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Bras de fer décisif dans l'industrie du disque
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Ce mois-ci, les rappeurs de Public Enemy vont devenir le premier grand groupe à lancer un nouvel album sur Internet, avant même qu'il ne soit disponible dans les bacs des disquaires. Le coupable, pour l'industrie du disque, est un format de compression, le Motion Picture Expert Group-1/Level 3, plus connu sous le nom de MP3. Né d'une volonté intergouvernementale de créer des normes pour la télévision interactive, ce format a été adopté par des sites web, des musiciens, certains constructeurs informatiques - bref par presque tous les intéressés du secteur, hormis les grands labels. Et pour cause : les fichiers MP3 sont faciles à copier, encouragent le piratage et sont difficiles à commercialiser. Les maisons de disques ont tout essayé pour endiguer la déferlante du MP3, que ce soit par la menace ou par des procès. En vain. Selon searchterms.com, un site web qui mesure ce genre de phénomènes, le MP3 est aujourd'hui l'occurrence la plus demandée sur les moteurs de recherche - avant même le mot "sexe". La Fédération internationale des industries phonographiques (IFPI) estime que quelque 3 millions de morceaux sont téléchargés quotidiennement sur Internet, le plus souvent piratés. En octobre dernier, le Rio, un baladeur capable de télécharger des fichiers MP3 directement sur le web, est arrivé sur le marché. Il peut enregistrer jusqu'à soixante minutes de musique. Aujourd'hui, les maisons de disques se battent pour établir leur propre norme sécurisée. En décembre de l'année dernière, les cinq plus grands labels - Warner Music, Sony Music, Universal, BMG et EMI - ont lancé la Secure Digital Music Initiative (SDMI), qui rassemble 150 sociétés (prestataires de contenu, fabricants de matériel et éditeurs de logiciels). La SDMI travaille nuit et jour à mettre au point ses formats avant que le MP3 n'ait submergé le marché et elles vont continuer à le faire jusqu'au 30 juin, date à laquelle les nouvelles normes devront être . Si la SDMI connaît le succès, elle constituera un créneau décisif pour les sociétés de haute technologie. Tous veulent leur part des milliards de transactions que la diffusion de musique en ligne ne manquera pas de générer. A présent, tous les grands labels vont unir leurs forces avec IBM pour lancer un test sur le marché. Mille foyers californiens de San Diego auront le droit d'acheter et de télécharger des albums en utilisant le système d'achat sécurisé mis au point par IBM. Combien d'argent cette nouvelle activité va-t-elle générer ? Des analystes du secteur ne sont guère optimistes quant aux perspectives à court terme. Jupiter Communications estime qu'aux Etats-Unis les ventes par téléchargement ne dépasseront pas 30 millions de dollars en 2002. Toutefois, à long terme, il existe un potentiel considérable. En effet, Internet offre bien davantage de possibilités pour la diffusion de la musique que le CD. Par exemple, il existe une bien plus grande souplesse en matière de fixation des prix. Ceux-ci pourraient varier selon la fréquence d 'écoute, en fonction de la popularité de l'artiste et selon que la concurrence a lancé ou non un album. Les fans pourraient obtenir des remises sur l'album de leur groupe préféré s'ils achètent aussi un tee-shirt et un billet pour le concert.
Courrier International http://www.courrierint.com/hebdo/somheb.htm
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