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Chirurgie : la révolution des techniques non intrusives

Qu'il s'agisse d'éviter les cicatrices en retirant une tumeur cérébrale par les narines, une vésicule par voie vaginale, ou encore en réalisant une appendicectomie par la bouche : la chirurgie par les voies naturelles ne cesse de se développer. Une avancée médicale et esthétique majeure, en particulier pour les enfants dont les cicatrices suivent la croissance.

Une semaine après qu'une équipe de chirurgiens new-yorkais a annoncé le retrait d'une vésicule biliaire par voie vaginale, une équipe du centre médical de Pittsburgh (Pennsylvanie) a évité à un enfant de quatre ans de se réveiller avec des cicatrices au visage, en lui retirant une tumeur par les narines. En Inde, des médecins ont annoncé avoir réalisé de leur côté une appendicectomie par la bouche.

C'est une chirurgie encore débutante et pas très agréable à regarder, mais les chercheurs explorent cette nouvelle voie qui utilise des instruments minces passant par les voies naturelles, évitant ainsi toute incision dans la peau et le muscle.

De nombreuses questions demeurent, mais les médecins estiment que cette approche est porteuse d'espoir, notamment d'une convalescence plus courte, moins douloureuse et sans cicatrices apparentes. Dans le cerveau, par ailleurs, elle peut éviter d'avoir à manipuler les tissus, ce qui pourrait abîmer les fonctions cérébrales et oculaires. Pour les interventions abdominales par la bouche, le vagin ou le rectum, elle pourrait éviter d'avoir à traverser des tissus sensibles. En profondeur, là où les tissus ne ressentent pas la douleur, les gestes eux-mêmes pourraient être moins traumatisants.

Certaines chirurgies abdominales, notamment au niveau de l'intestin, peuvent demander une semaine, voire plus, de repos à la maison. Avec la chirurgie par les voies naturelles, l'espoir en théorie serait que les patients puissent se rendre à leur travail dès le lendemain, a déclaré le Docteur David Rattner, de l'hôpital général du Massachusetts. "Ce serait comme aller chez le dentiste pour une dévitalisation", a-t-il ajouté.

Concernant les tumeurs cérébrales, passer par le nez permet au patient de manger tout de suite plutôt que d'attendre quelques jours, et évite le risque d'une intubation et d'une trachéotomie pour faciliter la respiration, a ajouté le Docteur Amin Kassam.

Depuis deux ans, les médecins du centre médical de Pittsburgh arrivaient à atteindre la moelle épinière par le nez. Ils avaient même retiré par cette voie des tumeurs de la taille d'une balle de base-ball, les émiettant pour extraire des morceaux de la taille de grains de popcorn.

Toutefois, certaines tumeurs du cerveau ne sont pas complètement accessibles par le nez et c'est pourquoi, dans le cas du petit garçon cité plus haut, il a fallu finir de retirer la tumeur en passant par le côté du crâne, en pratiquant une incision cachée sous les cheveux.

Le secret de la technique est d'opérer avec des instruments très fins qui peuvent être introduits dans les conduits naturels, en associant une caméra vidéo et un faisceau lumineux centrés sur le site opératoire. Les médecins peuvent ainsi suivre la progression des instruments sur un écran vidéo.

Mais de nombreuses questions demeurent : les cancers peuvent récidiver quand ils ne sont pas totalement retirés, souligne le Docteur Gail Rosseau, chef du service de chirurgie de l'Institut neurologie-orthopédie de Chicago ; il est encore trop tôt pour savoir si le retrait par le nez peut entraîner plus de récidives qu'une ablation par le crâne ; le risque de méningite à partir du liquide céphalo-rachidien est aussi un problème à envisager. Aujourd'hui, les chirurgiens préfèrent passer par le cerveau, mais qu'en sera-t-il dans dix ans ? Nul ne sait, répond le Docteur Rosseau.

Dans le vaste champ de la chirurgie abdominale, le Docteur Marc Bessler, qui a retiré la vésicule d'une patiente par voie vaginale, estime que la vésicule et l'appendice feront partie des organes retirés par le vagin. C'est selon lui une "révolution" comparable à l'arrivée il y a une quinzaine d'années de la laparoscopie, qui remplace une longue incision par des trous, limitant la souffrance et le temps de convalescence. Pour le Docteur Rattner, le potentiel de la chirurgie par voies naturelles réside surtout dans les interventions entraînant aujourd'hui une longue interruption de travail, comme l'ablation d'un rein ou d'une partie de l'intestin, ou une opération liée à l'obésité.

AP

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