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Edito : Chaque foyer doit pouvoir accéder au très haut débit avant 2020

En cette fin d'année 2011, notre planète compte près de 120 millions d’abonnés à la fibre optique (dont 60 % sont raccordés par une prise optique à domicile). Avec plus de 50 millions d'abonnés, l’Asie représente à elle seule plus de 40 % des abonnés mondiaux au très haut débit optique. Notre vieille Europe arrive loin derrière avec 10,5 millions de prises optiques, suivie par l'Amérique du Nord (USA et Canada), qui compte 7,5 millions de prises optiques.

Orange et SFR sont enfin parvenus à un accord décisif, le 14 novembre, pour déployer la fibre optique en-dehors des zones urbaines et se répartir le raccordement optique de près de 10 millions de logements, soit pratiquement un tiers des logements en France. Cet accord a été salué à juste titre comme une "avancée décisive" par l'autorité de régulation des télécoms, l'Arcep.

Pourquoi cet accord est-il si important ? Parce qu'il modifie la logique de déploiement du très haut débit optique  qui prévalait jusqu'à présent : avant cette entente, les investissements des opérateurs et leurs projets concernaient essentiellement les grandes agglomérations urbaines et très peu les zones rurales à faible densité de population, évidemment beaucoup moins rentables, en termes de retours sur investissement.

L'accord signé le 14 novembre précise que "Sur les 11 millions de logements qui seront couverts (en fibre) par France Télécom-Orange et SFR en dehors des zones très denses, 9,8 millions correspondent à des agglomérations pour lesquelles les projets de déploiement des deux opérateurs se recoupaient". Au terme de cet accord, sur ces 9,8 millions de logements, SFR en réalisera 2,3 millions et France Télécom-Orange 7,5 millions.

Afin d'éviter les investissements en "double emploi", l'accord désigne, pour chaque collectivité locale, l'opérateur maître d'œuvre susceptible d'assurer la meilleure couverture dans les meilleurs délais.

Autre point important : Orange et SFR précisent qu'ils ont pris "l'engagement de couvrir chaque commune dans les 5 ans qui suivent l'initialisation des déploiements". Concrètement, les opérations de déploiement démarreront dans l'ensemble des communes entre 2012 et 2015 et s'achèveront, au plus tard, en 2020, selon les termes de cet accord. En intégrant les déploiements dans les zones à forte densité de population, ce sont finalement près de 60 % des 26 millions de foyers français qui seront desservis par la fibre optique à l'horizon 2020, dans le cadre de cet accord historique.

Reste la question des 10 millions de foyers restants (quatre foyers sur dix) pour lesquels SFR et Orange sont disposés à coopérer avec les collectivités locales concernées pour mettre en œuvre, au cas par cas, les meilleures solutions techno-économiques.

S'agissant des contenus et services numériques, SFR et Orange s'engagent "à être commercialement présents sur les zones de l'accord en souscrivant aux offres de gros de celui qui déploiera localement le réseau".

Le but de l'Etat est de couvrir 100 % des foyers français en fibre optique d'ici 2025, une couverture estimée à 24 milliards d'euros par l'Arcep, soit environ 1000 euros, en moyenne, par foyer raccordé.

Dans le cadre du grand emprunt, le gouvernement a alloué deux milliards d'euros pour les infrastructures numériques, dont 750 millions de subventions réservées aux zones peu denses et 250 millions aux zones les plus reculées.

Reste qu'actuellement, moins du quart des foyers français (6 millions de logements) sont raccordés au très haut débit fixe via la fibre optique, mais, ce qui est encore plus alarmant, il n'y a que 600 000 foyers  -moins d'un foyer raccordable sur 10- qui ont souscrit un abonnement optique !

La raison de ce très faible taux d'abonnement est assez simple : pour l'utilisateur moyen disposant de 18 ou même de 12 mégabits/seconde, une connexion à l'Internet et à la TV numérique via l'ADSL est largement suffisante pour la grande majorité des usages et services dont il a besoin.  

Mais la demande en bande passante et en débit devrait exploser dans les 3 à 5 ans qui viennent sous l'effet de plusieurs avancées technologiques convergentes. La première est la généralisation des offres multi-écrans qui permettent, à partir de la même "box", de regarder simultanément sur plusieurs téléviseurs des programmes différents. L'autre révolution technologique concerne l'arrivée massive des téléviseurs connectés, conçus pour naviguer sur le Net. De plus, la 3D et la HD de nouvelle génération vont être de plus en plus exigeantes en bande passante.

Il faut également souligner le prochain déploiement du réseau mobile à très haut débit 4G, dont les licences sont en cours d'attribution. Or, le 4G voudrait être au 3 G ce que la fibre optique est aux réseaux ADSL sur cuivre sur câble téléphonique. Grâce à la technologie LTE (Long Term Evolution) qui promet des débits d'au moins 50 Mbits/s entre l'antenne-relais et le mobile et à l'intégration complète du protocole IP, la 4G va constituer le "chaînon manquant" pour véhiculer les services multimédia à très haut débit vers l'utilisateur, où qu'il se trouve.

