Edito : cannabis : il faut dire la vérité à nos concitoyens
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Le gouvernement a validé en début de semaine un plan quinquennal d'action contre la drogue, le tabac et l'alcool qui donne la priorité aux jeunes générations avec notamment pour objectifs de "casser l'expansion du cannabis ». Ce plan est d'autant plus nécessaire qu'une enquête rendue publique par l'Inserm en avril 2004 confirme l'accroissement de la consommation de cannabis chez les jeunes Français, un phénomène observé depuis dix ans dans la plupart des pays européens ainsi qu'au Canada où la consommation globale de cannabis a presque doublé depuis 13 ans. A cet égard, je regrette vivement la décision annoncé mardi par le gouvernement canadien de déposer prochainement un projet de loi visant à légaliser l'usage du cannabis et j'espère que le Parlement canadien aura la sagesse de ne pas adopter ce texte.
Depuis 1999, la France arrive en tête des pays européens avec 22 % des jeunes de 16 ans qui ont consommé du cannabis. En France, entre 1993 et 2002, l'expérimentation (avoir au moins consommé une fois le produit) de cannabis a plus que doublé et son usage répété a triplé, aussi bien parmi les garçons que parmi les filles de 17 ans. En France, aujourd'hui, un Français sur 5, et plus d'un jeune de 18 ans sur 2, ont déjà fumé au moins une fois du cannabis. Pour la première fois, dans une même classe d'âge, ceux qui n'ont jamais fumé de joint sont minoritaires ! 12% des jeunes en ont consommé 10 fois ou plus par an et 6% des jeunes en consomment régulièrement. Cette consommation place la France parmi les pays où les jeunes sont les plus " expérimentateurs ». Comme le souligne l'OFDT, la consommation de cannabis se situe désormais au même niveau que celui de l'alcool chez les adolescents. On voit donc que la consommation massive de cannabis chez les jeunes s'est banalisée mais combien parmi ces jeunes connaissent les véritables dangers de cette drogue, qui leur est le plus souvent présentée, avec autant de complaisance que d'ignorance, comme une drogue « douce » et inoffensive. Ces jeunes savent-ils que la fumée de cannabis est plus cancérogène que celle du tabac.
Enfin, une consommation importante de cannabis peut entraîner un syndrome d'amotivation : caractérisé par une passivité, une apathie et une perte d'intérêt. Mais le cannabis ne présente pas seulement de dangers pour la santé physique et psychique des consommateurs, il entraîne aussi des dommages collectifs car il est impliqué dans un nombre croissant d'accidents de la circulation. Une première série d' études, réalisées en 2001 à Toul et à Bordeaux, ont montré que 14 à 17 % des accidents de la route concernant les jeunes de 18 à 30 ans sont dus à l'ivresse cannabique au volant. Selon une autre étude médicale réalisée en 2002 et portant sur le risque d'accident lié à un usage récent de drogues, licites ou illicites, un jeune automobiliste sur cinq a fumé du cannabis peu avant le drame ! Cette étude a été menée, notamment à Lyon et Grenoble, auprès de 900 conducteurs hospitalisés et 900 " témoins ", admis aux urgences pour une autre raison. L'étude a été lancée à l'occasion de l'entrée en vigueur du dépistage systématique des stupéfiants lors des accidents de la route.
Contrairement aux idées reçues selon lesquelles le cannabis serait moins toxique que le tabac sur l'arbre broncho-pulmonaire une équipe de l'INSERM a montré que les cigarettes le contenant peuvent aussi être associées à un risque accru de cancer.En effet, une cigarette de cannabis contient 50 mg de goudrons alors qu'une cigarette de tabac en contient 12 mg, et la concentration en produits cancérigènes de ces goudrons est également plus importante. Ainsi, fumer trois joints est aussi dangereux pour les poumons que fumer 20 cigarettes. Ceux qui considèrent le cannabis moins dangereux pour leur santé doivent être informés de ces réalités scientifiques! Il faut savoir en outre que les dangers liés à la consommation de cette drogue ont considérablement évolués, avec des taux de plus en plus importants de THC (tetrahydrocannabinol), substance psychoactive du cannabis. Comparé aux années 60, le cannabis est actuellement 15 fois plus concentrés en THC. De plus, mélangé à du tabac, les méfaits du cannabis sont démultipliés. Plusieurs études indiquent également un effet négatif du cannabis sur le système immunitaire. Le THC réduirait l'activité des cellules du système immunitaire chargées de protéger les poumons des micro-organismes.
Autre mythe à détruire, le cannabis ne provoquerait pas de dépendance. C'est faux. En réalité cette dépendance existe bel et bien mais elle est diffuse. Il n'y a en effet pas de sevrage lors de l'arrêt de la consommation de cette drogue car elle met beaucoup de temps à disparaître progressivement de l'organisme : le stockage du THC dans les tissus lipidiques (les graisses), en particulier le cerveau, explique sa libération lente, sept jours après, il en reste encore 50% dans l'organisme.et 2 mois après l'arrêt complet du cannabis, on peut encore en retrouver des traces dans les cheveux des fumeurs ! La dépendance psychologique est réelle. En effet la consommation du cannabis obéit à un certain nombre d'habitudes communes et de rites sociaux. Si la dépendance physique demeure relativement faible et se limite essentiellement à des troubles comportementaux, la dépendance psychologique reste assez lourde. Autre réalité longtemps niée mais aujourd'hui incontestable, l'usage régulier et durable du cannabis peut favoriser la survenue de troubles psychiques. Chez certaines personnes fragiles, le cannabis peut déclencher des hallucinations ou des modifications de perception et de prise de conscience d'elles-mêmes : dédoublement de la personnalité, sentiment de persécution. Ces effets peuvent se traduire par une forte anxiété. Enfin, même si ce lien n'est pas encore pleinement établi, il semble, selon un nombre croissant d'indices et d'études scientifiques, qu'une consommation durable et importante de cannabis puisse, dans certains cas, déclencher ou aggraver des pathologies psychiatriques graves, telles que des psychoses ou de schizophrénies.
