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Un algorithme unique au monde pour adapter la production d'hydrogène vert aux territoires
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Mathieu Guesné est le fondateur et directeur de Lhyfe, une start-up nantaise qui veut développer une filière verte de production d’hydrogène. Fondée en 2017, Lhyfe emploie une quinzaine de personnes et a réalisé une des plus grosses levées de fonds en Europe en 2019, à hauteur de 8 millions d’euros, grâce à des investisseurs publics et privés.
Ancien ingénieur du CEA, dont il dirigeait le centre de recherche nantais, Mathieu Guesné s’est passionné très tôt pour l’hydrogène. « En France, nous avons une connaissance importante dans ce domaine, en témoigne le nombre de brevets qui ont été déposés, rien que par le CEA qui a été le premier à développer une pile à combustible.
La technologie est disponible et les usages aussi, il y a des voitures, il y a des trains, des camions et même des bateaux qui l’utilisent. Le souci, c’est que l’hydrogène n’est pas disponible en quantité, que donc son prix n’est pas compétitif et que sa production est actuellement loin d’être vertueuse, voire même très polluante ». Sous sa forme pure, l’hydrogène un gaz invisible, inodore et non toxique, plus léger que l’air, mais il ne se trouve pas naturellement dans cet état. Il faut donc le produire.
Aujourd’hui, 95 % de l’hydrogène sont fabriqués à partir d’hydrocarbures (pétrole, gaz naturel et charbon). On l’appelle l’hydrogène gris. C’est la solution la moins coûteuse mais ce processus est très émissif en CO2 puisqu’un kilo d’hydrogène produit génère jusqu’à 10 kilos de CO2. A contrario, l’hydrogène vert est produit à partir d’énergies renouvelables : on utilise l’électricité issue de l’éolien, du solaire ou de l’hydraulique, pour faire passer le courant dans l’eau, qui va décomposer la molécule d’eau en oxygène (O2) d’un côté, et en hydrogène (H2) de l’autre. C’est l’électrolyse de l’eau.
C’est ce que veut faire Lhyfe : produire, en France, de l’hydrogène grâce à des énergies renouvelables. « De manière à n’émettre à aucun moment du CO2 et le tout à un coût compétitif ». Pour cela Mathieu Guesné a imaginé un système modulaire qui puisse s’adapter à chaque territoire et à ses ressources : photovoltaïque, éolien, biomasse, géothermie, hydraulique, biogaz.
« Sur chaque territoire, Lhyfe travaille avec les collectivités pour identifier les meilleures sources d’énergie disponibles localement et co-pilote, avec les territoires, le projet de développement du site de production, de l’idée à la mise en service ». Mais comment Lhyfe compte-t-il s’affranchir de l’intermittence, propre à de nombreuses énergies renouvelables ?
« C’est l’innovation majeure de notre procédé. Notre équipe a développé un système qui assemble les briques technologiques les plus adaptées à chaque site, tenant compte de l’ensemble des contraintes (du type d’énergie et de la puissance disponible à la capacité de production nécessaire) et surtout a développé un algorithme unique au monde qui est la clé pour gérer et optimiser le processus de bout en bout ».
Ce système innovant, qui gère l’intermittence, permettra, selon le patron de Lhyfe, de rendre cet hydrogène vert compétitif et atteindre un prix de vente de 1,5 euro par litre. Ce qui est comparable à l’essence actuelle.
Et quoi de mieux pour illustrer la viabilité de ce nouveau procédé industriel que d’en faire une démonstration sur le terrain ? C’est précisément ce que Lhyfe va faire avec l’installation de sa toute première unité de production à côté du parc éolien de Bouin, en Vendée. Premier site de production d’hydrogène vert de France, sa construction va débuter dans les jours qui viennent et devrait produire, dès début 2021, plusieurs centaines de kilos d’hydrogène par jour, ce qui « représente 1/100ème des capacités de nos futures unités industrielles ».
L’unité de Bouin va coûter 3 millions d’euros et elle est cofinancée, ainsi que le centre R&D attenant, par différents acteurs publics et privés : la Communauté de Communes de Challans-Gois, la Région des Pays de la Loire, Bpifrance et sera co-construite avec les acteurs du département de la Vendée.
Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash
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