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Le cervelet pense aussi !

Au cours des trois derniers siècles, de nombreux travaux ont montré que le cervelet joue un rôle majeur dans la coordination des mouvements. Pour pouvoir effectuer un mouvement, il faut que l’enchaînement et la durée des mouvements élémentaires de chaque segment corporel impliqué dans le geste puisse être coordonné de façon très précise. Il est actuellement clairement démontré que le cervelet assure cette fonction de contrôle temporel grâce à un circuit en boucle : il reçoit du cortex sensoriel et moteur des informations sur l’intention d’un mouvement puis transmet en retour les caractéristiques adéquates en terme de direction, de force et de durée au cortex moteur.

Mais cette importante fonction motrice a occulté un certain nombre d’autres fonctions qui n’ont été précisées que depuis 2 décennies à la suite de l’observation et de l’évaluation de patients présentant des lésions cérébelleuses ou des atteintes liées à des pathologies dégénératives. En effet, il existe des connexions cérébello-corticales avec des aires non motrices.

Le syndrome cognitivo-affectif cérébelleux a notamment été décrit par le Docteur Schmahmann en 1998. Il associe des troubles dysexécutifs, de la cognition spatiale, du langage et des changements de la personnalité. Il semblerait que ce soit surtout les régions postérieures du cervelet qui sont impliquées dans les fonctions cognitives. Toutefois, ces études ont porté sur un petit nombre de cas limitant les conclusions de celles-ci.

Dans Brain, une équipe italienne a publié les résultats d’une analyse qui a porté sur 156 des 223 cas observés entre 1997 et 2007 dans la Fondation du Laboratoire des Ataxies de Sainte Lucie. Soixante-dix-huit patients avaient des lésions focales et 78 une atrophie cérébelleuse. Les malades ont bénéficié d’évaluations neuropsychologiques classiques portant sur les différents domaines mais aussi d’explorations de la capacité de réaliser des séquences visuospatiales, de langage et  d’images. Il apparaît que les patients ayant le plus de troubles cognitifs sont ceux dont l’atteinte siège dans le territoire de la PICA (artère cérébelleuse postérieure inférieure) ou touche les noyaux profonds. Ces auteurs concluent en précisant que le cervelet joue un rôle supramodal de séquençage des différentes actions cognitives.

Ce type de travail a un intérêt multiple. Il permet de mieux considérer les plaintes attentionnelles et comportementales rapportées par les patients mais aussi de sortir des représentations du fonctionnement cérébral datant d’un siècle attribuant des fonctions très compartimentées aux différentes zones cérébrales.

JIM

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