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Une autogreffe de cellules pourrait améliorer la prise en charge du cancer du pancréas

Le bulletin médical est tombé dernièrement : « Le malade va bien, il se repose et devrait sortir d'ici une grosse semaine ». Deux jours plus tôt, accueilli au sein du service de chirurgie oncologique digestive de l'Institut Paoli-Calmettes, ce patient a eu une pancréatectomie totale (ablation du pancréas) pour traiter un cancer de la tête du pancréas. Mais si son cas intéresse, c'est qu'une petite révolution médicale a été réalisée avec l'auto-transplantation de cellules (îlots) pancréatiques dans son foie, 48 heures après la première intervention.

Mais pourquoi parle-t-on de révolution ? « Dans une large majorité des cas, ces adénocarcinomes (tumeurs), se situent dans la tête du pancréas. La proximité des autres organes et de vaisseaux sanguins importants rendent la chirurgie techniquement complexe et à haut risque de complications post-opératoires », commente le Docteur Jonathan Garnier, de l’équipe de chirurgie pancréatique à l’Institut Paoli-Calmettes. « C’est une chirurgie majeure, en deux temps, l’un de résection de la tête du pancréas et l’autre de reconstruction du circuit digestif, qui doit être réalisée en centre expert. Malgré cela, cette chirurgie est souvent associée à des complications qui peuvent perturber, retarder ou interdire toute chimiothérapie post-opératoire. C'est un échec de la stratégie oncologique car le patient ne bénéficie que d'une partie du traitement. L’alternative parfois envisagée est l’ablation totale du pancréas pour éviter le raccordement du tube digestif avec le pancréas restant et diminuer le risque post-opératoire. Cependant, cela a comme autre conséquence l'apparition d’un diabète invalidant avec des hypo ou hyperglycémies sévères difficiles à équilibrer, parfois mortelles. La pancréatectomie totale avec auto-transplantation d’îlots pancréatiques va nous permettre d’éviter les complications pancréatiques sans le risque d’un diabète. Concrètement, cette procédure consiste à transplanter les cellules pancréatiques en charge de la régulation du sucre (îlots de Langerhans) récupérés lors de la chirurgie ».

Cette chirurgie a mobilisé les équipes marseillaises et lilloises. Elle a nécessité la venue d'un membre de l'équipe du CHU de Lille, le Docteur Mikaël Chetboun, qui, une fois l'organe retiré et conditionné, est reparti au CHU de Lille, pour isoler et purifier les îlots de Langerhans. Deux jours plus tard, les îlots sont revenus à Marseille pour être réinjectés chez le patient par perfusion sur un cathéter spécial, dans la veine porte... sans nouvelle anesthésie générale. « Ces îlots viennent se greffer dans le foie, qui joue un rôle de chimère et régule ainsi le taux de sucre dans le sang, comme le pancréas auparavant. Autre avantage, comme il s'agit d'une autogreffe, il n’est pas nécessaire de placer le malade sous immunosuppresseurs pour éviter le rejet. Cela a un triple bénéfice.

A court terme, on diminue le risque de complications graves post-opératoire, à moyen terme, on a un diabète plus facile à équilibrer et à long terme, un bénéfice oncologique puisque la stratégie thérapeutique aura été complète », poursuit le Docteur Garnier. Cette étude multicentrique dirigée par le Professeur François Pattou, chef du service de chirurgie générale et endocrinienne au CHU de Lille et pionnier de l'autotransplantation d'îlots en France, a été lancée en début 2022 pour évaluer le bénéfice de cette piste innovante. L'Institut Paoli-Calmettes de Marseille et sept autres centres français experts en chirurgie pancréatique y participent. Depuis un an et demi, 6 patients ont bénéficié de cette technique dont 2 à l’IPC.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

La Provence

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