Le climat s'emballe-t-il ?
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Inondations meurtrières, forêts dévastées, la France a essuyé en 1999 les effets d'une série d'événements météorologiques de nature exceptionnelle. En novembre, un orage d'une rare violence s'est abattu sur le midi de la France : en deux jours certaines régions, comme le département de l'Aude, ont reçu l'équivalent des précipitations d'une année moyenne. Les deux tempêtes qui, à la fin décembre, ont coup sur coup traversé l'Hexagone et une partie de l'Europe ont généré des vents dépassant les 140 km/h sur la moitié du pays. Plus que les pointes de 198 km/h enregistrées sur l'île d'Oléron, c'est l'étendue du territoire touché qui fait de cette perturbation un événement rare. Mais les phénomènes climatiques peu habituels et aux conséquences souvent dramatiques ne sont pas l'apanage de la France. Au cours des dernières années, l'ensemble de la planète en a connu plusieurs. Le cyclone Mitch ou plus récemment le cyclone Eline ont été exceptionnels, non pas en termes d'intensité mais en termes de trajectoire : le premier a secoué l'Amérique centrale trois ou quatre jours durant, fait très rare, et le deuxième, né dans l'océan Indien, a atteint le Mozambique. Dans le contexte du réchauffement climatique, ces faits ont une résonance toute particulière et suscitent deux types d'interrogations : primo , assiste-t-on à l'accélération du rythme des événements climatiques extrêmes ? Et secundo faut-il s'attendre à un tel changement du fait d'un impact des activités humaines sur le climat ? Apprécier la variabilité de ces phénomènes, et a fortiori les changements de cette variabilité, requiert l'analyse de séries de données les plus longues et les plus homogènes possibles. Les transformations au cours du temps des techniques de mesures, le déplacement des stations d'observation, ou encore la densification progressive du réseau d'observation compliquent en effet la tâche. Pour les régions septentrionales des bassins Atlantique et Pacifique, on bénéficie de reconnaissances aériennes : il est donc possible de reconstituer un enregistrement pratiquement complet de l'occurrence des cyclones tropicaux depuis le milieu des années 1940. Mais pour les autres régions océaniques, seules les données satellitaires acquises depuis une trentaine d'années conduisent à une reconstruction fiable de la fréquence des cyclones. Une équipe de chercheurs scandinaves, menée par Hans Alexandersson de l'Institut de météorologie et d'hydrologie suédoise, a ainsi reconstitué des séries locales de vent géostrophique au nord-ouest de l'Europe sur une centaine d'années. Ils ont utilisé les mesures de pressions au niveau de la mer de triplets de stations météorologiques éloignées les unes des autres de quelques centaines de kilomètres(1). L'analyse des résultats montre une augmentation des valeurs de pointe de vent géostrophique à partir du milieu des années 1960 . Mais si l'on regarde au-delà elles n'ont cessé de diminuer, presque régulièrement, depuis le début de la période de mesure. Et de fait les valeurs actuelles sont comparables à celles de la fin du XIXe siècle. Bien que limitées aux régions côtières et ne permettant qu'une évaluation indirecte de la force des vents réels, ces observations semblent donc indiquer une variabilité multidécennale - de l'ordre de cinquante ans - de l'intensité ou de la fréquence des tempêtes les plus fortes. L'essentiel de cette variabilité est probablement d'origine naturelle, et l'importance des fluctuations rend très difficile la détection d'une éventuelle tendance attribuable aux activités humaines au cours du siècle. La variabilité multidécennale des tempêtes comme des cyclones et les limitations des séries de données existantes ne permettent donc pas à ce jour de conclure à une tendance significative sur le siècle de leur fréquence ou de leur intensité. Il est bien difficile alors d'établir une quelconque relation avec les modifications de la composition chimique de l'atmosphère dues aux émissions de gaz à effet de serre par les activités humaines. Le principal obstacle à l'étude de ces extrêmes météorologiques est l'insuffisance des capacités de calcul, qui limite la résolution des modèles. Outre la trop grossière description du phénomène, cette limitation oblige aussi à faire des hypothèses statistiques dont on ne sait si elles sont valides dans les conditions d'un climat modifié par les émissions de gaz à effet de serre. De plus, même dans le cas des meilleures résolutions actuelles, les effets des processus de très petites dimensions, comme la convection orageuse, qui sont pris en compte de manière différente d'un modèle à l'autre, influencent certainement les résultats. Comment passer outre ces handicaps ? Aujourd'hui, la communauté internationale s'oriente vers une confrontation systématique des résultats d'ensemble de simulations différentes sur plusieurs décennies. Et s'il faut se risquer au jeu des pronostics on peut espérer que dans dix ans les avancées seront suffisantes pour enfin connaître les modifications à attendre des émissions de gaz à effet de serre. En revanche, la détection d'une tendance sûre dans les données de réseaux d'observation exigera plus de temps.
La Recherche :
http://www.larecherche.fr/VIEW/335/03350461.html
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- Publié dans : Climat
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