Trois études, publiées dans le British Medical Journal daté du 23 novembre 2002, apportent des arguments en faveur d'un tel lien et d'une responsabilité du cannabis dans la survenue ultérieure de troubles mentaux. Mais curieusement, ceux qui sont si prompts à vanter les prétendues « vertus » du cannabis et à prôner sa légalisation, n'évoquent jamais tous les effets néfastes de cette drogue sur le plan physique et psychique. On estime généralement à 6% la proportion de personnes présentant des troubles schizophréniques chez les consommateurs importants de cannabis alors que cette proportion est d'environ 1% dans la population générale. «Par ailleurs selon de récentes études, de 13% à 42% des schizophrènes ont été abuseurs ou dépendants au cannabis à un moment de leur existence. Une enquête menée en France » par l'Inserm rapporte que 36% des sujets schizophrènes hospitalisés sont ou ont été dépendants au cannabis.
La consommation de cannabis entraîne aussi des troubles de la mémoire immédiate, des difficultés à se concentrer, une diminution des réflexes, voire, à hautes doses, des troubles du langage et de la coordination motrice. Enfin, une consommation importante de cannabis peut entraîner un syndrome d'amotivation : caractérisé par une passivité, une apathie et une perte d'intérêt. Mais le cannabis ne présente pas seulement de dangers pour la santé physique et psychique des consommateurs, il entraîne aussi des dommages collectifs car il est impliqué dans un nombre croissant d'accidents de la circulation. Une première série d' études, réalisées en 2001 à Toul et à Bordeaux, ont montré que 14 à 17 % des accidents de la route concernant les jeunes de 18 à 30 ans sont dus à l'ivresse cannabique au volant. Selon une autre étude médicale réalisée en 2002 et portant sur le risque d'accident lié à un usage récent de drogues, licites ou illicites, un jeune automobiliste sur cinq a fumé du cannabis peu avant le drame ! Cette étude a été menée, notamment à Lyon et Grenoble, auprès de 900 conducteurs hospitalisés et 900 " témoins ", admis aux urgences pour une autre raison.
L'étude a été lancée à l'occasion de l'entrée en vigueur du dépistage systématique des stupéfiants lors des accidents de la route. Selon le Dr Patrick Mura, responsable de la commission " drogue et conduite automobile " à la Société française de toxicologie, 20 % des conducteurs accidentés de moins de 27 ans avaient des traces de cannabis dans le sang -là où il reste le moins longtemps - contre 9 % dans l'échantillon de témoins. Ces chiffres sont comparables à ceux de la Grande Bretagne où le cannabis est lui aussi responsable de plus de 20% des accidents de la route. Selon le Dr Mura, chez les moins de 27 ans, la fréquence des accidents était multipliée par 2,5 avec le cannabis seul, par 3,8 avec l'alcool seul et par 4,8 en cas d'association des deux drogues.
A 18 ans, 59 % des garçons et 43 % des filles déclarent avoir goûté au cannabis. " Les effets du cannabis peuvent durer entre deux et huit heures. Ils entraînent une baisse de la vigilance, une perturbation de la vision et une désinhibition ", a souligné le spécialiste. A la lumière des connaissances scientifiques récentes il est donc grand temps d'en finir une fois pour toute avec ce mythe dangereux du cannabis drogue « douce », « conviviale » et « inoffensive ». Le cannabis est bien une véritable drogue, qui entraîne une dépendance physique et psychologique et provoque des effets néfastes sur la santé (risque accru de cancer, bronchite et asthme) et le système nerveux (apathie, dépression et dans certains cas psychoses et schizophrénies).
Face à cette réalité, on ne peut plus continuer, par aveuglement idéologique, à nier la dangerosité de cette substance et à affirmer de manière irresponsable et démagogique que la consommation cannabis n'entraîne pas de graves conséquences, tant sur le plan individuel que social. Mais face à ce phénomène de société que représente la banalisation de l'usage du cannabis, et les conséquences parfois tragiques, que cette consommation entraîne dans les domaine de la santé, de l'éducation ou de la sécurité routière, sans parler de la délinquance et de l'économie souterraine générées par le trafic accru de cannabis, nous ne pouvons plus nous en tenir aux discours désinvoltes, irresponsables et dangereux qui nous proposent de considérer comme normal la consommation généralisée de cannabis et de dépénaliser cette drogue pour en faciliter encore d'avantage la consommation.
Nous devons donc dire toute la vérité à nos concitoyens sur les conséquences et les effets liés à la consommation de cannabis. Il ne s'agit pas bien sur de tomber dans une politique de pure répression, aveugle et disproportionnée. Mais nous devons, dès l'école primaire, appeler avec force l'attention des jeunes sur l'aliénation et la perte de liberté que représente cette consommation de cannabis qui les asservit et les diminue, physiquement et psychologiquement, pour le plus grand profit des réseaux criminels organisés. Nous devons enfin avoir le courage de dire avec clarté que la consommation et le trafic de cannabis doivent rester illégaux et punis par la loi car une société civilisée doit favoriser l'épanouissement, la liberté et la créativité de l'individu et non permettre sa soumission, sa dépendance et son asservissement à une substance qui détruit ses potentialités et finalement réduit sa dignité.
René Trégouët
Sénateur du Rhône
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Popop
15/10/2012Edito : cannabis : il faut dire la vérité à nos concitoyens
Et on commence quand à dire la vérité ?