RTFlash

Le chauffeur de cette voiture ne conduit pas, il navigue

Il suffirait à l'automobiliste européen de s'asseoir à côté de son homologue japonais pour savoir comment il pourra, d'ici trois ou quatre ans, communiquer tous azimuts sans lâcher son volant. Dans ce pays où les adresses n'existent pas, 3 ou 4 millions de voitures sont déjà équipées d'un système de navigation. Shigefumi veut-il se rendre chez son ami Yasuyuki, qui habite à l'autre bout de Tokyo ? Il tape sur le clavier du terminal le numéro de téléphone de Yasuyuki, démarre, et une voix, féminine, lui indique au fur et à mesure comment se rendre jusque devant la porte de Yasuyuki. Sa progression s'affiche parallèlement sur le plan en couleurs situé devant lui. S'il conduit une Nissan, son système Birdview lui donne même l'impression de voler, car Tokyo s'y affiche alors en trois dimensions... L'avance des Japonais vient de leur infortune : à Tokyo et Osaka, ils sont pris dans de tels embouteillages qu'ils se sont mis à regarder des films ou les émissions de télévision. Les voitures sont donc équipées d'écrans couleur. Des écrans qui peuvent servir à autre chose qu'à la vidéo. C'est ainsi que Toyota, actionnaire majoritaire (52,75 %), allié à ses partenaires Fujitsu, Matsushita et Denso, se trouve depuis deux ans à la tête du système de communications embarqué le plus avancé du monde : Monet. Rien à voir avec le peintre français. C'est simplement la contraction de Mobile Network, et pourtant quelle palette ! La variété des services, ouverts sept jours sur sept dans tout le Japon, est impressionnante, et pour un prix très raisonnable : 300 francs l'abonnement annuel, 50 centimes la connexion de moins d'une minute. En posant les questions à son tableau de bord grâce à des mots clés, et en l'écoutant, l'abonné obtient, au choix, des instructions de navigation, la situation instantanée du trafic, les conditions météo dans l'un des 800 lieux répertoriés de l'archipel, des informations utiles comme l'emplacement et le taux d'occupation des parkings, le tout complété sur l'écran par des cartes, des textes brefs ou des images de 67 caméras fixes postées à des carrefours stratégiques des grandes villes. Si un obstacle interrompt la communication, elle reprend automatiquement dès que possible. Et au cas où cela ne suffirait pas, le conducteur peut aussi accéder à Internet. " C'est la plus grande révolution dans l'industrie automobile depuis le financement des achats de ses clients il y a soixante ans ", s'exclame le gourou français en la matière, Didier Cruse, de Citroën. Le croisement de l'autoradio, du téléphone mobile, du positionnement par satellite et d'Internet ouvre des perspectives pratiquement illimitées à la voiture communicante. En Europe, la révolution est pour le moment minuscule, et personne n'y gagne vraiment. . L'explosion de ce marché est prévue autour de 2003, avec au moins 2 millions de navigateurs vendus cette année-là en Europe, contre 500 000 en 1999 si l'on en croit les prévisions du leader, VDO Dayton, issu du rachat cet été de Philips Car System par Mannesmann. Vers 2003, le prix du terminal de base passera au-dessous de 4 000 francs. Reste à déterminer la forme qu'il prendra dans l'habitacle. La bataille fait rage entre un autoradio muni d'un mini-écran avec flèches directionnelles et textes brefs, formule la plus simple, et le vrai écran intégré entre les cadrans du tableau de bord, à la japonaise, formule la plus ouverte. Le déclic commercial proviendra de la fusion des deux services rois de la navigation et de l'info-trafic, aujourd'hui séparés. Côté navigation, les produits tiennent la route. Issus des mêmes programmes européens de recherche, les systèmes les plus répandus, Carminat et Carin, sont très impressionnants, même s'ils présentent encore quelques failles : le manque de précision dans les grands échangeurs et le temps trop long pour le calcul d'une nouvelle route quand le conducteur fait un autre choix que l'ordinateur... Mais l'info-trafic est moins avancée, car ses progrès sont liés à ceux de la collecte des informations. Seule l'Ile-de-France est valablement renseignée (avec Lyon et Strasbourg), ce qui a donné naissance aux services par abonnement comme Visionaute de Médiamobile ou son concurrent Skipper. Alimenté à la fois par les capteurs de trafic de l'équipement et par les signaux émis par des taxis, le service est spectaculaire, permettant de choisir entre plusieurs itinéraires dont la durée est très précisément calculée...

L'Expansion : http://www.lexpansion.com/site/courant/html/thematiques/technologie/enquete/index.html

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top