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Cancer colorectal : un traitement sur mesure élaboré grâce à des organoïdes
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Dans le cadre de l'opération « Mars bleu » dédiée au dépistage du cancer colorectal, des chercheurs de l'Institut Gustave Roussy annoncent le lancement d'un essai clinique d'un genre inédit. Celui-ci consiste à créer des mini-tumeurs en 3D qui permettent de tester de multiples traitements disponibles afin de savoir lequel doit être administré selon chaque cas particulier.
Le cancer colorectal est le 3e cancer le plus fréquent et 2e cancer le plus meurtrier, responsable chaque année de plus de 17 000 décès. En 2018, ce sont plus de 43 000 personnes pour lesquelles un cancer colorectal a été détecté. Il se développe sur les parois du côlon ou du rectum à partir d’une tumeur bénigne appelée polype. Ce polype, qui peut apparaître sans symptôme, peut se transformer en cancer dans un processus qui peut durer une dizaine d’années. Diagnostiqué à un stade localisé, il peut être soigné par chirurgie. Mais lorsqu’il se propage et devient métastatique, les choses se compliquent et il ne peut que rarement être guéri : les patients finissent par se trouver dans une impasse thérapeutique.
Une nouvelle étude, menée par des chercheurs de l'Institut Gustave Roussy, vise à proposer aux patients dans cette situation un traitement sur mesure, établi grâce à des organoïdes, soit une copie 3D de leur tumeur réalisée à partir d’un prélèvement. Ces derniers présentent les mêmes caractéristiques du tissu (sain ou malade, par exemple tumoral) dont il est originaire. « A ce jour, la chimiothérapie reste le traitement de référence du cancer colorectal, plus généralement des cancers digestifs. Ces cancers n’ont pas bénéficié des deux révolutions thérapeutiques récentes en oncologie que sont l’immunothérapie et la médecine de précision », explique le Docteur David Malka, oncologue à Gustave Roussy.
Celui-ci ajoute : « Certains patients se retrouvent très vite dans une impasse thérapeutique difficilement acceptable car ils sont souvent encore en état de recevoir d’autres traitements ». C'est pour identifier des options thérapeutiques supplémentaires pour ce profil de patients que les médecins de l'institut Gustave Roussy ont développé Organotreat-01, un essai clinique dit de « médecine personnalisée » qui s’appuie sur des organoïdes. « Cet avatar miniature de cancer reproduit ses particularités : caractéristiques biologiques, résistances aux traitements, reflet de l’histoire thérapeutique des patients… », précise le Professeur Fanny Jaulin, qui codirige l’essai Organotreat-01.
L’objectif de ce premier essai est d’identifier, grâce à ces mini-tumeurs en 3D, le meilleur traitement possible parmi un panel de médicaments et ensuite de l’administrer au patient. « Bien que les organoïdes soient désormais largement utilisés en recherche fondamentale, aucun essai clinique n'en a encore évalué le bénéfice pour guider le traitement des patients atteints de cancers digestifs », ajoute le Professeur Fanny Jaulin. La première étape du projet consiste à créer en laboratoire les organoïdes de patients atteints d’un cancer colorectal avancé mais aussi du foie, des voies biliaires ou encore du pancréas, à partir d'une tumeur qui aura été prélevée de manière non invasive sur le patient.
Puis 26 médicaments de chimiothérapie conventionnelle ou de thérapie ciblée autorisés et indiqués pour le traitement de cancers digestifs, ou dans d’autres types de cancer, sont testés sur les organoïdes en question. Les résultats seront analysés afin d’établir une liste de caractéristiques de la tumeur dans un délai de trois à six semaines suivant la biopsie. L'objectif est double : identifier d’éventuelles options thérapeutiques supplémentaires et administrer au plus vite au patient le traitement qui aura été le plus efficace sur les organoïdes dérivés de sa propre tumeur. Ce procédé permettra également de mieux comprendre pourquoi la tumeur résiste ou répond à certains traitements.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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