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Une bactérie qui favorise la progression du cancer du côlon
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Loin de constituer une entité homogène, une tumeur est un amalgame de plusieurs types cellulaires distincts qui, collectivement, créent un environnement favorable à la croissance des cellules cancéreuses.
Par exemple, certaines cellules immunitaires pro inflammatoires sont très souvent retrouvées en grande quantité à l’intérieur des masses tumorales et il est maintenant bien établi que le climat inflammatoire instauré par ces cellules joue un rôle très important dans la progression de plusieurs types de cancers.
Une découverte étonnante réalisée au cours des dernières années suggère que des bactéries colonisent certains types de tumeurs et que cette cohabitation influencerait le développement et la progression de ces cancers. Ceci est particulièrement vrai en ce qui concerne les cancers colorectaux : plusieurs études ont en effet observé que les adénomes (les précurseurs du cancer colorectal) et les cancers du côlon de stade plus avancé contiennent des quantités plus élevées (jusqu’à 80 fois) de la bactérie Fusobacterium nucleatum que dans les tissus normaux.
Il est vraisemblable que cette bactérie participe à l’évolution de ce cancer, car ces niveaux élevés sont corrélés avec l’agressivité des tumeurs et sont associés à un risque plus élevé de récidive et à une moins bonne survie des patients atteints. Puisque Fusobacterium nucleatum est reconnue pour être une bactérie pathogène pro inflammatoire, il est donc probable que l’irritation locale causée par la présence de cette bactérie crée un environnement favorable à la progression des cancers colorectaux.
Des scientifiques de l’Université Harvard ont par ailleurs montré que Fusobacterium nucleatum n’est pas seulement présente en grandes quantités dans les tumeurs primaires de patients atteints d’un cancer colorectal, mais également dans les métastases provenant de ces tumeurs. Cette observation surprenante indique donc que la bactérie « voyage » avec les cellules cancéreuses lors de leur dissémination pour former des métastases, ce qui suggère que le microbiome tumoral constitue une composante indispensable à l’évolution de ces tumeurs.
La participation de Fusobacterium nucleatum au caractère agressif des cancers colorectaux est également suggérée par l’impact positif d’un antibiotique actif contre cette bactérie. Les scientifiques ont en effet observé que l’administration de métronidazole, un antibiotique utilisé pour combattre les infections à bactéries anaérobies, diminue la quantité de Fusobacterium dans les tumeurs et réduit en parallèle la prolifération des cellules cancéreuses et la croissance des tumeurs.
Ces observations sont très importantes, car elles suggèrent pour la première fois que des agents antimicrobiens spécifiques à la bactérie Fusobacterium pourraient être utilisés dans le traitement du cancer colorectal. Ces recherches confirment également à quel point nos habitudes alimentaires influencent fortement la composition du microbiome intestinal et montrent que le simple fait d’augmenter la proportion de bonnes bactéries, tout en diminuant celle des mauvaises (comme Fusobacterium), peut réduire le risque de cancer colorectal.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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