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Cellules souches : une première française

Des chercheurs de l'université Paris-Sud-XI (avec l'Inserm et le CNRS) viennent d'obtenir la première lignée française de cellules souches embryonnaires humaines à partir d'un embryon porteur d'anomalies chromosomiques importantes (trisomie 1 et monosomie 21) et recueilli à l'issue d'un diagnostic préimplantatoire. Cette première a été rendue possible grâce aux modifications des lois de bioéthique en 2004. Depuis la sortie des décrets d'application en février 2006, plusieurs autres équipes se sont lancées dans la course en France, notamment à Strasbourg et à Montpellier.

Alors que dans le monde, il existe déjà deux cents lignées de ce type, notamment aux États-Unis et outre-Manche, en Corée et en Iran. L'obtention de cette première lignée de cellules à la base d'une possible médecine régénératrice est un franc succès pour l'équipe du Pr Annelise Bennaceur-Griscelli (unité Inserm 602).

C'est aussi une bonne nouvelle pour toute la communauté scientifique française car cette lignée de cellules dotées de toutes les potentialités (pluripotentes) est mise à la disposition de tous ceux qui désireront y réaliser des recherches. L'embryon avait été obtenu à l'issue d'un diagnostic préimplantatoire (DPI) mis en oeuvre pour un couple qui avait déjà perdu deux bébés d'une grave malformation cardiaque liée à ces anomalies chromosomiques. La femme de ce couple avait fait précédemment plusieurs fausses couches, probablement pour la même raison. Grâce au DPI, les biologistes de la reproduction ont détecté et réussi à réimplanter un embryon indemne de l'anomalie.

En revanche, ils ont repéré d'autres embryons anormaux à partir desquels ils ont prélevé des cellules et obtenu une seule lignée embryonnaire. Un travail difficile car les résultats ne dépassent guère les 20 % à 30 % quand on procède à partir d'embryons anormaux, et donc difficilement viables (contre 50 % à partir d'embryons sains).

« Nous avons voulu partir de quelque chose de difficile, mais d'éthiquement irréprochable, confie Annelise Bennaceur-Griscelli. Mais c'est tout un art de réussir à faire pousser de telles cellules, de les maintenir en vie et de les rendre immortelles. » Avec Olivier Féraud, l'équipe a d'abord obtenu de cinquante à soixante cellules mais aujourd'hui, elle en possède plusieurs milliards toutes identiques et pluripotentes. « Nous avons déjà réussi à faire se différencier certaines d'entre elles en cellules de myocarde et nous allons tenter de vérifier si elles sont porteuses des anomalies similaires à celles observées chez ces enfants », poursuit-elle.

Autre réussite, l'obtention de cellules souches capables de donner naissance à toutes les cellules du sang (globules et plaquettes). Et ce en quantité bien supérieure à ce que l'on observe d'habitude, peut-être en raison de l'anomalie chromosomique initiale. L'équipe a réussi également à faire naître des lignées de cellules nerveuses qui seront mises à la disposition du Pr Marc Peschanski, spécialiste des cellules souches dans les maladies neurodégénératives au génopole d'Évry.

Figaro

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