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Après avoir ravagé l'Afrique le SIDA menace l'Asie
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En 20 ans, le sida a causé en Afrique des ravages pires que les guerres ou les catastrophes naturelles, il annonce une terrible saignée avec 25 millions de gens infectés, mais semble enfin pousser Etats et dirigeants à s'éveiller et réagir à la pandémie. Les rapports d'ONUSIDA dressent chaque année un tableau plus effarant du sida sur le continent noir: 25,3 millions de porteurs du virus VIH et malades du sida en Afrique sub-saharienne fin 2000, soit 70% des adultes et 80% des enfants atteints dans le monde. L'Afrique a enterré les trois-quarts de 20 millions de morts du sida depuis le début de l'épidémie. 2,4 millions en 2000, après 2,2 millions en 1999, ce qui représentait 11 fois plus de décès que dans tous les conflits du continent cette année-là (200.000 morts), selon l'UNICEF. Dans certains pays comme le Botswana (où un adulte sur trois séropositif), l'espérance de vie, de 60 ans en 1990-95, devrait chuter à 36 ans sur 2000-05. Le pire est sans doute à venir. Avec 12 millions d'orphelins du sida, avec la naissance de 70.000 bébés séropositifs par an dans un pays comme l'Afrique du Sud (pays le plus touché au monde), le continent est promis à une mortalité dramatique pour des années et a un impact socio-économique cauchemardesque. Car au-delà des chiffres, l'impact social du sida en Afrique se lit sur le terrain, dans ces foyers où le "chef de famille" survivant est parfois âgé de 10 ans, à travers ces enfants sans attaches ni espérance de vie, livrés aujourd'hui à eux-mêmes, demain à la rue ou au crime. L'impact se devine dans les secteurs clefs, comme l'agriculture, qui perdra 16 millions de travailleurs d'ici 2020 à cause du sida, selon des projections l'Organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sur les 24 pays les plus touchés. L'Afrique n'a pas réagi assez tôt face au sida, diagnostiquait en décembre le directeur exécutif de la Commission économique de l'ONU pour l'Afrique (CEA), le Ghanéen K.Y. Amoako, à un sommet sur le sida en Ethiopie. "Un environnement fait d'ignorance et de pauvreté rend difficile de s'attaquer au problème et il y a eu peu d'engagement pour une action dès les premiers stades... Mais le vent tourne peut-être. Des percées (relatives) sont enregistrées. En 2000, le nombre de nouvelles infections dans le monde à légèrement baissé, en Afrique du Sud par exemple il était de 500.000 supplémentaires (contre 600. 000 en 1999). L'Afrique compte aussi ses "success stories" comme l'Ouganda et le Sénégal, qui ont réussi à faire baisser fortement leur taux de prévalence, consacrant des recettes "classiques" mais incontournables: mobilisation, information, transparence, prévention, protection. Et antirétroviraux. L'Afrique a aussi marqué des points dans sa lutte pour l'accès au traitements: plusieurs grandes firmes pharmaceutiques offrent des médicaments gratuits ou à prix cassés. D'autres ont renoncé à combattre en justice l'importation de copies de médicaments génériques. Reste que, selon une étude de l'ONU, c'est de 2 à 10 milliards de dollars d'aide extérieure par an dont l'Afrique aurait besoin pour tenter de contenir la propagation du fléau. Vingt ans après la découverte du virus du sida, l'impact de cette épidémie pourrait être dévastateur en Asie. Bien que l'Afrique soit le continent comptant le plus grand nombre de personnes affectées par le virus HIV, qui provoque le sida, l'Asie du Sud et du Sud-Est sont les régions du monde où le virus se propage le plus vite. Selon le site internet du Southeast Asia AIDS, il y a plus de six millions de personnes porteuses du virus HIV en Asie, continent abritant 60% de la population mondiale. L'IAS (International AIDS Society) a estimé récemment que le continent asiatique faisait face "potentiellement à une propagation dévastatrice de l'épidémie". Plus de 800.000 nouveaux cas ont été répertoriés en 2000, la plupart en Inde. Le site internet du Southeast Asia Aids estime que 4% de la population adulte cambodgienne est infectée par le virus. En Thaïlande, c'est de l'ordre de 2% tandis que les Nations-Unies estiment qu'un seul cas d'infection par le HIV est rendu public sur au moins vingt cas en réalité. En Chine, qui pourrait compter plus de dix millions de porteurs du virus d'ici à 2010 si la maladie n'est pas prise en compte, près de 20% des personnes interrogées lors d'une enquête l'an dernier ont déclaré n'avoir jamais entendu parler du sida. Selon les statistiques officielles du gouvernement chinois, 22.517 personnes étaient séropositives à la fin de l'an dernier, soit une hausse de 30% par rapport à 1999, mais d'autres chiffres officiels font état de 500.000 séropositifs. Le sida s'impose peu à peu en Chine comme une véritable menace pour la population urbaine, en raison notamment de la propagation de la drogue. Cependant, la majorité des personnes infectées vivent encore dans les campagnes. Dans de nombreux cas, les séropositifs chinois le sont devenu en vendant leur sang à des banques illégales où aucune protection sanitaire n'existe réellement. Un village dans la province centrale du Henan, Wenlou, a été particulièrement touché après que ses habitants eurent commencé à vendre leur sang à partir du milieu des années 80. Aujourd'hui, 65% de la population de ce village est séropositive. Alors que le Cambodge fait face à un problème grandissant, les responsables sur place estiment que le nombre d'adultes séropositifs est en diminution. Selon un rapport officiel établi l'an dernier, 169.000 adultes vivent avec le virus HIV, soit une baisse significative par rapport aux 184.000 répertoriés en 1999, et 210.000 en 1997, ce déclin s'expliquant par le nombre de morts. En Thaïlande, les estimations font état d'un million de porteurs du virus, qui a déjà coûté la vie à quelque 300.000 personnes. Cependant, la réaction rapide et efficace du gouvernement thaïlandais a été considérée comme un modèle pour les autres gouvernements asiatiques. Le cas du Vietnam est préoccupant bien que les chiffres soient plus rassurants que chez ses voisins. Officiellement, on se réjouit à Hanoï du faible nombre de séropositifs, 28.661 personnes, enregistrés l'an dernier. Les chiffres officiels à Singapour font état de 1.325 séropositifs ou malades du sida à la fin de l'an dernier, soit un peu moins qu'en Corée du Sud où, officiellement, 1.350 personnes étaient porteuses du virus du sida à la fin mars. A Taïwan, 1.036 des 3.044 séropositifs répertoriés ont développé la maladie du sida, selon des chiffres officiels. Jusqu'à présent, l'Indonésie était considérée comme préservée du sida. Mais de nouvelles statistiques, notamment parmi les populations les plus à risque, ont révélé un taux de propagation alarmant. Dans certaines parties du pays, dont la capitale Jakarta, une prostituée sur cinq s'est révélée séropositive à la suite de tests.
AFP : http://fr.news.yahoo.com/010603/1/1blfx.html
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- Publié dans : Médecine
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