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Les cellules souches au secours des victimes d’infarctus du myocarde

Pour la première fois au monde, des médecins américains démontrent l’efficacité d’un traitement régénérateur révolutionnaire.

Cette annonce est à la fois une éclaircie et une promesse. Eclaircie dans l’épaisse forêt des publications contradictoires quant à l’intérêt médical à accorder aux cellules souches humaines. Promesse dans le développement à court terme d’une amélioration des traitements de l’infarctus du myocarde, cette affection fréquente, handicapante, parfois mortelle et socialement coûteuse.

Résumons : pour la première fois au monde une équipe de médecins américains apporte la démonstration que des cellules souches (présentes au sein du muscle cardiaque de chacun) peuvent aider à améliorer les performances d’un cœur infarci.

Ces résultats ont été rendus publics lundi 14 novembre à Orlando (Floride) dans le cadre d’un meeting scientifique de l’Association américaine de cardiologie. Ils font également l’objet d’une publication détaillée sur le site de l’hebdomadaire médical britannique The Lancet. Le travail a été mené sous l’autorité des Professeurs Roberto Bolli (University of Louisville) et Piero Anversa (Brigham and Women’s Hospital, Harvard Medical School, Boston).

L’infarctus du myocarde, la plus fréquente des «crises cardiaques» est la conséquence d’un brutal arrêt d’une partie de la vascularisation du muscle myocardique. On sait que ce phénomène est dû à l’obturation plus ou moins importante de la circulation sanguine dans le réseau des artères coronaires. Quand il n’est pas mortel, ce phénomène a pour conséquence, au-delà de la crise douloureuse qu’il provoque, d’entraîner une destruction irréversible d’une fraction de ce muscle qui a été durablement privée d’oxygène.

Corollaire: diminution de la puissance de la pompe cardiaque (calculée à partir de la fraction d’éjection du ventricule gauche) avec tous les symptômes et les insuffisances qui l’accompagnent.

Depuis deux ou trois décennies, de nombreux progrès ont été réalisés dans la prise en charge médicale et chirurgicale des personnes victimes d’infarctus; grâce notamment au développement des Samu et des unités hospitalières de soins cardiaques intensifs. Pour autant, la restitution ad integrum du muscle infarci demeurait un objectif inaccessible. Du moins jusqu’au début des années 2000, quand on a découvert que des cellules souches étaient toujours présentes au sein du muscle cardiaque des organismes adultes.

  • Redonner vie au muscle

Par définition, de telles cellules sont à la fois capables de se reproduire à l’identique et/ou de se diviser en donnant naissance aux cellules différenciées (musculaires et vasculaires) qui constituent la pompe cardiaque.

C’est dans ce contexte qu’ont été menés chez l’animal les premiers travaux expérimentaux. Ils  ont démontré qu’il était possible, en pratique, de redonner vie à un muscle cardiaque infarci. La tentative n’avait toutefois pas encore été réalisée chez l’homme. C’est désormais chose faite, avec succès.

L’équipe américaine  explique avoir procédé à un essai clinique (dit de phase I) destiné à établir l’innocuité, la faisabilité de la technique ainsi que le principe de son efficacité. Elle précise avoir travaillé grâce à des fonds publics et respecté toutes les dispositions réglementaires et éthiques en vigueur aux Etats-Unis.

Cet essai a au total été mené chez vingt-trois personnes ayant été victimes d’un infarctus du myocarde sévère, entraînant une fraction d’éjection du ventricule gauche inférieure à 40 %. Toutes avaient bénéficié d’un pontage aorto-coronarien. Deux groupes ont été constitués. Dans le premier, sept malades ont été pris en charge de manière standardisée. Chez les seize autres, les médecins ont injecté (via un simple cathéter, en différents endroits du système vasculaire coronarien) environ un million de cellules souches quatre mois après l’intervention de chirurgie cardiaque. Ces cellules avaient préalablement été prélevées au sein d’une petite zone du muscle cardiaque chez chaque malade avant d’être cultivées et différenciés in vitro.

Au final, les chiffres sont éloquents : chez quatorze des seize malades du second groupe, la fraction d’éjection du ventricule gauche est passée, quatre mois après l’injection, de 30,3 % à 38,5 % tandis qu’elle demeurait inchangée dans le premier groupe. Mieux encore, un an après l’injection de cellules souches, le pourcentage était passé à 42,5 % soit un gain total de 12,3 %. Et cette amélioration spectaculaire de la fonction cardiaque a été confirmée via l’imagerie par résonance magnétique nucléaire : la zone musculaire cardiaque infarcie (initialement de 32,6 grammes) a été réduite de 30 % en un an.

Les auteurs qualifient leurs propres résultats de «très encourageants». Ils estiment en substance avoir mis au point ce qui devrait, en toute logique, constituer une avancée majeure dans le traitement complémentaire des formes les plus sévères des infarctus du myocarde.

Si ces résultats sont confirmés, une question annexe pourrait bientôt émerger, comme c’est le cas avec certaines avancées thérapeutiques : le détournement de la technique à des fins d’améliorations substantielles des capacités d’un muscle cardiaque normal. Des sportifs (et leur entourage) en rêvent sans doute déjà.

Slate

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