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Une avancée majeure contre l'angiosarcome

Une équipe marseillaise a mis au point un traitement inédit contre l'angiosarcome, un cancer vasculaire très rare et agressif. Combinant chimiothérapie métronomique et repositionnement de médicaments déjà commercialisés, l'approche a obtenu de premiers résultats cliniques surprenants. Des essais multicentriques sont lancés pour mieux évaluer cette nouvelle stratégie.

L'angiosarcome est une tumeur maligne d'origine vasculaire, très rare et au diagnostic très sombre. Exceptée la chirurgie lorsque la tumeur est encore localisée, il n'existe aucun consensus sur le traitement de ce cancer résistant aux chimiothérapies. Une équipe Inserm de l'hôpital de la Timone (Marseille) vient toutefois de concevoir et utiliser avec succès une stratégie thérapeutique associant deux approches nouvelles.

L'une découle d'une découverte fortuite survenue en 2008 à l'hôpital des Enfants de Bordeaux. Traitant des enfants atteints d'hémangiome, une tumeur vasculaire bénigne mieux connue sous le nom de tache de naissance, des chercheurs ont constaté que le propranolol, un antihypertenseur administré pour pallier les effets secondaires du traitement classique (corticoïdes à haute dose), faisait rapidement régresser les tumeurs.

Le repositionnement du propranolol dans le traitement des hémangiomes a complètement révolutionné la prise en charge des patients atteints de ces tumeurs bénignes. "J'ai alors imaginé que le propranolol pourrait être également efficace sur des tumeurs malignes, et mes résultats expérimentaux l'ont confirmé dès 2011", se souvient Eddy Pasquier, Marie Curie Fellow au sein de l'unité Inserm 911.

L'autre principe utilisé, la chimiothérapie métronomique, est apparu en clinique au début des années 2000. "En chimiothérapie classique, les séances sont espacées de deux à trois semaines pour permettre au patient de récupérer des effets toxiques du traitement.

Or la tumeur en profite pour se revasculariser et progresser. La thérapie métronomique consiste donc à administrer des doses plus fréquentes, pour empêcher la progression de la tumeur, mais plus faibles pour limiter la toxicité", explique Eddy Pasquier. Au total, le patient peut recevoir au moins autant de produit qu'en thérapie classique, mais avec une tolérance améliorée.

Contacté par un chercheur du Tata Memorial Hospital (Mumbay, Inde), qui traite des patients atteints d'angiosarcome, Eddy Pasquier a combiné le repositionnement du propranolol et la chimiothérapie métronomique. Une première phase a consisté à déterminer, sur des modèles cellulaires d’angiosarcome, quelle molécule anticancéreuse associer à l'antihypertenseur pour obtenir les meilleurs résultats.

Deux agents classiquement utilisés en clinique dans cette pathologie, la doxorubicine et le paclitaxel, n'ont présenté que des effets additifs (voire légèrement antagonistes) avec le propranolol. En revanche, ce dernier entre très fortement en synergie avec la vinblastine, un agent de chimiothérapie déjà ancien, dérivé de la pervenche de Madagascar. C'est donc une combinaison de propranolol oral et d'injections métronomiques de vinblastine qui a été administrée à sept patients indiens souffrant d'angiosarcomes au stade avancé, voire métastasés.

"Tous les patients ont répondu, avec une régression parfois importante, voire complète, de la tumeur. Nous avons été surpris d'un tel résultat", souligne le chercheur. La survie a atteint 16 mois en moyenne, une durée inespérée avec les thérapies classiques pour des patients à ce stade de la maladie. A ce jour, douze patients ont été traités avec succès à Mumbay.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

Inserm

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