Edito : Des cellules-souches pour réparer le cerveau et prévenir le vieillissement
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La science ne s'arrête jamais, même pendant la torpeur estivale, et ce mois d'août 2001 a été particulièrement riche en découvertes dans le domaine en pleine effervescence des cellules-souches appliquées au traitement des maladies du cerveau et du système nerveux. Annoncée au coeur du mois d'août, la première de ces découvertes n'a pas fait l'objet d'un grand écho médiatique. Il s'agit pourtant d'une avancée considérable dans la compréhension du fonctionnement de notre cerveau. Des chercheurs australiens de l'Institut de recherche médicale Walter et Eliza Hall à Melbourne ont en effet découvert que le cerveau possède la capacité de produire lui-même de nouveaux neurones grâce à ses cellules-souche. Dirigé par le Dr Perry Bartlett, l'équipe scientifique a réussi à isoler, dans le cerveau de souris, les cellules-souche qui peuvent produire de nouvelles cellules nerveuses. Cette découverte ouvre la perspective de restaurer, sans transplantation de cellules externes, les fonctions cérébrales pour des personnes victimes de lésions du cerveau provoquées par des maladies neurodégénératives. Ces recherches démontrent que les cellules-souche d'adulte ont la capacité de se transformer en différents types de tissu, comme les cellules embryonnaires. Le Professeur Bartlett indique qu'une cellule-souche d'un cerveau d'adulte pourrait produire des dizaines de milliers de nouvelles cellules nerveuses. La prochaine étape de ces recherches sera de trouver des médicaments pouvant stimuler ce processus normal afin que le cerveau puisse lui-même réparer des dommages provoqués par des accidents vasculaires ou des maladies telles qu'Alzheimer, ou Parkinson. La deuxième avancée importante est venue du Québec où l'équipe de l'Institut neurologique de Montréal (INM) de l'Université McGill, dirigée par le Docteur Freda Miller, a constaté que les cellules souches de la peau, programmées pour générer des cellules cutanées exclusivement, peuvent être transformées afin de donner naissance à des neurones ou à des cellules musculaires, selon les besoins. Les scientifiques ont isolé des cellules-souche du derme de souris adultes. Ils les ont mises en culture et ont constaté que ces dernières se multiplient au contact d'éléments nutritifs ou facteurs de croissance. Ces cellules donnent ensuite naissance à différentes sortes de cellules et notamment des neurones. Les chercheurs doivent encore implanter ces cellules-souche de la peau dans le cerveau de souris et observer si elles prolifèrent et remplacent les cellules lésées. Point capital, comme les cellules introduites dans le patient sont ses propres cellules, elles pourront produire des cellules neurales endommagées par une lésion de la moelle épinière ou par la maladie de Parkinson, sans risque de complications, comme c'est le cas avec une greffe de donneur. La Troisième découverte est américaine. L'équipe, dirigée par le professeur Evan Snyder, de l'école médicale de Harvard, à Boston, a prélevé ces cellules-souche dans une région donnée du cerveau d'un foetus humain. Elle les a ensuite mises en culture avant de les marquer biologiquement pour les identifier ultérieurement. Les chercheurs ont injecté près de 20 millions de ces cellules dans le cerveau de trois singes. Le professeur Synder a découvert que les cellules-souche s'étaient très bien intégrées à leur nouvel environnement. En cinq semaines, une partie des cellules humaines avait migré jusqu'au système nerveux central du foetus du singe. Certaines s'étaient transformées en neurones, d'autres en cellules nourricières. Enfin, la quatrième découverte, non moins surprenante que les précédentes, confirme la capacité remarquable de régénération du cerveau : des cellules du cerveau apparemment mortes ont été ramenées à la vie par une équipe de chercheurs anglo-américains. En effet, en injectant directement dans le cerveau de souris des facteurs de croissance du tissu nerveux (NGF), Jonathan Cooper, du collège royal de Londres, et William Mobley de l'Université de Stanford (Etats-Unis), ont fait revivre des neurones de souris détruits par la maladie d'Alzheimer. Ils ont ainsi découvert l'existence d'un barrage qui empêche les facteurs de croissance d'atteindre ce secteur du cerveau. En passant outre cette barrière, Cooper a injecté directement les facteurs de croissance dans le liquide cérébral. A sa grande surprise, non seulement les neurones abîmés auraient été réparés, mais leur nombre aurait été restauré, même chez les souris les plus atteintes. Ces recherches démontrent de manière éclatante et convergente l'extraordinaire plasticité du cerveau ainsi qu'une capacité tout à fait surprenante et insoupçonnée de régénération. Ces recherches confirment par ailleurs le rôle des cellules-souches dans la physiologie du développement cérébral. Ces découvertes ouvrent enfin d'immenses perspectives thérapeutiques dans la prévention et le traitement des maladies qui affectent le cerveau. Les scientifiques sont à présent persuadés qu'il sera un jour possible de prévenir ou de traiter in utero de graves affections neurologiques (sclérose en plaques, maladies de Parkinson, d'Huntington ou d'Alzheimer) aussitôt que celles-ci auront été diagnostiquées avant la naissance de l'enfant. Il est même envisageable qu'une maladie aussi complexe que l'autisme puisse être soignée in utero avec ces nouveaux moyens thérapeutiques. On observe enfin, à la lumière de ces découvertes, que les cellules-souches adultes, non embryonnaires, possèdent une plasticité et un potentiel de transformation bien plus importants que ce qu'on imaginait jusqu'à présent même si ces extraordinaires capacités sont encore loin d'être totalement maîtrisées et exploitées. Cette étonnante propriété du vivant ouvre un immense champ de recherche pour les décennies à venir et aussi de grands espoirs car on peut imaginer qu'il sera un jour possible de produire "sur mesure" et sans aucun risque de rejet, pour chacun d'entre nous, des cellules nerveuses, musculaires ou sanguines à partir de quelques cellules de notre peau par exemple. On pourrait alors réparer de manière quasi-parfaite, et à tous les stades de la vie, des dommages, même très graves, causés par la maladie ou les accidents. On peut également espérer que les progrès de ces recherches rendront inutiles, ou exceptionnels, dans un délai raisonnable, le recours aux cellules-souches embryonnaires qui soulève des problèmes éthiques évidents. Cette révolution médicale naissante va faire entrer la médecine dans une nouvelle ère et pourrait d'ici une génération atténuer de manière considérable les conséquences médicales et sociales du vieillissement inéluctable de notre population. Il nous faut à présent intégrer ces nouvelles perspectives pour imaginer et préparer le monde de 2025 et faire en sorte que nous puissions tous avoir accès à cette médecine triomphante. Cela suppose que nous ayons le courage de faire de véritables choix de société quant aux moyens que notre collectivité souhaite consacrer à la recherche scientifique et au financement social de ces traitements du futur qui seront très techniques et très coûteux. Ce débat capital doit être clairement posé et ouvert sans tarder car il constitue plus que jamais un enjeu social, politique et démocratique majeur de ce nouveau siècle.
René TRÉGOUËT
Sénateur du Rhône
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soumaya
8/10/2012cette decouverte conserne les enfants atteind par imfirmite motrice cerebral est ce qu"elle est appliquable maintenant ou pas?