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Cancer du sein : l’Institut Curie veut bloquer la maladie dès ses origines

Dans les laboratoires de l’Institut Curie, les chercheurs décortiquent les mécanismes biologiques, génétiques et épigénétiques qui entrent en jeu au moment où la tumeur se forme puis se développe. L’enjeu – de taille – est de bloquer les mécanismes le plus précocement possible. Décrypter la complexité de ces phénomènes requiert des recherches pluridisciplinaires, des technologies de pointe et des travaux innovants que les scientifiques de l’Institut Curie mènent de front pour apporter des réponses aux patientes et de futures solutions thérapeutiques. Sur le plan médical, tout est mis en œuvre pour accompagner les femmes, de l’annonce jusqu’à l’après-cancer, en leur proposant des consultations dédiées (annonce, psycho-oncologie…) pour les aider à faire face.

« C’est tout l’intérêt de l’Institut Curie : les chercheurs sont au cœur des problématiques des médecins, donc des patientes. La question de l’origine des cancers les animent chaque jour. La compréhension des tout premiers évènements à l’origine du cancer est absolument primordiale car les enjeux et les perspectives sont considérables en matière de prévention, de diagnostic très précoce, avant même l’apparition des signes cliniques de la maladie, mais aussi de prise en charge thérapeutique pour nos patientes », explique le Professeur Pusieux, directeur du Centre de recherche de l’Institut Curie.

Identifier l’origine du cancer de chaque patiente est un enjeu fort à l’Institut Curie. C’est une étape indispensable pour faire de la prévention, des diagnostics précoces, adapter les traitements et optimiser toujours plus les chances de guérison. Une variété de facteurs exogènes et endogènes endommage constamment notre génome tout au long de la vie. Si notre organisme répare sans cesse notre ADN, parfois, les anomalies s’accumulent. Pour les cancers du sein, certains facteurs sont identifiés tels que l’exposition prolongée aux œstrogènes en lien avec une puberté précoce et une ménopause tardive ; la prise d’un traitement de la ménopause au-delà de 10 ans ; une obésité après la ménopause, ou bien l’alcool ; et enfin l’impact du vieillissement sur nos cellules. Le développement d’une cellule mammaire devient incontrôlé et un cancer du sein finit par apparaître.

Il existe une très grande variété de cancers du sein qui présente des caractéristiques différentes, du point de vue génétique, épigénétique et de leur micro-environnement ; ces caractéristiques influençant leur agressivité et leur réponse aux traitements...Cette variété est liée au fait que le développement d’un cancer est un processus dynamique à l’origine d’une grande complexité architecturale, avec des cellules cancéreuses qui évoluent progressivement du fait de la survenue de nouvelles mutations et de l’acquisition d’une plasticité cellulaire exacerbée leur permettant de changer d’identité en réponse aux stress qu’elles subissent. Les équipes de l’Institut Curie s’attachent à comprendre ces phénomènes dès les stades les plus précoces du développement d’un cancer. Mieux appréhender ces phénomènes permet en effet d’identifier de nouveaux points de vulnérabilité des cellules cancéreuses, ouvrant la voie à de nouvelles approches d’interception et de thérapies innovantes, notamment pour les cancers du sein de mauvais pronostic.

Scruter l’origine et la diversité des cancers du sein pour personnaliser les traitements, tel est l’objectif du Docteur Céline Vallot, cheffe d’équipe et directrice de recherche au CNRS, dont les travaux portent sur le rôle de l’épigénétique dans l’apparition du cancer du sein triple négatif et l’adaptation des cellules tumorales aux traitements anticancéreux. « Avec mes collègues à l’Institut Curie, nous cherchons à établir les cartes d’identité épigénétiques de chacune des cellules, individuellement, dans une tumeur. Il s’agit d’établir les caractéristiques non pas de la séquence d’ADN elle-même mais des modifications autour de cette séquence qui influencent l’expression des gènes », explique le Docteur Celine Vallaot. « Pour y parvenir, nous scrutons les cellules tumorales de la glande mammaire sous le prisme du ‘single cell’ (analyse en cellule unique). Grâce à cette méthodologie d’une précision extrême, nous identifions aux stades les plus précoces les profils épigénétiques responsables de leur plasticité, à savoir leur transformation de cellules saines en cellules cancéreuses. In fine, certaines modifications épigénétiques pourraient nous permettre de développer de nouveaux outils diagnostiques ou d’identifier de nouvelles cibles thérapeutiques pertinentes pour le traitement du cancer du sein triple négatif ».

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Institut Curie

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