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Des chercheurs canadiens attaquent la grippe par la voie lipidique
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Chez de nombreuses personnes, le système immunitaire parvient à éliminer le virus de l’influenza de type A, couramment appelé grippe. Toutefois, dans certains cas, la réponse immunitaire au virus de la grippe devient incontrôlable et l’inflammation causée par nos propres cellules immunitaires entraîne des lésions importantes dans les poumons, conduisant à un taux de morbidité et de mortalité accru.
Comment pouvons-nous aider notre système immunitaire à équilibrer ses deux principales stratégies de défense, celle qui s’attaque aux pathogènes (résistance de l’hôte), et celle qui limite les dégâts causés à nos propres tissus (tolérance à la maladie)?
Une équipe de scientifiques à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM) à Montréal, au Canada, s’est penchée sur cette question fondamentale et a identifié une cible permettant de « modérer » la réponse immunitaire hyperactive à l’infection au virus de la grippe. Ils viennent de publier une étude qui identifie un nouveau rôle joué par un médiateur lipidique appelé LTB4 (leucotriène B4) dans les poumons. Ce lipide LTB4 a la capacité de réduire les dommages collatéraux aux tissus de nos propres réponses immunitaires et d’améliorer le taux de survie de l’hôte.
Cette découverte laisse entrevoir des implications cliniques prometteuses pour le traitement de la grippe d’ici les prochaines années.« Le virus de la grippe ne constitue pas la seule menace; la réponse immunitaire de l’hôte est principalement responsable de la mise en péril de la survie de ce dernier, explique le premier auteur de l’étude, Erwan Pernet, qui est chercheur boursier postdoctoral dans le laboratoire du professeur Maziar Divangahi à l’IR-CUSM. Il s’avère par conséquent essentiel de comprendre les mécanismes de régulation qui maintiennent l’équilibre délicat entre l’immunité protectrice et l’immunité préjudiciable. »
Selon l’OMS, le virus de l’influenza représente un défi mondial en matière de santé publique. Chaque année, cette maladie touche un milliard de personnes, et on dénombre de 290 000 à 350000 décès attribuables à des problèmes respiratoires liés à l’influenza. La cause profonde des lésions pulmonaires attribuables à la grippe est liée à un sous-type de cellules immunitaires appelées macrophages dérivés de monocytes inflammatoires. Bien que le recrutement de ces macrophages sur le site de l’infection joue un rôle crucial dans la réduction de la réplication virale, l’accumulation non contrôlée de ce type de cellules est aussi responsable des lésions des tissus.
L’équipe du Pr Divangahi concentre ses activités sur de nouvelles formes d’immunothérapies ciblant le système immunitaire, en utilisant les médiateurs lipidiques de l’hôte, afin d’éliminer efficacement le virus ou de limiter les lésions des tissus. Dans cette étude, ils se sont essentiellement penchés sur le médiateur lipidique LTB4 ainsi que sur ses effets sur la réponse immunitaire à une infection par le virus de la grippe. Après avoir étudié des souris dépourvues de récepteur du LTB4, ils ont pu identifier un réseau de « mécanismes régulateurs maintenant l’équilibre délicat entre l’immunité protectrice et l’immunité préjudiciable », auxquels Erwan Pernet a précédemment fait référence.
« C’est la première fois que nous démontrons l’existence d’un sous-type de macrophages pulmonaires capables de produire ce lipide immunorégulateur LTB4 afin de réduire l’inflammation causée par une autre population de macrophages qui sont responsables des lésions des tissus pendant une infection au virus de la grippe », explique l’auteur principal de l’étude, le Pr Divangahi, qui est le directeur adjoint des laboratoires Meakins-Christie et du Programme de recherche translationnelle sur les maladies respiratoires (RESP) de l’IR‑CUSM, et professeur agrégé de médecine à l’Université McGill.
L’élément suivant revêt une importance particulière quant à une éventuelle application clinique; l’étude dont il est ici question fait ressortir le fait que l’administration d’une dose unique de LTB4 lorsque la maladie a atteint son point culminant est suffisante pour réduire de manière importante l’immunopathologie et les lésions aux tissus pulmonaires, de même que pour améliorer le taux de survie de l’hôte.
À la lumière de ce travail, le professeur Divangahi et ses collègues considèrent que, « compte tenu de l’accessibilité d’une grande variété de médicaments ciblant le métabolisme lipidique (p. ex. : aspirine), qui sont déjà approuvés et utilisés chez l’humain pour contrôler les symptômes d’infection ou d’autres maladies auto-immunes comme l’asthme, les nouvelles stratégies en matière d’immunothérapie ciblant des médiateurs lipidiques spécifiques de l’hôte présentent un fort potentiel de translation clinique pour le traitement de l’influenza et possiblement pour d’autres infections virales. »
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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