Vivant
Une biologiste américaine commence à percer les secrets de l'olfaction
- Tweeter
-
-
0 avis :
Découvrir exactement comment nous sentons, c'est une tâche titanesque à laquelle s'est attelée l'Américaine Linda Buck, l'une des invitées vedettes du récent colloque à Marseille consacré à "l'écologie chimique". Cette chercheuse de la Harvard Medical School est à l'origine des découvertes parmi les plus récentes sur l'olfaction. Les questions qu'elle se pose, qui pourraient être celles d'un enfant de 5 ans, cachent une redoutable complexité: pourquoi le parfum de cette rose jaune est-il différent de celui de cette rose rouge? Comment sait-on reconnaître des milliers d'odeurs sans se tromper? On ne le sait toujours pas très bien. C'est au début des années 90 que Linda Buck commence à résoudre l'énigme. Sa stratégie est originale: plutôt que de chercher les récepteurs des odeurs, qui se cachent au bout des millions de neurones olfactifs, elle préfère humer leur cuisine biochimique. Dis-moi quelle cuisine tu fais, je te dirai qui tu es. En l'occurrence, elle découvre que les "cuistots" ne peuvent être que des molécules très spéciales, répondant au nom de "protéines à sept domaines transmembranaires". Elles seules, à l'approche d'une molécule odorante, sont capables de déclencher une telle cascade de réactions biochimiques dans les neurones. Le chaînon manquant entre le nez et l'odeur est découvert! Elle vérifie très vite son hypothèse grâce à la génétique. Dans les tissus olfactifs, Linda Buck trouve la famille de gènes qui sert justement à la fabrication de ces protéines-récepteurs. Au final, chez le rat, mille gènes différents codent mille types de récepteurs. A côté, la vision semblerait presque primaire, avec ses trois types seulement de photorécepteurs! En d'autres termes, chez le rat, 1 % du patrimoine héréditaire est dédié à l'olfaction, autant que pour le système immunitaire! On savait l'odorat vital chez les animaux, la preuve en est faite par les gènes. Chez l'homme, entre 500 et 750 gènes sont impliqués .Lancée sur la piste des récepteurs-sentinelles du nez, Linda Buck remonte maintenant vers le cerveau. Quel chemin, quel réseau emprunte donc l'odeur pour se faire reconnaître? Même mille sentinelles différentes ne suffisent pas à reconnaître les 10 000 molécules odorantes de l'environnement. "Il faut une combinaison des récepteurs pour coder l'identité de chaque odeur", explique donc Linda Buck. Ainsi pour le patchouli: une panoplie de récepteurs capte ce cocktail de molécules odorantes. Le message chimique est ensuite traduit en excitation électrique, qui court le long des neurones jusqu'au cerveau. Là "s'allument" comme autant de loupiotes des régions particulières du bulbe olfactif. Un motif illuminé qu'il doit reconnaître pour conclure que "c'est du patchouli"! Reste à comprendre le mécanisme par lequel le cerveau identifie l'odeur comme il sait reconnaître une forme.
Libération : http://www.liberation.com/quotidien/semaine/991130marzj.html
Noter cet article :
Vous serez certainement intéressé par ces articles :
Cancer du sein : un nouveau traitement par le froid montre son efficacité sur certaines tumeurs
Un cancer du sein fait suite à un dérèglement de certaines cellules. Celles-ci se multiplient et forment une masse que l’on appelle "tumeur". « Il en existe différents types qui n’évoluent pas de la ...
Un nouvel outil d’imagerie pour révolutionner la détection du cancer du sein
Des chercheurs canadiens ont montré que la mammographie par émission de positrons (PEM) pourrait potentiellement offrir un dépistage du cancer du sein plus fiable à un plus large éventail de ...
Prévenir le suicide à l’aide de l’intelligence artificielle ?
L’analyse de la parole au moyen d’un outil d’intelligence artificielle permettra d’évaluer les risques de suicide, affirme l’ingénieur en science des données Alaa Nfissi, qui prépare actuellement un ...
Recommander cet article :
- Nombre de consultations : 96
- Publié dans : Médecine
- Partager :