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Alzheimer : des avancées théoriques et thérapeutiques majeures

Les chercheurs connaissent depuis longtemps le rôle que peut jouer le cholestérol dans le sang. Il est un élément fondamental des neurones et il joue un rôle essentiel dans les connexions intercellulaires nécessaires aux fonctions cérébrales.

Des chercheurs canadiens ont démontré qu'une molécule (alipoprotéine E), qui transporte le cholestérol vers le cerveau, ne fonctionnait pas correctement chez certaines personnes qui souffrent d'Alzheimer. Toutefois, lorsque les chercheurs augmentent l'activité de cette molécule, ils ralentissent la progression de la maladie. Ils ont par ailleurs identifié une molécule qui arrête la progression de la maladie d'Alzheimer en agissant sur le cholestérol. Les essais préliminaires de la molécule probucol sur 12 patients ont permis de démontrer que la molécule avait un impact sur la maladie. «On a découvert que cette vieille molécule, qui servait pour les maladies du coeur, avait arrêté la progression de la maladie», dit le Dr Judes Poirier. Cette découverte fait suite à l'observation d'un nombre plus élevé de cas d'Alzheimer chez les personnes souffrant d'hypertension, de diabète et ayant un taux de cholestérol élevé. Chez ces derniers, le transport de cholestérol entre les neurones est ralenti. «Le cholestérol compose une bonne partie du cerveau, c'est comme un isolant électrique. », souligne le Dr Judes Poirier.

Chez les patients au cholestérol élevé, l'activité est ralentie «, explique-t-il. En fait, 25% de tout le cholestérol de l'organisme se trouve dans le cerveau. C'est à ce moment qu'entre en jeu la molécule probucol, qui active le transport de cholestérol au cerveau. Excités par les résultats, les chercheurs ont mis sur pied une petite entreprise de biotechnologie pour rendre la molécule encore plus performante. Ultimement, ils croient qu'elle pourrait même régénérer certains rebranchements neuronaux et retarder la maladie de cinq à dix ans. «En réduisant l'apparition de dix ans, on éviterait 94 % des cas d'Alzheimer. Les gens mourraient de vieillesse avant de développer la maladie», conclut le Dr Poirier.

Alors que les chercheurs canadiens mettaient en lumière ce rôle majeur du cholestérol dans le développement de la maladie d'Alzheimer, des chercheurs suisses, dirigés parKarl-Heinz Krause de la Faculté de médecine de l'Université de Genève, faisaient une autre découverte fondamentale en identifiant clairement un mécanisme cellulaire impliqué dans la maladie d'Alzheimer. Ce que les chercheurs sont parvenus à démontrer, c'est que le type de globule blanc le plus important du système nerveux central, la microglie, qui a pour rôle de tuer les bactéries en cas d'infection, se tourne, en situation non inflammatoire, contre les neurones présentant les signes caractéristiques de la maladie d'Alzheimer.

Ces recherches menées sous la direction du prof. Krause au sein du Département de réhabilitation et gériatrie expliquent pourquoi, en présence de la microglie, les neurones d'un patient atteint de la maladie meurent, alors que les neurones d'une personne saine restent vivants. Et si les globules blancs «exécutent» les neurones, c'est parce que, dans leur membrane, une enzyme appelée NOX2 (NADPH oxydase de phagocyte) produit des radicaux libres auxquels les neurones sont sensibles, tout comme le sont les bactéries dans une réaction inflammatoire. En résumé, on observe une destruction des neurones du sujet malade parce que la microglie, activée par les plaques amyloïdes, produit massivement des radicaux libres.

Ce mécanisme maintenant élucidé in vitro, les chercheurs de l'UNIGE souhaitent, sans perdre de temps, trouver le moyen de diminuer in vivo l'activité de cette enzyme productrice de radicaux libres. Comme l'expérience a été réalisée au départ de neurones humains (et non de souris), et que le mécanisme de destruction des neurones présentant des plaques caractéristiques de la maladie apparaît aussi clair, l'espoir d'un développement thérapeutique à plus ou moins court terme se structure. «Peut-être un prototype de médicament sera-t-il prêt dans un an, voire deux», laisse entendre le prof. Krause. Ces remarquables résultats obtenus, tant par les chercheurs canadiens que suisses, montrent à quel point une intégration de la recherche fondamentale et clinique peut donner lieu rapidement à des pistes thérapeutiques.

Article @RTFlash

Canoe

SD

UNIGE

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