Mais la révolution technologique la plus radicale va peut-être venir d'une avancée liée aux progrès conjoints de l'électronique, de la physique et des télécommunications. Des chercheurs japonais de l'université d'Osaka et du fabricant Rhom ont en effet réussis à créer une puce capable de transférer des données sans fil à des vitesses comparables à celles obtenues par la fibre optique !

En utilisant le potentiel des ondes "térahertz", situées entre la lumière et les ondes radio sur le spectre électromagnétique, les chercheurs japonais ont pu échanger des données sans fil à un débit de 1,5 Gb/s. Mais ce n'est qu'un début car ces chercheurs sont convaincus qu'il est possible d'atteindre des vitesses de l'ordre de 30 Gb/s grâce à ce nouveau type de puce. La fabrication en série de ces puces devrait commencer d'ici 5 ans.

C'est dans ce contexte d'effervescence technologique et économique que le Sénat est venu jeter un pavé dans la mare avec le rapport d'Hervé Maurey et Philippe Leroy concernant l'aménagement optique et numérique du territoire. Dans ce rapport publié cet été et qui ne manie pas la langue de bois, on peut lire qu'il sera tout simplement  impossible pour le gouvernement de tenir ses objectifs de couverture, notamment dans les zones les moins denses.   

Certes, l'accord entre Orange et SFR est venu depuis changer la donne et redonner des couleurs au déploiement généralisé de la fibre optique mais les propositions et conclusions de ce rapport méritent tout de même d'être méditées. Parmi celles-ci, il est notamment proposé, sur le modèle australien, de confier les déploiements à des entreprises du BTP "pour qui les questions de retour sur investissements à long terme ne posent pas de problème, contrairement aux opérateurs télécoms". Ces entreprises pourraient ensuite louer leurs concessions aux opérateurs.

Autre proposition qui fait couler beaucoup d'encre : garantir un accès opposable au haut débit à 2 Mb/s dès 2012 et 8 Mb/s en 2015. Les ménages qui seraient encore privés d'accès haut débit à cette vitesse à ces échéances pourraient alors poursuivre l'Etat ! Il y a quelques jours, ce rapport a inspiré une proposition de loi reprenant l'essentiel de ses propositions. Le texte propose par exemple de rendre obligatoire un plan d'aménagement numérique départemental intégrant le haut débit, fibre et mobile.

Ces réflexions et initiatives parlementaires sont intéressantes car elles placent notre pays devant ses responsabilités : il est en effet inconcevable, compte tenu de la rapidité de la mutation planétaire vers l'économie numérique et cognitive et de la nécessité de sortir par l'innovation et la créativité de la crise mondiale sans précédent que nous traversons, que notre pays attende 2025 pour que chaque foyer dispose enfin d'un accès à très haut débit à l'Internet et aux services numériques. Il faut donc changer de logique, combiner et intégrer les révolutions technologiques en cours pour que dans 5 à 7 ans au plus tard et non dans 15 ans, échéance trop lointaine, 90 % des foyers français puissent avoir accès au très haut débit, soit directement par voie optique physique, soit par le biais des nouvelles technologies très haut débit radio ou satellitaire.

Le mieux est souvent l’ennemi du bien et comme il est peu probable, en cette période de crise financière et de restriction durable des finances publiques que la collectivité trouve les ressources pour réaliser, dans un délai rapide, le raccordement optique de tous les foyers français et qu'on peut également douter que les opérateurs privés, malgré l'accord entre Orange et SFR, soient pressés d'aller installer la fibre optique au fond de nos campagnes, il faut changer notre approche à la fois sur le plan économique, en imaginant de nouveaux types de partenariat public-privé et, sur le plan technologique, en misant sur une combinaison entre fibre optique et nouvelles technologies très haut débit sans fil, qu'elles soient satellitaires, optique (Laser) ou radio. 

Un proverbe chinois dit "Qu'importe que le chat soit noir ou blanc pourvu qu'il attrape des souris". Face à l'arrivée de nouvelles technologies très haut débit sans fil que nous ne pouvions même pas imaginer il y encore cinq ans, nous devons faire preuve de pragmatisme et d'imagination et utiliser pleinement le potentiel de ces nouveaux outils, en association avec la fibre optique, pour diviser par deux ou trois le délai de généralisation du très haut débit pour tous et entrer pleinement dans la société de la connaissance.

René  TREGOUET

Sénateur Honoraire

Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat

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  • J.T.

    30/07/2016

    Nouveaux composants adaptables sur l'existant pour augmenter les débits de transmission numérique en radio, télévision, internet, adaptables sur l'existant !
    - http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=15365

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