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Les antidépresseurs inutiles pour la majorité des patients
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Les antidépresseurs sont probablement inutiles chez la grande majorité des patients à qui ils sont prescrits, mais leur efficacité ne fait en revanche aucun doute dans les formes très sévères de dépression.
C'est en substance la conclusion de chercheurs américains dans un article publié dans le JAMA (Journal of the American Medical Association). Jay Fournier (université de Pennsylvanie) et ses collègues ont repris six essais thérapeutiques comparant les effets d'un antidépresseur à ceux d'un placebo.
Au total, leur analyse a inclus plus de 700 malades, atteints d'une forme plus ou moins grave de dépression. Selon les études, ils étaient traités soit par imipramine, un antidépresseur classique dit tricyclique ; soit par la paroxétine, une molécule «moderne» de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (à laquelle appartient aussi le prozac). Au final, quel que soit le médicament, le constat est le même. Pour les patients avec une dépression très sévère, l'efficacité des antidépresseurs est bien supérieure à celle du placebo (produit dénué de substances actives).
En revanche, les bénéfices de ces molécules apparaissent minimes, voire inexistants, chez les personnes avec une dépression d'intensité légère ou modérée. Jay Fournier se dit même surpris par le niveau élevé de sévérité des symptômes nécessaire pour constater une supériorité des antidépresseurs par rapport au placebo. «Les prescripteurs, les décideurs et les consommateurs ne sont peut-être pas conscients du fait que l'efficacité de ces médicaments a été en grande partie établie sur la base d'études incluant exclusivement des patients avec des formes sévères de dépression, écrivent les chercheurs.
Ce fait important n'apparaît pas dans les messages de promotion de ces médicaments auprès des médecins et du public.» cette méta-analyse va dans le même sens que d'autres travaux récents et, selon eux, le message essentiel à retenir est d'abord que les antidépresseurs doivent être réservés à certains malades.
En France, selon Jean-Pierre Olié, 5 à 6 % de la population consomme des antidépresseurs, ce qui correspond à la fréquence de la dépression dans la population générale. Il n'y aurait donc pas de réelle surprescription. Des études montrent toutefois que les prescriptions sont loin d'être optimales : plus d'un tiers des dépressifs ne sont pas traités.
Et beaucoup de traitements sont sans doute inutiles, si l'on considère leur très courte durée. Chez un patient sur deux, le traitement dure moins d'un mois, selon le Pr Hélène Verdoux (Bordeaux). Une durée tellement courte, qu'elle est incompatible avec un effet thérapeutique.
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