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Le charbon liquéfié succédera-t-il au pétrole ?

Confrontée à un embargo international et menacée de pénurie pétrolière pendant l'apartheid, l'Afrique du Sud a bâti un géant pétrochimique singulier. La société Sasol produit du brut, mais ne l'extrait pas du sous-sol : elle le synthétise à partir de gaz naturel ou de charbon, très abondant en Afrique australe.

Tandis qu'au niveau mondial les réserves prouvées de charbon (850 milliards de tonnes environ) excèdent de loin celles de pétrole - dont la production globale pourrait commencer à décroître dans moins d'une décennie -, la société sud-africaine espère faire fructifier le savoir-faire technique qu'elle a acquis en quelque soixante années d'existence. Ce savoir-faire est aujourd'hui le premier de ses secrets ; le second est le prix de revient d'un baril de ce "brut synthétique", ou syncrude. Aujourd'hui, sur les 700 000 barils par jour (BPD) consommés en Afrique du Sud, 160 000 sont synthétisés à partir de charbon dans les usines de Sasolburg et de Secunda, à quelques kilomètres de Johannesburg.

Depuis la fin de l'embargo, l'Etat sud-africain a mis en place un système garantissant à son champion pétrochimique la rentabilité de son activité, quels que soient les cours du brut. "Lorsque celui-ci se situe sous un certain niveau, nous recevons une subvention de l'Etat, subvention que nous remboursons lorsque les cours passent au-delà d'un certain seuil", ditun , responsable du développement des procédés. Interrogé sur le coût d'un baril de syncrude, M. Mulder répond qu'une telle estimation est difficile à établir : "Cela dépend de nombreux facteurs, comme la qualité du charbon ou la manière dont on intègre, ou non, le coût de construction des installations..." En définitive, ajoute-t-il, "lorsque le baril est à 40 dollars, notre activité n'est pas rentable, mais lorsqu'il est à 140 dollars, nous gagnons de l'argent".

Construire une usine, c'est donc prendre un pari sur l'avenir du pétrole. Selon Harko Mulder une étude de faisabilité est en cours en Chine, en partenariat avec le charbonnier Shenhua, pour la construction d'une unité de 80 000 BPD de capacité et dont le coût est compris entre 5 et 10 milliards de dollars. La conclusion de cette étude préalable est attendue pour début 2010. "Si le projet est finalisé, l'usine devrait être en service vers 2017-2018", dit M. Mulder. Au moins quatre petites unités pilotes, déjà en test dans l'empire du Milieu, reposent sur des technologies chinoises de liquéfaction directe du charbon. De sources françaises, les résultats de ces unités de recherche sont très mitigés.

LM

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