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La bave de larves, l’arme du futur contre la pollution plastique ?
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La famille des polyéthylènes représente environ un tiers des 400 millions de tonnes de matières plastiques produites chaque année. L’accumulation de ces déchets non biodégradables inquiète les plus hautes instances comme l’ONU qui tente de coordonner des réponses internationales pour ce problème. Face à ce constat, une équipe de chercheurs du Centre de Recherche Biologique Salas, à Madrid, a découvert que la salive des larves d’un papillon de nuit pourrait être la solution. Ces créatures, souvent utilisées comme appât pour la pêche, attaquent le polyéthylène en quelques heures seulement à température ambiante.
Cette possibilité est venue à l’esprit de Federica Bertocchini, chercheuse et apicultrice amateur, il y a quelques années, alors qu’elle nettoyait ses ruches stockées pour l’hiver. Les rayons de cire avaient été colonisés par ces larves appelées "fausses teignes de la cire" ou Gelleria mellonella. Après avoir lavé ses ruches, la biologiste moléculaire a mis les larves dans un sac en plastique et constaté qu’il avait été troué très peu de temps après. « La question était, est-ce qu’elles [les larves] le mangent ou y a-t-il un processus chimique ? Nous avons vérifié en laboratoire et découvert que le polyéthylène avait été oxydé », explique l’autrice principale de l’étude dans une vidéo accompagnant la sortie de l’étude.
Maintenant on sait que si ce processus chimique est possible, « c’est grâce aux enzymes présentes dans la salive des invertébrés ». Elles sont capables de dépolymériser la matière et la transformer en une plus petite molécule, détaille la biologiste moléculaire. Pour dégrader le plastique, il est nécessaire que les molécules d’oxygène pénètrent le polymère. Cette première étape d’oxydation est généralement le résultat de l’exposition des plastiques à la lumière du soleil ou aux températures élevées. Un processus qui peut prendre des mois, voire des années. Alors que les enzymes de la bave de larves le font en à peine quelques heures !
Galleria mellonella, la seule espèce de son genre, « peut être utilisée dans n’importe quelle maison ou habitation », indique la chercheuse. De nombreux travaux et expérimentations complémentaires sont néanmoins nécessaires pour comprendre parfaitement le processus avant d’envisager une application plus large et plus concrète de cette découverte. Federica Bertocchini imagine déjà différentes pistes d’utilisation contre la pollution du plastique : « Les enzymes pourraient être intégrées à une solution liquide et versées sur du plastique en déchetterie », ou bien être utilisées dans des lieux isolés où la collecte et/ou le recyclage sont difficiles, voire à terme dans des foyers individuels pour dégrader leurs propres déchets. Une recherche qui suscite l’espoir d’une alternative écologique et efficace pour lutter contre la pollution, notamment réduire l’omniprésence des microplastiques dans l’environnement.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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