Vivant
- Santé, Médecine et Sciences du Vivant
- Biologie & Biochimie
Cancer : La tumeur ne supporte pas l'amertume de la lidocaïne
- Tweeter
-
-
0 avis :
La lidocaïne pourrait aider à tuer certaines cellules cancéreuses en activant les récepteurs du goût amer, suggère cette étude préclinique menée par une équipe de la Penn Medicine. Des conclusions, présentées dans les Cell Reports, en ligne avec l'effet anticancéreux de cet anesthésique déjà documenté par de précédentes études.
On suspecte depuis longtemps, écrivent les chercheurs de l'Université de Pennsylvanie, que l’anesthésique local induit des effets bénéfiques chez les patients atteints de cancer mais on ignore comment et pourquoi. L’équipe décrypte ici 2 mécanismes d’action uniques de la lidocaïne, souvent utilisée comme anesthésiant dans les procédures médicales ambulatoires qui, en activant certains récepteurs du goût amer, entraînent la mort des cellules cancéreuses. Ces observations ouvrent la voie à un essai clinique visant à tester l'ajout de lidocaïne au traitement standard pour les patients atteints de cancers de la tête et du cou.
De précédentes études de la même équipe avaient montré que les récepteurs du goût amer se trouvent à des niveaux élevés dans de nombreuses cellules cancéreuses de la bouche et de la gorge, où ils déclenchent l'apoptose, et qu'une expression accrue de ces récepteurs amers est corrélée à de meilleurs résultats de survie chez les patients atteints d'un cancer de la tête et du cou. Un autre essai clinique randomisé, cité par les auteurs, a également révélé que la survie au cancer du sein augmentait avec l’administration de lidocaïne avant la chirurgie.
L'étude préclinique, dirigée par les Docteurs Robert Lee et Ryan Carey, professeurs d'oto-rhino-laryngologie et de chirurgie de la tête et du cou, réalisée principalement sur des lignées cellulaires de carcinomes épidermoïdes de la tête et du cou, révèle que le récepteur du goût amer T2R14 est particulièrement élevé dans ces tumeurs ; des résultats qui confirment de précédentes recherches suggérant que ce récepteur est retrouvé à un niveau élevé dans différents types de cellules cancéreuses.
Lorsque le récepteur est activé, il déclenche un processus appelé apoptose, qui provoque la mort des cellules cancéreuses. Les mécanismes spécifiques qui permettent à la lidocaïne d'activer T2R14 sont liés à la surcharge en ions calcium mitochondriaux, qui produit des espèces réactives de l'oxygène susceptibles d'endommager certaines biomolécules et protéines, ce qui entraîne ce mécanisme de mort cellulaire.
« Nous poursuivons cette ligne de recherche depuis des années et sommes nous-mêmes surpris de constater que la lidocaïne cible un récepteur très fortement exprimé dans les cancers : le T2R14 se trouve dans les cellules de tout le corps. Ce qui est incroyablement excitant, c’est qu’il existe de nombreux médicaments existants qui activent T2R14. Nous y voyons des opportunités de repositionnement… ».
Alors que le rôle principal du récepteur T2R14 est de nous permettre de percevoir le goût amer, sa fonction apparaît très différente dans d’autres cellules du corps. Ces premières données suggèrent qu’en injectant la lidocaïne directement à proximité ou autour des tumeurs buccales, le médicament pourrait renforcer l’efficacité des traitements standards de ces cancers.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :
Publication des premières cartes génétiques des répétitions d’ADN liées à des maladies mortelles
Une équipe de recherche dirigée par l'Université de Californie à Irvine a construit les premières cartes de référence génétique pour de courtes longueurs d'ADN répétées plusieurs fois, connues pour ...
Les fumeurs génétiquement inégaux face au cancer du poumon
De nouveaux travaux scientifiques révèlent que le patrimoine génétique confère une protection plus ou moins importante face au cancer du poumon induit par la fumée de cigarette. En cause : ...
Vers un vaccin contre l'hépatite C
70 millions de personnes sont porteuses du virus de l’hépatite C à travers le monde, dont les trois quarts développent des infections chroniques qui peuvent durer des années et provoquer une ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 0
- Publié dans : Biologie & Biochimie
- Partager :