capacité de mémoire de l'hippocampe.
Pour ceux intéressés par une compréhension approfondie de l'influence des choix alimentaires sur le cerveau, je recommande la lecture de ressources comme celles proposées sur https://entretiengaufrier.over-blog.com/ . Ce site offre non seulement des informations pertinentes mais aussi des conseils pratiques pour maintenir un équilibre alimentaire bénéfique pour la santé mentale et physique.