De bonnes publications, mais des brevets trop rares
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Les publications dans les revues scientifiques sont à la recherche fondamentale ce que les immatriculations sont à l'industrie automobile : un moyen de mesurer ses performances et, surtout, de se situer par rapport à la concurrence. Dans un rapport remis au président de la République, le 24 avril dernier, le Comité national d'évaluation de la recherche (Cner), présidé par l'académicien Jean Dercourt, estime que «la production des scientifiques travaillant en France est assez honorable». D'après les statistiques de l'Observatoire des sciences et des techniques (OST), la France occupe le cinquième rang mondial pour la période 1982-1997, derrière les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l'Allemagne. En outre, sa production est en très légère augmentation alors que celle des États-Unis baisse, l'Europe des Quinze pointant désormais à la première place. Si l'on prend maintenant le taux de citation de chaque article dans d'autres revues, qui mesure la «visibilité» et donc la qualité de la production scientifique, la France est moins bien placée. Son «indice d'impact», «à deux ans» (on compte le nombre de références à un article deux ans après sa publication) se situe au-dessous de la moyenne mondiale et européenne mais reste stable sur les dix dernières années, alors que le Japon est en baisse sensible. Les dépôts de brevets, qui mesurent la performance de la recherche appliquée ou industrielle, sont en baisse très nette. Dans son rapport, le Cner constate qu'entre 1995 et 2000 «les positions de la France et du Royaume-Uni se sont fortement érodées» en Europe avec des baisses respectives de 15 et 11%. C'est donc bien la valorisation industrielle des connaissances produites dans notre pays qu'il convient d'améliorer. Pour y parvenir, le ministère de la Recherche consacrera l'an prochain 679 millions d'euros au développement de partenariats entre recherches publique et privée, au travers notamment du Fonds de recherche technologique (FRT), dont les crédits augmentent de 27 %. «Les entreprises ont besoin d'avoir autour d'elles des laboratoires publics qui font de la bonne recherche fondamentale et réciproquement», explique-t-on au ministère. Ce n'est certes pas en démantelant le CNRS, comme certains en rêvent depuis longtemps dans les rangs de la majorité, que la recherche industrielle se portera mieux. «La recherche fondamentale prépare les innovations de demain», rappelle le généticien Axel Kahn. C'est aussi un pari sur l'avenir. L'imagerie par résonance magnétique (IRM), qui a valu le prix Nobel de médecine 2003 à deux Américains, est le fruit de cinquante années de recherches fondamentales sur les protons et les champs magnétiques qui n'avaient, au départ, aucune visée applicative.
Figaro :
http://www.lefigaro.fr/sciences/20031024.FIG0228.html
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