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Cancer du sein : vers un traitement personnalisé en fonction du profil génétique

Pour la première fois en France, un protocole de recherche clinique (SAO2), mis au point par l'Institut Paoli-Calmettes (IPC) de Marseille et la société de biotechnologie Ipsogen, va évaluer l'intérêt qu'il y a à utiliser des puces à ADN pour choisir une chimiothérapie personnalisée chez les femmes atteintes d'un cancer du sein. L'essai, qui démarre ce mois-ci, durera deux ans.

Les personnes opérées d'un cancer du sein suivent un traitement médicamenteux, comprenant une chimiothérapie, éventuellement complétée par une hormonothérapie. "Deux questions majeures se posent actuellement dans le traitement de ce cancer, explique le professeur Patrice Viens, sous-directeur à la recherche clinique de l'IPC. Comment éviter une chimiothérapie inutile pour encore un trop grand nombre de patientes et comment mieux adapter la chimiothérapie pour celles qui en ont besoin ?"

Pour décider du traitement à engager, les médecins se fondent sur des critères relatifs à l'importance de la prolifération tumorale dans le tissu, l'envahissement ou non des ganglions par les cellules malignes, ou encore l'expression de récepteurs hormonaux par la tumeur.

Avec le développement des puces ADN, les praticiens espèrent être capables d'établir un meilleur pronostic d'évolution des cancers. Cette méthode permet en effet d'analyser en une fois des milliers de gènes et d'identifier ceux qui s'expriment. Le test fournit ainsi une sorte de carte d'identité - la signature génomique - du tissu analysé.

Cette technique a été utilisée pour séquencer le génome humain. Plusieurs équipes testent déjà de telles puces pour établir la carte d'identité génomique des cancers du sein, pathologie pour laquelle de nombreux échantillons sont répertoriés. Un essai européen, lancé à partir des travaux d'une équipe néerlandaise, s'intéresse ainsi aux cancers du sein localisés, sans envahissement ganglionnaire.

Le protocole de recherche qui va démarrer à Marseille concerne quant à lui les cancers du sein avec envahissement ganglionnaire. Après avoir été opérées, les femmes concernées suivent un protocole thérapeutique comprenant trois molécules, dont une de la famille des anthracyclines. Un quatrième médicament, de la famille des taxanes, peut être ajouté.

"Avec des puces, nous allons analyser les tumeurs de 375 femmes et établir leur signature génomique, explique Fabienne Hermitte, directrice scientifique d'Ipsogen. Celles qui ont la bonne, ce qui devrait se produire dans les trois quarts des cas, recevront le protocole à base d'anthracyclines. Le suivi durera deux ans."

"C'est un essai qu'il faut faire, confirme le docteur Marc Espié, spécialiste du cancer du sein à l'hôpital Saint-Louis, à Paris. La question est de savoir, pour prédire l'évolution de la tumeur, si le profil génomique sera un facteur de pronostic plus puissant que le nombre de ganglions envahis."

IPC

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