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Cancer du pancréas : une avancée thérapeutique grâce à deux anticorps monoclonaux

Le cancer du pancréas ne représente que 3 % de l'ensemble des cancers, mais il est la cinquième cause de mortalité par cancer dans les pays occidentaux. Son pronostic est très mauvais. Même après un traitement chirurgical, le taux de survie à cinq ans est inférieur à 20 %. Les chances de survie sont particulièrement faibles dans les cas de tumeurs non opérables ou métastatiques.

De plus, les thérapies conventionnelles par chirurgie, radiothérapie et chimiothérapie ne montrent qu'une efficacité modeste sur les carcinomes pancréatiques et n'augmentent pas réellement les chances de survie. Par exemple, si la gemcitabine est maintenant reconnue comme traitement de référence des tumeurs très développées ou métastatiques, elle n'est responsable que de 5 à 10 % de réponses positives, avec un gain de survie n'excédant pas 3 mois. Les scientifiques cherchent donc de nouvelles cibles thérapeutiques pour développer des traitements plus efficaces.

L'équipe d'André Pèlegrin, à l'Unité Inserm 860, s'est intéressée à deux membres de la famille HER de récepteurs transmembranaires à activité tyrosine kinase : HER1 (EGFR : Epidermal Growth Factor Receptor) et HER2. Dans la majorité des cas de carcinome pancréatique, ces récepteurs membranaires sont exprimés à la surface des cellules cancéreuses. Ils sont impliqués dans l'initiation et la progression des tumeurs.

Les chercheurs ont alors évalué in vivo l'impact d'un traitement associant deux anticorps monoclonaux (anti-EGFR et anti-HER2) dirigés contre ces récepteurs membranaires. Pour cela, ils ont étudié des souris porteuses de xénogreffes de carcinomes pancréatiques. Les chercheurs leur ont injecté, deux fois par semaine pendant quatre semaines, des anticorps anti-EGFR (matuzumab) et anti-HER2 (trastuzumab), soit seuls soit combinés. Les résultats obtenus montrent que l'association des deux anticorps monoclonaux inhibe significativement la progression des tumeurs et peut induire une rémission complète.

Cette combinaison a un effet anti-tumoral supérieur à des doses quatre fois plus importantes d'anticorps seuls. In vitro, les chercheurs ont constaté une baisse de la phosphorylation des récepteurs membranaires EGFR et HER2, consécutive aux injections d'anticorps.

Ces résultats prometteurs devraient permettre la mise en place d'une étude clinique évaluant l'efficacité de l'association anti-EGFR et anti-HER2 sur des patients atteints de carcinome pancréatique. Ces résultats sont d'autant plus remarquables que cette stratégie innovante d'association est aussi efficace sur les tumeurs n'exprimant que très faiblement HER2. Elle pourrait donc permettre de traiter d'autres cancers actuellement exclus des thérapies utilisant ces anticorps (plus de 60 % des cancers du sein par exemple).

Inserm

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