Edito : Un ascenseur vers les étoiles
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La technologie de l'espace a montré que des systèmes de câbles, peuvent propulser des objets dans l'espace de deux façons. D'une part, un câble épais, reliant deux satellites, peut permettre à l'un de propulser l'autre sur une orbite différente, un peu à la manière d'une fronde. On peut adapter ce concept au transport de charges utiles vers la Lune ou au-delà. D'autre part, un câble conducteur qui balaierait l'espace et, notamment, le champ magnétique terrestre, serait le siège de forces propulsives s'il était parcouru par un courant, conformément à la loi d'Ampère. L'avantage principal des câbles serait leur faible coût d'exploitation. Au lieu de consommer d'énormes quantités de propergols, ils fonctionneraient en récupérant une partie de la quantité de mouvement d'un corps déjà en orbite ou en utilisant l'énergie électrique fournie par des panneaux solaires. À ce jour, 17 missions spatiales ont utilisé des câbles, avec seulement deux échecs. Pour rester en orbite, des objets plus éloignés du centre de la Terre doivent conserver une vitesse horizontale légèrement inférieure à celle d'objets plus proches. Ainsi, lorsque des objets se trouvant à différentes altitudes sont reliés par un câble, d'importantes forces maintiennent le câble tendu. D'autres principes physiques, notamment la conservation du moment cinétique, peuvent alors s'exercer sur les objets captifs, de sorte qu'un câble peut être utilisé comme un lance-pierres géant pour transférer efficacement de l'énergie entre des charges utiles et modifier ainsi rapidement l'orbite des satellites. Mais il y a beaucoup mieux. On envisage en effet de relier la Terre à un satellite, et peut-être même à une station en orbite géostationnaire, par un câble attaché en un point de l'équateur. Des systèmes élévateurs pourraient alors monter le long du câble pour atteindre n'importe quelle altitude jusqu'à 36 000 kilomètres, en dépensant très peu d'énergie. Le rapport coût-performance de cet ascenseur de l'espace serait inégalable et permettrait une véritable exploitation industrielle des ressources de notre système solaire en abaissant dans des proportions considérables le coût des voyages spatiaux. Aujourd'hui, aucun matériau connu ne résisterait aux tensions qui s'exerceraient sur un tel câble, mais la découverte récente des nanotubes de carbone (fullerènes tubulaires) dans les années 80, et la maîtrise croissante de leur production, ouvrent de nouvelles perspectives extraordinaires pour le siècle prochain. Des câbles réalisés à partir de ces mêmes tubes de carbone seraient non seulement beaucoup plus légers, mais infiniment plus résistants que nos meilleurs câbles en acier. Dès lors la réalisation de ce gigantesque ascenseur de l'espace deviendrait possible. Dans son roman "Les Fontaines du Paradis" Arthur C. Clarke, le célèbre auteur de "2001 Odyssée de l'Espace" a imaginé la construction de ce pont vers les étoiles il y a plus de 20 ans, mais aujourd'hui le développement extraordinaire de la chimie du carbone et des nanotechnologies donne à ce projet prométhéen un souffle nouveau et le rend envisageable pour le XXIeme siècle.
René Trégouët
Sénateur du Rhône
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