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Cellules souches : la frustration croissante des biologistes français
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Dernière information du front de la recherche sur les cellules souches : un groupe de biologistes et de médecins dirigé par le docteur Michel Lévesque (Centre médical Cedars-Sinai, Los Angeles) a révélé, lundi 8 avril, avoir, pour la première fois au monde, obtenu une importante amélioration clinique chez une personne souffrant de la maladie neurodégénérative de Parkinson. A partir d'une nouvelle approche de thérapie cellulaire, le groupe américano-canadien annonce avoir pu, après prélèvement de cellules souches au sein du système nerveux central du patient, réduire de manière significative - dans une proportion, selon lui, de "80 %" - l'intensité des symptômes (tremblement, rigidité musculaire) dont souffrait un homme d'une quarantaine d'années. Après prélèvement et mise en culture, les cellules souches ont été transplantées dans la région cérébrale connue pour être directement impliquée dans la physiopathologie de la maladie de Parkinson. "Nous avons besoin de mener des études supplémentaires, a expliqué le docteur Lévesquelors d'une assemblée de l'Association américaine des chirurgiens neurologiques organisée à Chicago.Il s'agit néanmoins du premier cas montrant qu'une technique exploitant des cellules souches adultes peut fonctionner." "Nous avons prélevé chez notre premier patient un fragment tissulaire d'une région corticale d'un volume inférieur à celui d'un petit pois", a précisé le docteur Lévesque, expliquant avoir pu, ensuite, extraire des cellules souches neuronales productrices du neuromédiateur dont sont privées les personnes souffrant de la maladie de Parkinson. Le docteur Lévesque a, d'autre part, indiqué que, sur la base de ce premier et spectaculaire résultat, la Food and Drug Administration (FDA) américaine avait donné son feu vert pour que cette thérapeutique expérimentale soit prochainement testée sur plusieurs dizaines de malades. Cette annonce conforte l'opinion de ceux qui sont persuadés qu'en biologie, comme en médecine, le futur proche sera totalement différent de celui que l'on imaginait dans les dernières années du deuxième millénaire. Telle est la conviction partagée par l'ensemble des participants au colloque international sur les cellules souches et la thérapie cellulaire organisé du 25 au 27 mars, à Paris, par l'Académie des sciences et l'Académie nationale de médecine conjointement avec l'Académie des sciences médicales du Royaume-Uni. Ce colloque, auquel participaient les principales équipes engagées à travers le monde dans les recherches sur les cellules souches et le clonage des mammifères, a permis de prendre la mesure de l'enthousiasme qui anime les biologistes face au nouvel espace de connaissance et de maîtrise du vivant qu'offrent aujourd'hui ces cellules. Les caractéristiques de ces cellules, et le fait que l'on sait depuis peu les isoler et les cultiver, laissent espérer l'avènement d'une nouvelle médecine. Dite régénératrice, cette dernière cherche à pallier les lésions tissulaires observées dans de très nombreuses affections dégénératives aujourd'hui incurables. De telles cellules peuvent être isolées dans un organisme adulte et au sein du sang du cordon ombilical. Elles peuvent aussi provenir d'embryons obtenus après fécondation in vitro et détruits à un stade précoce de leur développement. Lors du colloque parisien, les diverses communications ont montré qu'aucune de ces voies ne pouvait, aujourd'hui, être privilégiée, même si de nombreux chercheurs postulent que les cellules souches adultes, à la différence de celles présentes chez l'embryon, ne présentent pas les caractéristiques qui permettraient une utilisation thérapeutique pleinement efficace. Les premiers acquis expérimentaux de cette nouvelle branche de la biologie ont eu pour effet de bouleverser les conclusions, tenues pour définitives, de l'embryologie. Ils ont aussi soulevé une série de problèmes éthiques face auxquels les législations de la plupart des pays industrialisés ne fournissent aucune réponse, privant de nombreux chercheurs d'une liberté d'action qu'ils réclament de plus en plus clairement. En pratique, seules les équipes britanniques et celles qui, aux Etats-Unis, ne réclament pas de fonds fédéraux, peuvent mener des expériences sur des cellules souches embryonnaires humaines. Plusieurs pays - dont la France - étudient la possibilité de commencer à lever le tabou de la recherche sur l'embryon en autorisant, sous certaines conditions, l'utilisation des embryons conçus dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation ne faisant plus l'objet d'un projet parental. Une solution d'attente a d'ores et déjà été trouvée, en France et en Allemagne notamment, consistant à autoriser l'importation, à des fins de recherche, de lignées de cellules souches embryonnaires créées dans des laboratoires de pays autorisant de manière explicite ou non ce type de travaux. Mais cette initiative ne peut satisfaire les biologistes français.
Le Monde : http://www.lemonde.fr/article/0,5987,3244--270563-,00.html
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