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Alzheimer : chronique d'une épidémie annoncée
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La maladie d'Alzheimer va-t-elle déclencher la plus grande épidémie du XXIe siècle ? Les chiffres actuels sont déjà inquiétants. Aux Etats-Unis, plus de 4 millions de personnes sont frappées de cette grave dégénérescence du cerveau. En France, leur nombre est estimé à 420 000. «La progression est de 100 000 nouveaux malades par an», précise le Pr Jean-François Dartigues, épidémiologiste à l'Inserm (Bordeaux). Le mouvement s'amplifie avec le vieillissement de la population. Non seulement dans les Etats anciennement industrialisés, mais aussi dans les pays en voie de développement où l'espérance de vie s'accroît. Alzheimer est une maladie à part entière et non un phénomène de vieillissement accéléré. Elle ne touche d'ailleurs pas seulement les personnes âgées: 10% des patients ont moins de 65 ans. Un cas de 28 ans vient même d'être diagnostiqué ! La dégradation est longue et progressive. «Pendant une ou deux décennies, les lésions s'installent dans le cerveau sans manifestations extérieures, précise le Pr Bruno Dubois, neurologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Puis les premiers symptômes apparaissent sous la forme de troubles de la mémoire. Cette phase peut durer entre deux et cinq ans. La perte d'autonomie, caractéristique de ce qu'on appelle la démence, n'intervient qu'après. A cet enchaînement de symptômes correspond une dégradation parallèle du cerveau. Les progrès réalisés dans l'exploration du corps humain, notamment grâce à l'IRM (imagerie par résonance magnétique), permettent d'en retracer l'histoire fidèle. Les lésions commencent par affecter l'hippocampe, rouage cérébral essentiel à la mise en mémoire d'un fait. Par la suite, elles se diffusent dans les régions néocorticales, dites «associatives», où sont interprétées les informations reçues du système sensoriel (vue, ouïe...). Au dernier stade, le cortex moteur, qui commande la marche, la parole, la faculté de déglutir, est atteint. Ainsi disparaissent des millions de neurones et les synapses qui assurent leur communication. A l'origine de ces destructions, deux mécanismes biochimiques. D'une part, le dépôt sous forme de plaques d'un peptide appelé «bêta-amyloïde». D'autre part, la modification d'une protéine, du nom de tau, qui provoque une dégénérescence neurofibrillaire. Ces deux substances existent dans le corps à l'état naturel. Mais, dans l'Alzheimer, elles se transforment en déchets inassimilables. Pourquoi? Les deux processus sont-ils liés ou indépendants ? Des chercheurs canadiens viennent de mettre en évidence le rôle clef d'une autre protéine, la nicastrine. Combinée à certaines enzymes, les sécrétases, elle accélère la production de la très redoutée bêta-amyloïde. Cette découverte marque un nouveau progrès. Mais la cause originelle de la maladie reste inconnue. Le patrimoine génétique peut prédisposer à cette affection: 65% des porteurs d'un gène normal, présent dans le chromosome 19, sont sujets à des dégénérescences cérébrales. Mais les formes héréditaires de l'Alzheimer sont extrêmement rares et d'autres facteurs doivent intervenir pour déclencher la mort neuronale. Certaines études mettent en avant l'alimentation. La nourriture trop riche en graisses multiplierait par sept les risques de maladie. A l'inverse, l'absorption de substances antioxydantes - comme les flavonoïdes contenus dans les fruits et les légumes, mais aussi dans le vin et le thé - serait un élément protecteur. L'enquête Paquid, menée pendant dix ans par Jean-François Dartigues et Pascale Barberger-Gateau, le souligne. Faute d'une connaissance complète du processus de dégradation cérébrale, l'Alzheimer reste aujourd'hui incurable. «Les médicaments actuels agissent uniquement sur les symptômes et ne font que retarder l'évolution de la maladie», précise le Dr Patrice Brocker, gériatre au CHU de Nice. Mais, d'ici à cinq ou dix ans, les espoirs de guérison sont réels. Etant donné le marché potentiel, la mobilisation est générale, de la multinationale pharmaceutique à la petite start-up. Des dizaines d'équipes cherchent de nouvelles molécules. Dans plusieurs directions. Les unes visent à inhiber la production de sécrétase. D'autres veulent combattre la toxicité de la bêta-amyloïde. D'autres encore s'attaquent à la formation même des plaques séniles. C'est le choix du Dr Dale Schenk, de la société californienne Elan Pharmaceuticals: il a mis au point un «vaccin» capable de «nettoyer» le cerveau. Son action a été prouvée chez la souris. Chez l'homme, il faudra encore attendre un an pour que les premiers tests d'efficacité soient menés.
Express :
http://www.lexpress.fr/Express/Info/Sciences/Dossier/alzheimer/dossier.asp?nom=oublions
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- Publié dans : Médecine
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