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Alliance stratégique Google-AOL pour contrer Microsoft

Google va prendre 5 % du capital d'AOL pour 1 milliard de dollars, une transaction jugée surtout à l'avantage du second mais qui permet au premier de distancer un peu plus Microsoft dans la recherche en ligne. L'accord entre Google et la division Internet de Time Warner étend un partenariat datant de 2002 dans la publicité en ligne. Il prévoit que Google "investisse 1 milliard de dollars pour une part de 5 % dans AOL", selon un communiqué conjoint.

Cela valorise AOL à environ 20 milliards de dollars soit près de 25 % de ce que vaut actuellement Time Warner en Bourse, alors que la part de la division Internet dans les bénéfices est bien moindre. Le PDG de Time Warner, Richard Parsons, visé actuellement par une fronde d'actionnaires lui réclamant de mieux valoriser AOL, s'est félicité de cet accord. La relation avec Google se prolonge, a-t-il dit, "d'une manière qui renforce sensiblement la position d'AOL sur le marché en croissance rapide de la publicité en ligne et contribue à diriger davantage d'annonceurs vers ses sites web".

AOL, qui avait bâti son développement sur les services payants à la fin des années 90, est actuellement en pleine métamorphose. Pour générer plus de trafic et donc davantage de revenus publicitaires --qui sont le nerf de la guerre-- le portail AOL.com étaye son offre de contenus gratuits (actualités, divertissement, etc..).

Concrètement, l'accord prévoit que ces contenus soient plus facilement accessibles aux usagers de Google et même promus à travers le réseau de sites partenaires de ce dernier. L'index Google Video référencera ce que produit AOL. En outre, les deux partenaires vont rendre compatibles Google Talk et l'IM d'AOL (ou AIM), messagerie instantanée la plus utilisée aux Etats-Unis, pour que les usagers des deux services puissent communiquer entre eux "sous certaines conditions", selon le communiqué.

Microsoft et Yahoo! avaient conclu en octobre un accord présenté comme le premier pour l'interopérabilité de deux messageries, respectivement MSN Messenger et Yahoo Messenger. Alors qu'AOL profite de la popularité de Google --voie d'accès la plus utilisée dans le monde pour lancer une recherche--, le célèbre moteur peut, grâce à son partenaire, proposer à son réseau d'annonceurs un plus grand nombre de documents web (texte, audio, vidéo) potentiellement soumis à une recherche.

L'accord permet de "connecter les utilisateurs de Google à travers le monde à une profusion de nouveaux contenus", a commenté Eric Schmidt, PDG de Google. Via AOL Marketplace, AOL fera la promotion auprès de son réseau d'annonceurs de la technologie de recherche sponsorisée de Google, qui a fait ses preuves au point de permettre dernièrement au moteur de recherche de voir ses bénéfices progresser encore plus vite que son chiffre d'affaires. L'action Google introduite en Bourse en août 2004 à 85 dollars vaut quelque 430 dollars aujourd'hui.

Ce nouveau partenariat éclipse Microsoft, qui convoitait aussi depuis plusieurs mois une participation dans AOL. Avec son outil de recherche MSN Search, le géant des logiciels est distancé aux Etats-Unis. D'après les mesures d'audience de Nielsen/NetRatings, Google et AOL ont ensemble quelque 55 % du marché de la recherche en ligne (48+7) là où MSN réunit 11 % environ. Jessica Reif Cohen, analyste de la banque d'affaires Merrill Lynch, s'était dite surprise par la perspective d'un accord AOL-Google aux termes duquel Google s'engageait à diriger ses usagers vers un site (en l'occurrence AOL.com), ce qu'il ne fait pas d'ordinaire. "Il semble que l'importance stratégique de la relation (avec AOL) et le désir de coincer Microsoft aient conduit Google à faire des concessions significatives à AOL", avait-elle estimé.

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